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28 / 09 / 2009 | 13 vues
Rémi Aufrere-Privel / Membre
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Allemagne : pourquoi le DGB n'a pas donné de consignes de vote en faveur du SPD

La grande confédération syndicale allemande DGB (6,4 millions d'adhérents), qui regroupe les principales centrales syndicales (comme IG Métal, VER.DI, Transnet...) n'a pas donné de consigne officielle de vote à ses adhérents.

Le premier signe de cette décision fut donné lors du meeting d'I.G. Métal (2,3 millions d'adhérents) à Francfort au début du mois. 45 000 personnes ont participé à ce grand rassemblement de mobilisation pour les élections fédérales du 27 septembre.

  • Depuis la création de la centrale syndicale au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, le DGB est un partenaire traditionnel du parti social démocrate (SPD).

L'éloignement entre le DGB et le SPD présidé par  Frank-Walter Steinmeier a des raisons fort logiques. Rappelons que ce dernier était Ministre des Affaires étrangères d'Angela Merkel dans la grande coalition CDU-SPD qui était aux affaires en Allemagne et que le Président du SPD n'est autre que Franz Muntefering, Ministre du Travail dans le gouvernement rouge-vert de Gerhard Schröder, et artisan de l'âge de la retraite repoussée à 67 ans et de la flexibilisation du marché du travail.

Sans oublier la plan Harz IV qui a remodelé le système d'assurance chomâge (en baissant les indemnisations pour les demandeurs d'emploi). Nul doute que la participation du SPD à la grande coalition menée par Angela Merkel a rapporté à la seule CDU.

Éviter de se mettre en porte-à-faux

Pour éviter de se mettre en porte-à-faux, les dirigeants syndicaux n'ont pas hésité pas à dénoncer une éventuelle coalition entre CDU et FDP (libéraux), en soulignant les propositions particulièrement rétrogrades de ce dernier parti selon eux.

Depuis fin août, le SPD a renoué avec quelques propositions sociales susceptibles de limiter un échec presque annoncé, comme celle d'un salaire minimum interprofessionnel à 7,5 euros horaire, des allégements fiscaux pour les revenus les plus bas et plus d'impôts pour les plus riches, ainsi que la création d'une taxe internationale sur les transactions financières.

Ces propositions n'ont pas retourné le vent d'une défaite annoncée. Le parti Die Linke, dirigé par le charismatique ancien Ministre des Finances Oskar Lafonfaine (et ancien dirigeant du SPD) taille de sérieuses croupières au SPD dans les rangs des syndicalistes. Mais ces derniers ont toutefois bien compris les enjeux.

Même avec une majorité absolue pour les trois partis SPD-Die Linke et verts, une coalition sera quasiment impossible avec les dirigeants politiques nationaux actuels qui le refusent.

L'analyse est assez simple: un SPD qui s'est déporté au centre-droite durant la fin des années Schröder et qui s'est éloigné progressivement du monde du travail, un parti de gauche radicale proche des revendications sociales de terrain mais qui se trouve, par ses excès oratoires et populistes, proche de l'extrême gauche n'apparaît pas comme un partenaire fiable pour une coalition nationale en effrayant les électeurs de gauche modérés, voilà le dilemme de la gauche allemande et des syndicalistes du DGB historiquement engagés.

 

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Au vu de mes contacts allemands, il semble que l'on se dirige plutôt vers une indépendance lors des élections majeures comme celel de dimanche.

Ce qui me semble effectivement très positif pour le principe même de l'indépendance syndicale.

Je considère aussi qu'il n'est pas dans le cadre syndical que d'appeller les citoyens à voter pour un parti plutôt que pour un autre.

J'espère donc que cette absence de consigne électorale politique rentrera dans les moeurs syndicales germaniques.

Mais que l'on se méprenne pas. La question de "l'indépendance syndicale" est bien loin de se résumer à cette question , même si celle-ci est la plus visible.

Sur "l'indépendance syndicale", en France comme ailleurs, beaucoup savent en parler. Quand à la pratique, c'est tout autre chose pour qui analyse et observe!

 

R.AUFRERE