Organisations
Rupture conventionnelle collective à France Télévisions
Les syndicats de France Télévisions ont appris que la direction du groupe souhaitait très rapidement réduire les effectifs par un plan de rupture conventionnelle collective.
La journaliste Nadia Djabali fait le point pour FO Hebdo. Pour le moment, la direction reste floue.
« Ça va être très rapide car ils veulent aller très vite », prévient d’emblée Éric Vial, délégué syndical central chez France Télévisions, où FO est la deuxième organisation syndicale depuis octobre. Mercredi 12 décembre, Delphine Ernotte (présidente du groupe France Télévisions) a annoncé aux élus du comité social et économique central que la direction du groupe allait présenter un plan de rupture conventionnelle collective.
Dès le 13 décembre, les organisations syndicales recevront un courrier les invitant à entrer en négociation de janvier à mars 2019.
Quel personnel sera concerné ? Combien de postes ? Comment et à quelle hauteur ce plan sera-t-il financé ?
Pour le moment, les organisations syndicales n’ont reçu aucune réponse de la direction. Je les soupçonne de vouloir évaluer combien de personnes sont prêtes à partir avant de demander de l’argent au gouvernement, décrypte Éric Vial.
Durant la réunion, la direction a également annoncé vouloir complètement réviser l’accord collectif de 2013 qui porte sur le temps de travail, les congés, les rémunérations, les métiers et les conditions de départ. Il est jugé trop favorable aux salariés.
Un plan de grande ampleur
L’annonce de cette procédure de rupture de contrat de travail introduite par les ordonnances Macron a lieu dans un climat déjà dégradé par un plan de suppression nette de 500 postes d’ici 2020, ce dernier prenant notamment la forme d’un non-remplacement d’un salarié sur deux partant à la retraite.
Depuis janvier 2018, les salariés en CDDU et CDD et les intermittents disparaissent progressivement, signale également Éric Vial pour qui l’addition de toutes ces suppressions d’emplois témoigne d’un plan de grande ampleur. De 15 à 20 % de suppressions d’emplois, comptabilise le délégué syndical. Sur près de 10 000 salariés, cela devient énorme.
Le chantage de la direction
Les organisations syndicales représentatives ont été unanimes pour dénoncer le chantage de la direction. Pour enclencher la procédure de rupture conventionnelle collective, cette dernière a besoin d’un accord majoritaire signé par les syndicats représentant au moins 50 % des salariés. À défaut d’accord, la direction menace : les départs se poursuivront sans accompagnement.
Les syndicats dénoncent également l’approche de la transformation du groupe sous le seul prisme des économies et des réductions d’emploi ainsi que la menace par la direction d’une application d’une convention de branche bien plus défavorable aux salariés et dont la négociation est amorcée.
400 millions d’euros d’économies
Cet été, le gouvernement a annoncé que France Télévisions devait réaliser 190 millions d’euros d’économies d'ici 2022. Ce montant bondit à 400 millions d’euros si on y inclut d’autres éléments dont notamment les investissements supplémentaires demandés par l’État de 100 millions d’euros dans le numérique.