Y a-t-il une bonne nouvelle en cette fin d’année ?
A un moment où l’on s’apprête à tirer le bilan de l’année écoulée, on peut d’ores et déjà affirmer que 2025 ne sera pas un grand cru, loin de là !
Au plan politique, l’instabilité dans laquelle notre pays est désormais plongé fait courir les plus grands risques à notre pacte républicain. Cette situation renforce le sentiment de défiance voire de rejet de la classe politique et des institutions, ainsi que l’a mis en évidence le baromètre politique du CEVIPOF. C’est la porte ouverte aux solutions les plus démagogiques.
Au plan international, l’Europe est prise dans la nasse tendue par deux régimes autocratiques, la Russie qui renoue avec son avidité expansionniste, et désormais les EtatsUnis, dont le but clairement assumé est de faire des affaires à partir des conflits du monde, mais aussi de mettre à bas l’idéal démocratique sur lequel s’appuient encore les nations européennes.
A cet égard, la pensée de Curtis Yarvin évoquée par Pierre Bauby dans ces colonnes (*) est édifiante et fait froid dans le dos. Il est tout simplement préconisé par ce proche de Trump et Vance que les Etats-Unis laissent faire la Russie pour « rétablir l’ordre en Europe » !
Et pendant ce temps-là la Chine observe et fourbit ses armes pour gagner la guerre économique mondiale.
Car au plan économique, la mainmise des géants américains et chinois sur le marché international s’est renforcée et pose de sérieux problèmes aux pays européens. Notamment la France, qui doit retrouver une souveraineté industrielle abandonnée il y a quelques années au profit d’une frénésie financière spéculative dopée par les algorithmes, et sauvegarder ses activités économiques mises à mal par les plateformes de commerce en ligne. L’épisode Shein n’est qu’un épiphénomène dans un déferlement de produits chinois qui ne trouvent plus preneurs sur le marché américain compte-tenu des droits de douane imposés par l’administration Trump.
Au plan social, plusieurs études, dont celle de l’INSEE dans son portrait social 2025, mettent en évidence l’accroissement des inégalités de revenus et de patrimoine, et corollairement l’augmentation de la pauvreté qui concerne désormais près de 10 millions de personnes, soit 15,4% de la population, ce qui est proprement inacceptable.
Or dans le même temps sont drastiquement réduits les moyens budgétaires affectés aux associations qui pourtant participent à l’intérêt général en apportant des réponses aux besoins sociaux, malgré les alertes de nombreux acteurs du monde associatif.
Au plan environnemental, la COP 30 n’a pas été à la hauteur des enjeux et le Secrétaire général de l’ONU déclare que « l'écart entre notre situation actuelle et les exigences scientifiques reste dangereusement important ».
Plus généralement on assiste à un recul des volontés de tout faire pour lutter contre le réchauffement climatique, et à cet égard le report de l’application de la directive CSRD ne donne pas un bon signal aux hésitants, et conforte ceux qui sont dans le déni du changement climatique.
Certes, il faut trouver à court terme le juste équilibre entre défense de l’environnement et moyens de subsistance, mais la tendance de fond est bien identifiée, il faut aussi sur le long terme que la nature permette au vivant de vivre.
Bien d’autres mauvaises nouvelles pourraient être évoquées, mais toutes ont pour point commun d’avoir semé les germes d’une crise de société profonde et d’avoir créé un climat anxiogène sur fond de risque de guerre en Europe alors que l’on croyait que c’était un péril révolu.
Et pourtant, il nous faut garder l’espoir, celui suscité par ce formidable élan des promoteurs et acteurs de l’économie sociale et solidaire qui dans le monde militent pour une autre économie, respectueuse de l’humain et de l’environnement.
Le Forum mondial de l’ESS, la 10ème conférence internationale de recherche en économie sociale du CIRIEC à Bordeaux, les Journées de l’économie autrement à Dijon ont été des espaces de respiration et d’espérance en l’avenir, tout comme toutes ces initiatives en France .
L’économie sociale et solidaire doit essaimer dans le système économique conventionnel pour reconfigurer une économie politique qui ne remplit plus sa vocation originelle. Elle doit aussi se conjuguer avec l’économie publique afin de gagner en efficience dans la recherche d’un indispensable intérêt collectif pour réparer une société fracturée.
Il nous faut donc multiplier nos efforts, organiser toutes les convergences possibles pour bâtir ce rapport de forces si nécessaire pour que notre société retrouve sa finalité première, celle de satisfaire les besoins de l’Homme, dans la paix, le partage et la solidarité.
(*) https://www.miroirsocial.com/participatif/la-pensee-curtis-yarvin-les-lumieres-obscures-et-leurope