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Pour soigner sa communication, Ryanair sort les menaces de poursuites
Visiblement inquiète pour la perception de sa sécurité à bord aux yeux du grand public, la compagnie low-cost, qui semblait invulnérable à la communication négative, passe aux menaces de poursuites contre les sites web publiant des informations pouvant entacher son image.
Ryanair brise avec sa communication habituelle
Pour les familiers du secteur il est de notoriété publique que Ryanair a pour politique d’exploiter tout ce qui est dit à son sujet, en bien comme en mal, comme une occasion de faire sa communication. Résultat, même dans le grand public, une part importante de gens est capable d’identifier Ryanair comme la compagnie qui veut faire payer pour les toilettes ou supprimer les ceintures de sécurité à bord (quand ce n’est pas le copilote). Personne n’y croit, mais le but est atteint, les consommateurs potentiels savent que Ryanair existe et qu’elle veut faire baisser les prix… À tout prix.
« Parler et laisser parler », jusqu'à récemment avait toujours été la politique de Ryanair. Il semblerait que depuis cet été, sous la carapace d’indifférence feinte de la compagnie, un point sensible soit apparu : la sécurité. Bien que l’un des axes les plus importants de la communication de Ryanair soit l’idée que la compagnie est prête à tout pour baisser ses coûts, ses représentants ont toujours pris soin de répéter que le seul point sur lequel elle ne lésinait pas était la sécurité.
Pour cause : dotée d’une flotte d’avions très neufs, volant dans l'un des espaces aériens les mieux régulés de la planète, Ryanair pouvait (et peut toujours) s’enorgueillir d’un degré de sécurité à bord à la hauteur de ses concurrents. Toutefois, il semblerait que le triple atterrissage d’urgence de cet été à Valence et l’agitation médiatique qui a entouré cet incident aient entaché la perception de Ryanair auprès du grand public. Au moins suffisamment pour que la compagnie se préoccupe sérieusement de la manière dont on parle d’elle.
Une stratégie un peu trop frontale
Le problème, c’est que sa technique n’est pas forcément subtile. Ainsi, la manière dont elle s’en est pris au très respecté Aviation Herald fait quelques vagues. Depuis quatre ans, le site s’est donné pour mission de compiler et de publier les rapports d’incidents et d’accidents du secteur aérien mondial. Un travail minutieux et très complet, très apprécié des spécialistes qui fréquentent le site. Pourtant, il y a quelques jours, l’administrateur a reçu un courriel du département juridique de Ryanair, brandissant la menace de poursuites si certains commentaires « portant atteinte à l’image de la compagnie » ne sont pas supprimés du site. Soucieux de tenir son lectorat au courant, l’administrateur a publié un article relayant les déclarations de Ryanair avec pour résultat l’envoi d’un nouveau courriel dénonçant le non-respect de la confidentialité des échanges.
À l’issue de ce nouvel échange, il est apparu que la compagnie voulait surtout voir disparaître un article publié la semaine précédente au sujet d’un incident survenu au-dessus de Memmingen. Quand bien même cet article ne faisait que relater les conclusions du rapport officiel. L’outrage concernant l’affaire est assez palpable dans le petit milieu des spécialistes du secteur aérien. Toutefois, le cas du Aviation Herald n’est pas isolé. Il apparaît qu'Air Scoop, autre site spécialisé sur le low-cost européen, s’est fait reprendre sur son rapport sur le modèle d'affaires de Ryanair, et même Pprune, le forum de référence pour les pilotes de ligne occidentaux, a fait l’objet d’une procédure pour connaître l’identité de certains de ses membres.