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07 / 07 / 2009 | 12 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Quand des pilotes d'Air France alertent les autorités sur les failles de sécurité

La direction d'Air France ne relève pas les failles de sécurité identifiées par le syndicat des pilotes Alter. Les représentants de ce syndicat ont été recus pendant 3 heures le 26 mars 2009 par la directrice de sécurité de la DGAC (Direction Générale de l'Aviation Civile), l'autorité de tutelle. Un courrier avec accusé de réception a été adressé par Alter le 15 avril dernier au directeur général de l'aviation civile pour établir le compte rendu de cette réunion.
 
Mais quelles sont les risques identifiés par Alter ?

Rupture de communication lors de l'avitaillement carburant avec des passagers à bord


Le syndicat Alter estime qu'il y a un risque  car le personnel au sol chargé de la supervision de l'avitaillement ne peux pas être joignable par le pilote au moyen du système d'interphone. Et pourtant le pilote doit pouvoir faire interrompre l'avitaillement au moindre signe suspect comme par exemple le dégagement de vapeur de carburant dans l'avion. L'avitaillement est une étape à risque. En 2006, un "geyser carburant" est survenu à Roissy. Cette absence de coordination entre personnel au sol et les pilotes fait peser pour Alter "un risque certain aux occupants de l'avion."

Bagages à main trop nombreux, trop lourds ou trop volumineux

" Nous estimons que les bagages cabine trop nombreux, trop lourds ou trop vomumineux, qui sont quotidiennement embarqués à bord faute d'un contrôle véritable et efficace, font courir un danger aux occupants de l'avion en cas de turbulances et en cas d'évacuation", affirme Alter.  Lors de l'évacuation du vol Air France 358 du 2 août 2005 à l'aéroport international de Toronto, 48% des passagers ont indiqué dans un questionnaire que les bagages à main avaient ralenti l'évacuation, car les couloirs menant aux issus de secours étaient bloqués par des gens récupérant leurs bagages à main. 49% des passagers ont admis qu'ils avaient tenté de récupérer leurs bagages malgré les ordres répétés du personnel de bord...

Composition insuffisante des équipages


Des passagers qui évacuent du côté de l'issue d'aile où le réacteur est justement en feu. C'est ce qui est arrivé lors de l'évacuation du Boeing 737 de Ryanair le 27 février 2002 à Stansted. Les passagers étaiet livrés à eux-mêmes. Lors de l'accident de l'Airbus A320 d'Air France e 6 juillet 2002 à Roissy (feu moteur au décollage), aucune issue d'aile n'a été ouverte. La faute selon Alyer au manque de personnel : "Jusqu'en 2002, au moins sur la famille A 320, Air France positionnait un PNC (Personnel Navigant Commercial) au niveau des issues d'ailes sur un siège "dé-commercialisé". Depuis la composition d'équipage a été réduite de 5 à 4 PNC et il ne subsiste aucun PNC au niveau de ces issues. Et Alter de rappeler le tragique accident du Boeing 737 de British Airtours à Manchester le 22 août 1985 où sur les 137 passagers, 55 périrent "en raison des fumées et faute d'avoir pu évacuer à temps..."

Fossé entre les tâches prescrites et les taches réalisables dans le temps imparti


"Le souci du respect de l'horaire, inculqué et rappelé sans cesse par l'entreprise, devient pour le PNT (Personnel Navigant Technique) une véritable obsession. Ceci alors qu'il est évident, pour une grande proportion de vols effectués, que respect de l'horaire et traitement rigoureux de toutes les séquences de l'escale sont absolument incompatibles", écrit Alter en parlant du "Hurry up syndrome"

Respect à minima du cadre réglementaire

Un syndicat qui reconnait que Air France respecte le cadre réglementaire. Sauf que la compagnie le ferait à minima comme d'ailleurs l'ensemble de ses concurrents. Une forme de nivellement par le bas. " Nous ne partageons pas l'idée selon laquelle il suffirait d'observer ce que font les autres entreprises pour en déduire quelle est la bonne pratique. La concurrence économique pousse nécessairement les entreprises vers le moins-disant ", affirme Alter en indiquant que le BEA (Bureau Enquête Accident) avait récemment rappelé que le respect de la réglementation n'était pas nécessairement suffisant en matière de garantie de sécurité."

" Nous n'avons pas eu de réponses de la direction sur l'ensemble de ces points. La situation n'est pas satisfaisante", déclare François Hamant, vice-président du syndicat Alter qui espère que l'autorité de tutelle oeuvrera dans le sens inverse d'un nivellement par le bas de la sécurité.
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