STP (TF1, M6, CANAL+) : une convention collective, svp !
STP, mais non, ce n'est pas « s’il te plaît », il y a bien longtemps que la politesse n'est plus de mise dans certains cénacles directoriaux, mais plutôt syndicat des télévisions privées! Ce syndicat a été créé en 2004.
Il avait pour ambition de rassembler les 3 grands acteurs du monde l’audiovisuel privé français pour qu'ils prennent leur place au sein des organismes paritaires du secteur. Et cela a été fait !
Quelle révolution !
Les ennemis d’hier se font aujourd’hui la bise ! Il y a 4 ans, il était impensable qu'un cadre de Canal+ déjeune avec un cadre de TF1. C’était cause de rupture et d’engueulades des deux côtés de la Seine. Aujourd’hui, on se congratule, on se serre dans les bras... Et oui, les temps sont durs pour tout le monde, on a intérêt à se rapprocher, non ?
Pourquoi pas… Si ces bises servent les intérêts de nos entreprises… et des salariés qui y travaillent ! Mais là, c'est une autre histoire.
TF1, M6 et Canal+, ce sont environ 10 000 salariés, sans compter la dizaine de milliers d'entre eux qui travaillent comme intermittents, prestataires, stagiaires… Et sans oublier les 4 000 salariés des chaînes thématiques de l’ACCeS, bref un secteur qui commence à peser, il est vrai, pas seulement par le nombre de ses salariés !
- Face à ces étrangers, ces nouveaux venus, il faut aussi se protéger ! Vous les voyez, vous, tous ces Telcos arriver dans notre business ? Les Orange, SFR et autres, attirés par le contenu alors qu'ils ne vendaient que du tuyau.
Souvenirs, souvenirs...
Qui se souvient de l’affaire des intermittents qui avait débuté à Canal+ par la mise en cause du responsable de la production, Alain de Greef, obligé d'aller s'expliquer devant les tribunaux ? Cette interpellation avait nécessité une réponse collective car, si Canal+ avait été épinglée tous les acteurs de l’audiovisuel étaient et restent concernés.
Une fois ce problème à peu près réglé par des accords négociés au plan national, le syndicat STP s’est mis de lui-même en sommeil…
Puis, en janvier 2010, réveil brutal en fanfare !
Voilà que Mmes et MM. les responsables de ce syndicat, à savoir les dirigeants de M6, TF1 et Canal+, décident de lancer une négociation sur le thème d'une convention collective de branche !
Mais que vous arrive-t-il ? Vous vous ennuyez ? Vous répondez à l'appel du gouvernement ? Vous trouvez qu'il serait bon de rétrécir ces bons bons vieux accords d'entreprises que vous trouvez trop gourmands ?
Qu'en est-il vraiment ? Ce n’est pas encore très clair. On verra...
Premier problème : la branche professionnelle n’existe pas. Aujourd’hui, chaque entreprise est régie par sa propose convention collective. Sans parler de l’audiovisuel public, en pleine refonte de ses systèmes sociaux après la fusion et le rapprochement des sociétés, opérés ces dernières semaines.
Pourquoi dès lors lancer ce projet ? C’est bien la question que nous nous posons.
Il n’y a pas de nécessité absolue à écrire une nouvelle convention collective, dite « de branche » pour l’audiovisuel en France. À moins qu'il ne s'agisse, dans le maelstrom qui se prépare, tant sur les chaînes publiques que sur les chaînes privées, et dans le secteur des chaînes thématiques ou locales, de créer un socle social minimal commun…
Oui mais… Il n’est pas question d’accepter une quelconque remise en cause des accords d'entreprises qui régissent les relations sociales à Canal+. Nous revendiquons d'ailleurs l’inscription de ce principe dans le préambule comme le corps de ce nouveau texte.
Autour de la table...
C’est une négociation nationale, on retrouve donc toutes les organisations syndicales : la CFDT, qui se tâte encore pour savoir si elle reste ou pas, la CGT qui se tâte aussi pour d’autres raisons, la CFTC tendance TF1, FO, et votre syndicat, la CFE CGC !
Trois réunions se sont déjà tenues.
Le terrain commence à être déminé, chacun prend ses marques. Tout est encore possible : arrêt des négos ou poursuite tout au long de l'année à raison d'une réunion tous les 15 jours. Si le texte arrive à échéance et est ratifié par une ou plusieurs organisations représentatives, il pourrait dès lors devenir règle commune, voire s'appliquer à tout le secteur en cas d'extension décidé par le gouvernement, hors accords d'entreprises existants.
Nous ne sommes pas demandeurs de cette négociation. En revanche, nous connaissons par cœur les discours de la DRH de Canal+ qui, chaque année, nous ressasse lors des négociations salariales l'exemple d'un « benchmark local », pour nous faire comprendre combien nous devons nous sentir heureux. « Regardez donc comment sont traités les salariés à l'extérieur... Que voulez-vous de plus ? »
Cette politique et ce langage primaire lancinant et exaspérant nous laissent songeurs quant à l’utilisation qui pourrait être faite de ce texte minimal si jamais la négociation devait aboutir.
Nous prenons date ! C'est pour cette raison que nous serons présents et actifs pour que ce texte, si jamais il était adopté, ne devienne en aucun cas la référence sociale du secteur. Ce serait alors un cas de casus belli automatique !
À bon entendeur...