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Chiffres de l'UNPI : provocation à l'égard des mal-logés
Ces derniers jours, l'Union Nationale des Propriétaires Immobiliers a diffusé des chiffres, repris dans les médias, qui voudraient démontrer que la crise du logement n'existe pas, que les mal-logés sont une infime minorité de la population et que l'argent public du logement devrait être consacré en grande partie à l'aide financière aux propriétaires bailleurs.
L'UNPI réagissait aux chiffres publiés dans le rapport de la Fondation Abbé Pierre, avec une méthode sans doute inspirée de celle du Secrétariat d'Etat au Logement, qui affirmait quelques jours auparavant que la construction de logements sociaux battait tous les records.
L'UNPI ose affirmer qu'il n'y a que 250 000 personnes « privées de logements », et qu'il suffirait donc de construire 250 000 HLM pour que le problème soit réglé.
Mauvaise plaisanterie ou ignorance totale de la situation ? La catégorie « privé de logement » n'inclut pas les personnes victimes de l'insalubrité, les personnes hébergées chez leur famille, chez des tiers, et toutes celles qui souffrent de la sur-occupation. Elle n'inclut pas tous ceux qui se privent et survivent à peine pour payer un loyer dans le privé, ni les propriétaires qui voudraient devenir locataires parce que le logement est trop petit. Quand on a la chance de ne pas souffrir du mal-logement, le minimum de la décence consiste à ne pas dire des énormités pareilles.
Pour l'UNPI, tout est simple : il suffit de « réhabiliter l'ancien » et donc d'augmenter le financement public aux propriétaires bailleurs. Cela a déjà été fait, par l'ANAH. Aujourd'hui le taux de prise en charge des travaux de mise aux normes est quasiment de 50 % et la moitié des propriétaires qui en bénéficient y ont droit sans aucune condition de ressources.
L'UNPI, qui se plaint des « taxes » contraignantes, ignore-t-elle par exemple, l'existence de l'« usufruit social » : il consiste en une exonération quasi-totale des impôts immobiliers à l'achat du bien, en échange de sa location pendant quinze ans au taux de loyer le plus élevé du logement social (PLS), et exonération de l'impôt sur la plus-value en cas de vente du bien immédiate après les quinze ans. Et toujours sans conditions de ressources...
L'UNPI exige de nouvelles règles plus avantageuses pour la « garantie des risques locatifs » : les dispositifs financés par l'État et le 1 % logement, issu des cotisations salariales existent, mais les garanties demandées sont toujours plus importantes, les loyers toujours plus élevés, les catégories sociales refusées par les bailleurs de plus en plus nombreuses.
Tout ceci n'a pas empêché la crise du logement de s'amplifier et l'incitation financière ne marche manifestement pas sur les propriétaires bailleurs.
En revanche, le logement social construit en masse a montré son efficacité pour tous : il répond à la demande des revenus modestes, il permet de multiplier l'offre et de faire que tous les bailleurs privés soient amenés à proposer des loyers raisonnables, des logements corrects, et empêche la spéculation immobilière, rendant ainsi la propriété accessible à ceux qui le souhaitent.