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05 / 10 / 2010 | 3 vues
Franck Mikula / Membre
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Ouverture par Air France d'un Paris-Tripoli : il n’en est pas question

Air France a révélé le 30 septembre qu’elle allait desservir Tripoli dès l’été prochain.
« Un peuple qui oublie son passé est un peuple qui est
condamné à le revivre », Elie Wiesel


Le 19 septembre 1989, le vol UT772 qui reliait Brazzaville à CDG, via N’Djaména explosait en plein vol au-dessus du Ténéré en tuant 156 passagers et 14 membres d’équipage.

Le 10 mars 1999, six ressortissants libyens ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité par contumace : le beau-frère du Colonel Kadhafi, responsable des services secrets libyens, quatre officiers des services secrets libyens et un fonctionnaire du Ministère des Affaires étrangères en poste à Brazzaville.

Le Colonel Kadhafi, commanditaire de ces meurtres n’a jamais véritablement été inquiété. Même si la Libye a fini par reconnaître son implication dans cet attentat, comme dans celui de Lockerbie (21 décembre 1988, un 747 de la PanAm), le statut de chef d’État de Kadhafi lui fait bénéficier d’une immunité.

La Libye a payé des indemnités aux victimes, mais le véritable coupable est en liberté, il est même venu parader à Paris en décembre 2007 !

  • Après l’attentat, deux des officiers condamnés se sont vu octroyer une promotion exceptionnelle au grade de lieutenant-colonel par Kadhafi en récompense pour le crime commis.

Un crime imprescriptible

L’assassinat de 170 personnes en faisant exploser une bombe dans un avion est un acte inhumain, particulièrement odieux qui, de notre point de vue, est un crime contre l’humanité. À ce titre, c’est un crime imprescriptible. Le véritable coupable, celui qui a commandité le meurtre de 170 innocents n’a toujours pas été jugé. Il n’est pas question une seule seconde que nous acceptions de retourner dans le pays qui a toujours pour dirigeant le responsable non jugé de l’attentat de l’UT772.

Ouverture d'une ligne Paris-Tripoli

Air France annonce dans les journaux la prochaine ouverture d’une ligne Paris-Tripoli, effectuée en A320 avec plusieurs vols par semaine.

On ne nous a pas demandé notre avis, mais nous le donnons quand même : pour nous, il n’en est pas question.

Le simple fait d’envisager la réouverture de cette ligne est une souffrance qui ravive des plaies jamais cicatrisées, mais ce n’est pas pour cela qu’il faut refuser d’y aller. C’est au nom d’une certaine idée de la justice, de l’humanité.

Real politique

L’argent n’a-t-il vraiment pas d’odeur ?
Où commence la compromission avec un criminel, dictateur de surcroît ?
Le réalisme doit-il être un renoncement à la justice ?
L’humanité a-t-elle pour limite le marché ?
Le pétrole de Kadhafi peut-il lui permettre de s’acheter une nouvelle virginité ?

Comprenons-nous bien, le problème n’est pas la Libye, ni les Libyens. Le problème c’est le dictateur Kadhafi qui a commandité le meurtre de 170 personnes et qui n’a jamais été jugé, puisque les tribunaux ont estimé qu’un chef d’État bénéficie d’une immunité telle qu’il puisse commanditer un attentat sans risquer d’être poursuivi.

Pas une question de sûreté 

On peut imaginer qu’Air France saurait mettre en place des mesures de sûreté renforcées. Si ce n’était pas le cas, le CHSCT saurait y apporter les modifications nécessaires. Ce n’est donc pas le niveau de sûreté qui nous anime.

Ce que nous ne pouvons admettre, c’est l’impunité. Kadhafi a versé des millions de dollars aux familles des victimes, mais le véritable coupable est en liberté et nous refusons de cautionner cette injustice.

La croissance de la recette unitaire sur le réseau africain n’est pas défendable à n’importe quel prix. Il faut avoir le courage de résister à la tentation de l’argent. La morale doit l’emporter, faute de quoi le réalisme commercial devient cupidité.

  • Nous resterons intransigeants. Les navigants forment une grande famille qui n’oublie jamais les siens.

Pour dîner avec le diable, il faut se munir d’une longue cuillère. Nous n’avons pas de cuillère avec un manche assez long.

Au lieu de vous rendre à Tripoli, rendez visite au mémorial de la lutte contre l’oubli, érigé par SOS Attentats dans le jardin de l’Intendant de l’Hôtel national des Invalides.

Le Guide de la grande révolution de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste n’en était pas à son coup d’essai avec l’UT772 de 1989 : bombe dans un DC8 d’UTA à N’Djamena en 1984, attentat dans une discothèque berlinoise en 1986, attentat de Lockerbie en Écosse contre un avion de la PanAm en 1988 (270 morts).

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