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Burn-out des professionnels de santé suite à un contrôle par une caisse de Sécurité sociale
Philippe Rudyard Bessis, Docteur en chirurgie-dentaire, Docteur en sciences odontologiques, ancien avocat à la Cour, Docteur en droit, président du syndicat dentaire « Dentistes solidaires et indépendants », auteur du livre Les procédures disciplinaires à l'encontre des professionnels de santé et des auxiliaires médicaux, explique ce qui peut amener des praticiens à commettre des actes désespérés :
Lorsqu'un cabinet médical est contrôlé par une caisse de Sécurité sociale, pour un motif ignoré par le praticien, un réquisitoire informatique est obtenu des ordinateurs de la caisse permettant aux contrôleurs médicaux de détecter immédiatement toutes les formes d'anomalies, d'irrégularités, d'erreurs ou de coquilles consécutives à des cotations réalisées par le praticien. Ce problème d'erreurs de cotation est constant dans la profession médicale du fait du caractère obsolète et non adapté d'une nomenclature datant des années 1960 pour les chirurgiens-dentistes par exemple. Par ailleurs, des critiques sur le plan médical et thérapeutique peuvent être formulées par les contrôleurs de la caisse dès lors qu'ils apprécient de façon différente le diagnostic ou le plan de traitement posé par le professionnel de santé.
- Cette liberté d'appréciation aboutie à la constitution d'un dossier contentieux inintelligible et incompréhensible pour le thérapeute qui se sent agressé au plus profond de lui-même tant sur ses qualités professionnelles que sur les cotations qu'il applique.
Lorsque la caisse a enclenché son contrôle, elle détient de telles informations que le praticien ciblé fait forcément l'objet de critiques ou de poursuites judiciaires dont les conséquences sont gravissimes tant sur le plan moral que sur le plan physique ou professionnel.
- Une étude personnelle m'a permis de conclure que 30 % des praticiens, qui font l'objet d'un contrôle, sombrent dans une dépression profonde ou tombent malade, près de la moitié d'entre eux divorcent et pratiquement tous diminuent de façon sensible leur activité professionnelle, de sorte qu'ils perdent entre 30 et 50 % de leur chiffre d'affaires.
Tout cela n'est pas dû au fait que les praticiens seraient de mauvais thérapeutes ou qu'ils soient des fraudeurs surpris en pleine action mais n'est que la conséquence de l'atteinte, à la liberté de diagnostic et de traitement souvent remis en cause, ainsi qu'aux diverses interprétations de la nomenclature (liste des actes et des cotations applicables au thérapeute permettant de déterminer le coût de l'acte).
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