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Dépeçage de l’AP-HP : plan stratégique de fermetures d’hôpitaux
L’Hôtel Dieu en dispensaire ? Fermeture de Beaujon, Paul Brousse, Fernand Widal ? Trousseau dépecé pour ne laisser que deux CHU de pédiatrie à Paris ?
Dans le cadre de la préparation du plan stratégique 2010-2014, le conseil exécutif de l’AP-HP (composé à parité de directeurs et de médecins) vient de décider la fermetures de plusieurs hôpitaux dans les années à venir :
- fusion des hôpitaux Bichat et Beaujon, en « un seul hôpital moderne au nord du Grand Paris », selon Benoît Leclercq le DG de l’AP-HP ;
- « toutes les activités lourdes qui sont à l’Hôtel-Dieu seront concentrées à Cochin ». Avec humour, le grand fossoyeur le l’AP-HP précise que les urgences y resteront, avec un plateau technique ambulatoire. Sans blocs ni chirurgie ? De qui se moque-t-on ?
- Paul-Brousse va être dépecé en faveur de Bicêtre, en attendant sa fermeture ;
- les activités de Fernand-Widal passeront à Lariboisière ;
- les services de pédiatrie spécialisée de Trousseau (70 % de son activité) vont partir dans les deux autres grands pôles pédiatriques que sont Robert Debré et Necker. Ne resteraient à Trousseau que la maternité et la pédiatrie générale. Les parents qui attendent déjà des heures aux urgences et doivent patienter des semaines pour des consultations dans les trois CHU pédiatriques restant vont être ravis d’apprendre que demain il n’y en aura plus que deux pour une « meilleure efficience » !
Quel est l’objectif affiché de ces « restructurations » : « permette à tous les patients d’accéder à la fois à des soins de proximité et à des soins de pointe de qualité », explique le directeur général. Cyniquement vôtre !
Est-ce la réponse de l’AP-HP à la publication du rapport du Médiateur de la République sur la maltraitance ordinaire à l’hôpital du fait du manque de moyens et des suppressions de postes de soignants ?
Les hôpitaux de Paris se préparent à une véritable saignée en 2010 : après une diminution de 700 postes en 2009, l’AP-HP devrait supprimer 1 000 emplois de soignants (infirmières, aides-soignantes, secrétaires médicales) et 150 postes de médecins.
- Supprimer des postes, fermer des services et des hôpitaux, va encore réduire l’offre de soins alors que nous fonctionnons déjà à flux tendus. En agissant ainsi, l’administration va créer les conditions pour conduire à des erreurs médicales : étant en première ligne, les infirmières sont mises en situation de commettre des erreurs
Chaque jour, à chaque geste, chaque infirmière vit avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Nous sommes des êtres humains, et l’erreur est humaine. Nous exerçons une profession à hauts risques, et nous portons la plus grande responsabilité qui soit : celle de la vie d’autrui.
Les conditions de travail à l’hôpital se sont considérablement dégradées car les établissements doivent faire des économies, alors on rogne sur tout et de nombreux postes sont supprimés : les premières années chez les administratifs et les techniques, maintenant chez les soignants. La dégradation des conditions de travail est telle que l’effectif normal est pratiquement semblable à l’effectif minimum du week-end, les repos dus s’accumulent et lors des vacances scolaires nous atteignons le point de rupture.
Selon l’Observatoire des risques médicaux (ORM), en 2006, sur 735 dossiers, les actes de soins ont été la première cause d’accident (80 %) après les actes de diagnostic (11 %).
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AP-HP: AMPUTATION COMPTABLE
FO AP-HP a immédiatement dénoncé «un plan social sans précédent» et estimé que le regroupement en groupes hospitaliers était «synonymes de diminution de l'offre de soins». Pour FO, ces projets s’inscrivent «dans les mesures gouvernementales procédant à des suppressions de postes et de lits dans la fonction publique hospitalière (FPH) pour réduire les dépenses de santé» alors même que «les établissements (37 hôpitaux et 676 services cliniques) ne disposent déjà pas des emplois suffisants» et que «les personnels subissent déjà durement la dégradation des conditions de travail; les patients, les malades sont déjà victimes des manques criant de moyens».