Organisations
Rapport alarmant des Sénateurs sur la situation sociale des entreprises françaises
À la demande de Gérard Larcher, président du Sénat, la délégation sénatoriale à la prospective s’est penchée sur l’avenir du pacte social dans l’entreprise.
- Quand nos Sénateurs se penchent sur le fonctionnement des entreprises, que constatent-ils ? La même chose que nous...
Le rapport présenté est alarmant, il demande une meilleure reconnaissance des salariés et une revalorisation du travail.
Les Sénateurs ont constaté un malaise grandissant dans les entreprises, des gains salariaux ralentis, des inégalités salariales croissantes et une forte augmentation des revenus du capital. Ce qui crée de fortes tensions et nuit à la croissance selon le rapport.
Sans une amélioration significative du pacte social dans l’entreprise dans le sens d’une meilleure reconnaissance des salariés et d’une revalorisation du travail, l’économie et la société s’exposeraient à de sérieux revers.
Le malaise actuel dans l’entreprise
Ces trente dernières années, dans un contexte de concurrence et de mobilité croissantes des capitaux, une recherche de productivité de plus en plus orientée vers le court terme a progressivement modifié toutes les facettes du pacte social dans l’entreprise.
De fortes tensions sur les conditions de travail, à ce stade, ni les progrès de l’« employabilité », ni l’autonomie promue par un discours managérial souvent illusoire, ne débouche sur un équilibre satisfaisant du point de vue du salariés.
Des relations sociales dégradées et une gouvernance déséquilibrée, avec une translation du pouvoir vers des investisseurs financiers au sein d’entreprises plus grandes ; la capacité de négociation de salariés « oubliés » de la gouvernance au nom de l’efficacité économique, est en outre obérée un taux de syndicalisation passé d’environ 30 % à environ 8 % des salariés depuis l’après-guerre.
La tendance à venir : le « scénario du pire »
Les conflits de répartition continueraient à se résoudre au détriment des rémunérations salariales. Le travail « paierait » d’autant moins que le vieillissement démographique s’accompagnerait d’un prélèvement accru sur les salaires.
Il n’y aurait pas d’autre choix que d'assouplir davantage les salaires et les emplois et le management exercerait des tensions renforcées sur le travail au détriment de sa qualité. Les entreprises se rabattraient sur le levier de l’organisation du travail pour soutenir tant bien que mal une productivité « plombée » par un déficit cumulé d’innovation.
Avec un niveau de qualification stagnant et un dialogue social toujours médiocre, les organisations « à flux tendus » s’approfondiraient ainsi que la segmentation du marché du travail avec un recours accru à des contrats courts pouvant aller jusqu’à la disparition du contrat de travail dans la mouvance de l’idée que chacun doit devenir un « entrepreneur de lui-même ».
Finalement, avec les contraintes multipliées d’organisations toujours plus finement calibrées en effectifs, les salariés endureraient une dégradation radicale du compromis sécurité/autonomie entraînant une prolifération de troubles psychosociaux, une « désincitation » au travail…
Enfin, l’effritement du droit social du travail s’amplifierait, le moins-disant social devenant le point de référence…
Quels sont les facteurs qui pourraient permettre d'éviter le « scénario du pire » ?
Pour les Sénateurs, une revalorisation du travail par le salaire mais aussi une amélioration qualitative des conditions de travail y contribueraient. La réinscription des stratégies d’entreprises dans le temps long, ainsi qu’une évaluation multicritères de leurs performances permettraient aussi d’améliorer la situation.
Une orientation plus sociale et humaine du management et de l’organisation du travail tendrait à juguler une certaine forme de mal-être au travail sur la base d’une implication systématique des salariés (et non un simulacre de consultation dans toute « conduite du changement », de formations à la gestion insistant sur la considération et le soutien des collaborateurs, et d’un intéressement du « top management » à la « performance sociale » et plus seulement financière).
S’agissant du gouvernement des entreprises et du dialogue social, un premier type d’inflexion pourrait être recherché dans la poursuite de la consolidation du rôle des partenaires sociaux initiée par la loi du 20 août 2008, via une réforme favorisant leur financement ou l’apparition d’un syndicalisme de services plus proche des préoccupations concrètes des salariés,
Par ailleurs, une gouvernance plus partenariale s’instaurerait. Elle comprendrait des avancées sur la codétermination, et une protection renforcée de l’actionnariat de long terme. Des modes alternatifs de gouvernance s’inspirant de ceux des entreprises familiales ou coopératives redeviendraient attractifs…
La négociation sociale se développerait de façon plus équilibrée à la faveur d’un respect généralisé du dialogue social mais aussi d’un renforcement des légitimités syndicales…