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04 / 04 / 2022 | 969 vues
Laurent Weber / Membre
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Situation alarmante dans les organismes de Sécurite sociale

La section fédérale des organismes sociaux avait déjà signalé l’existence d’une lettre de mission interministérielle en date du 1er avril 2021, préconisant des bouleversements majeurs concernant la Sécurité sociale et son personnel dans le cadre de la préparation de la COG 2023. Dans ce document, le gouvernement va, par exemple, jusqu’à envisager la fusion des CAF et des CPAM, la mutualisation d’activités entre organismes de différentes branches du régime général, voire la fusion de différents régimes.
 

En lien avec ce dernier point, la perspective de rapprocher les différentes conventions collectives est même évoquée, c’est-à-dire de dénoncer celles en vigueur aujourd'hui, en vue d’y substituer une nouvelle, unique et applicable à tout le personnel concerné, nécessairement inférieure en droits et garanties à celles existant actuellement.

 

Enfin, le télétravail y est présenté comme une piste très prometteuse pour à la fois réduire les effectifs encore davantage (productivité accrue) et drastiquement réduire les surfaces (fermer des immeubles, des sites, des centres, des agences...).

 

Sur la base de cette lettre de mission, un rapport devait être remis aux pouvoirs publics fin novembre 2021, toujours non publié à ce jour, sans que l’on en connaisse les raisons. Rapport ou pas, la situation sur le terrain ne s’avère pas être de nature à apaiser les inquiétudes.


Ainsi, alors que les salaires du personnel sont gelés depuis onze ans, gouvernement et employeur entendent ne plus jamais autoriser d’augmentation générale et collective des rémunérations, qu’ils voudraient maintenant totalement individualiser.


Dans des CPAM, une nouveauté a fait son apparition : le recrutement massif d’intérimaires en lieu et place d’embauches en CDI, pour une activité pourtant bien spécifique à la Sécurité sociale : le traitement des indemnités journalières. Après le recours permanent aux contrats précaires en grand nombre, voilà que l’intérim fait son entrée…
 

Va-t-on bientôt voir les activités centrales de la Sécu (ce que les directions de caisses qualifient de cœur de métier… ) confiées à des opérateurs privés ?

 

Pour les mêmes motifs (les interminables suppressions d’emplois), la situation n’est pas meilleure en CAF. Au manque d’effectifs, les conséquences de l’odieuse réforme des aides au logement, conçue à la seule fin de récupérer un milliard d’euros sur le dos des allocataires (notamment des plus modestes d’entre eux) se sont ajoutées.

 

Au mécontentement compréhensible d’allocataires souvent déjà en détresse et qui voient leurs droits brutalement diminuer, des dysfonctionnements informatiques s'ajoutent, aboutissant à bloquer le traitement d’un grand nombre de dossiers. Dans cette affaire, il est manifeste qu’au niveau des pouvoirs publics, une seule chose a été pensée : récupérer beaucoup de sous dans la poche de ceux qui n’en ont pas ! Quant aux difficultés en résultant, aux allocataires et au personnel de se débrouiller...

 

D’une manière générale, les accueils connaissent une dégradation sans précédent dans toutes les branches de la Sécu, dans l’optique de récupérer du temps de travail sur cette activité au lieu d’embaucher, tout en continuant sans fin à supprimer des postes. Souvent, assurés sociaux et allocataires n’ont même plus la possibilité d’être reçus directement par un technicien maîtrisant la législation sociale et sont généralement accueillis par des agents sommairement formés, en CDD et chichement payés, auxquels les moyens ne sont pas donnés de faire mieux que de répondre aux demandes les plus simples.

 

Une part conséquente du public se trouve renvoyée vers internet, « invitée » à y trouver les réponses à ses demandes elle-même (la direction de la CNAM parle cyniquement de passage d’un accueil basé sur le « faire » à un accueil basé sur le « faire faire »).


Peut-on faire pire ?

 

Hélas oui puisque l’escroquerie des « Maisons France Services » se développe désormais : des points d’accueil multi-services très généralistes, tenus par des salariés précaires qui ne peuvent apporter que des réponses encore plus basiques. Simultanément, à la Sécu comme dans les services publics, les structures d’accueil et de proximité ne cessent de voir leur existence remise en cause partout…

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