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Bibliothèque de Saint-Joachim : les relations se tendent entre les grévistes et la maire de la commune
Pour la maire de Saint-Joachim, Marie-Anne Halgand, on ne cause plus, on flingue !
C’est un conflit plutôt inhabituel dans ce genre de communes de petite taille, où les rapports sont généralement plutôt apaisés. Mais à Saint-Joachim, commune de quatre mille habitants, située du côté de Guérande et rattaché à la communauté d’agglomération de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le dialogue social est en plein marais salant.
En effet, les agents de la bibliothèque Louise-Michel sont en grève depuis le 22 janvier, soit une bonne dizaine de jours maintenant. En cause, la mise en place de la réforme des rythmes scolaires qui a fortement perturbé le fonctionnement interne jusqu'à modifier les jours d'ouverture de l’établissement et le jour de repos des agents. « On nous a imposé un fonctionnement qui ne nous convient pas : quatre accueils hebdomadaires des enfants, dont le lundi, jour de repos hebdomadaire pour les bibliothécaires et, par voie de conséquence, fermeture de la bibliothèque le samedi après-midi », indique Antoine Antier, responsable de la bibliothèque au quotidien Ouest-France. Les bibliothécaires de Saint-Joachim, unanimes, demandent l’annulation de toute activité le lundi et la réouverture au public le samedi après-midi.
Mais la maire socialiste de Saint-Joachim n'avait apparamment pas vu venir le conflit. Marie-Anne Halgand, ancienne cadre désormais à la retraite, regrette « d'avoir découvert ce mouvement d’humeur par voie d’affichage, sans remise de pli direct ». Plus grave, dans la presse locale, l'édile, accuse les grévistes de « manquer de courage et d'honnêteté vis-à-vis du maire ». De leur côté, les bibliothécaires, réponse des bergers à la bergère, pointent « une gestion autoritaire, au coup par coup, sans concertation . Ambiance...
Pourtant, les bibliothécaires ne demandent pas la lune : « nous souhaitons rétablir le dialogue entre la mairie, les élus et le service ; tenir compte des missions premières d'une bibliothèque municipale » ont-il-déclaré à Ouest-France. Effectivement, on est loin des bonnets rouges. Les agents regrettent également « le fait que depuis la rentrée, aucune réunion sur le contenu entre les intervenants n'ait eu lieu ». Ils ajoutent : « Aujourd'hui, nous refusons cette situation et une gestion rigoureuse sans concertation. Nous souhaitons défendre un service de lecture publique de qualité, accessible facilement et soucieux de s'adresser au plus grand nombre ».
Visiblement les grévistes, malgré le soutien des usagers, ont reçu une fin de non-recevoir de la part de la maire socialiste. En effet, par un tract distribué dans les boîtes aux lettres de la commune, Marie-Anne Halgand et sa municipalité sortent la sulfateuse en renvoyant l'échec de la concertation sur les bibliothécaires : « cinq réunions officielles ont eu lieu avant la rentrée scolaire, sans compter les multiples entretiens informels parfois agressifs entre la maire et les agents de la bibliothèque ».
Et de brandir l’arme lourde : « face aux difficultés rencontrées, la mairie a saisi le comité technique paritaire qui a validé les propositions des élus, tant pour les niveaux horaires que pour les séances hebdomadaires des activités périscolaires ». Fermez le ban ! Sauf que pour les personnes initiées à la chose, un comité technique paritaire « valide » toujours les propositions des élus, même quand l’ensemble des représentants du personnel votent contre. En effet, la simple mise à l’ordre du jour et la tenue de la réunion suffit pour « que l’avis soit rendu ». Décidément, on n’est pas très fair play du côté de la municipalité de Saint-Joachim.
Mais le conflit semble parti pour durer tant l’équipe municipale a du mal à voir quelles sont les missions et les spécificités d’une bibliothèque et veut leur imposer coûte que coûte la prise en charge des activités périscolaire (TAP). « Lorsqu'ils sont affectés dans les bibliothèques, les agents sont particulièrement chargés de fonctions d'aide à l'animation, d'accueil du public, notamment des enfants, et de promotion de la lecture publique. Ils participent à la sauvegarde, à la mise en place et à la diffusion des documents. Ils assurent les travaux administratifs courants », affirme Marie-Anne Halgand. Et l'édile de conclure : « Donc, ces missions s'intègrent bien dans le cadre des TAP ». Rompez !
« Les bureaux du maire et du secrétaire général sont ouverts en permanence », promet toutefois notre vieille dame, pas toujours très tranquille. Reste à savoir si les bibliothécaires devront se munir, ou pas, de gilets pare-balles tant l’ambiance semble tendue dans ce mouvement social hors norme. En tout cas, à ce jour, le conflit demeure.