Secteur des télécoms épargnés de l'impact financier lié à la crise sanitaire : 1700 emplois détruits chez SFR
Voici le communiqué de presse de SUD chez SFR qui réagi à l'annonce de la destruction de 1700 nouveaux emploi chez SFR.
Cette destruction d'emploi fait suite aux 5000 emplois déjà détruits via le Plan de Départs Volontaires de 2017.
SFR s’apprête à détruire 1700 emplois, en pleine crise sanitaire. Cette annonce est faite à peine quelques jours après avoir annoncé ses très bons résultats pour l'année 2020 : +3% d'Ebitda soit plus de 4,2 milliards d'Euros pour le seul pôle télécom du groupe Altice (SFR).
Cette annonce est également faite alors qu'une très large majorité des salariés se retrouvent isolés en télétravail depuis près d'un an ou encore en chômage partiel pour les moins chanceux, ajoutant donc de l'anxiété à l'anxiété déjà en place depuis des mois.
Dans sa lettre du 03 Mars, Monsieur Rabuel, DG de SFR, reconnait lui même que "La crise sanitaire que nous traversons depuis un an a mis en évidence le caractère essentiel des réseaux télécoms pour l’ensemble des acteurs, professionnels comme particuliers". Nous sommes donc en phase sur au moins un point, les Télécom sont bien d'utilité publique, il doivent donc être préservés à tout prix. Il en va de même pour les salariés de ce secteur qui se retrouvent depuis mars 2020 avec une surcharge d'activité liée à l'évolution des usages rendus nécessaires par la pandémie.
Monsieur Rabuel rejette une partie de la responsabilité de ces destructions d'emploi sur les récentes décisions gouvernementales quand aux équipements Huawei. Mais n'oublions pas que SFR a fait le choix de ce fournisseur en parfaite connaissance du risque et malgré les alertes de ses équipes internes.
L'augmentation des usages n'est pas un handicap comme tente de nous le présenter Monsieur Rabuel, mais bien une opportunité commerciale aussi bien coté Grand Public que coté entreprises (nécessité de montée en gamme des forfaits mobiles, des offres fibre power, Box8...).
Monsieur Rabuel nous annonce les ambitions 2025 de SFR qui seront pour sûr, coûteuses en charge de travail.
Comment assumer ces belles ambitions avec 1700 salariés de moins alors même que depuis le Plan de Départs Volontaires (PDV) de 2016 ayant déjà détruit 5000 emplois, les équipes sont globalement toutes surchargées ?
Concernant les boutiques, Monsieur Rabuel justifie la destruction des 400 postes par la baisse de fréquentation de 30% des boutiques. Or cette baisse de fréquentation est liée pour plus de la moitié à la crise sanitaire (fermetures des boutiques, craintes des clients de s'y déplacer...). Quand à la digitalisation croissante évoquée, la direction du groupe met toute en œuvre depuis des années pour pousser les clients à faire leurs actes en ligne (offres promotionnelles exclusives sur Internet, incitation des clients B2B à tout faire via l'extranet client, terminaux mobiles parfois disponibles uniquement en ligne...)
C'est donc un total de 1700 emplois que la direction de SFR s'apprête à détruire. Ce chiffre est à comparer avec l'effectif des entreprises concernées, soit environ 9700 personnes et non 15 000 comme l'annonce Monsieur Rabuel. Ce dernier intègre dans son calcul, les salariés d'entreprises du groupe non concernées par des baisses d'effectif. Cela représente donc en réalité 17,5% d'emplois détruits.
Cette annonce arrive à peine quelques mois après la fin de validité de l'accord NewDeal qui sécurisait l'emploi chez SFR.
Aujourd'hui, SFR est une entreprise qui a déjà bénéficié de l'effort national (chômage partiel), et qui prévoit d'en profiter encore plus via le plan de relance gouvernemental (subventions pour le recrutement des 1000 jeunes diplômés et celui des 1000 apprentis par an "1 jeune, 1 solution"). En effet SFR va sciemment profiter de l'effet d'aubaine lié à la crise sanitaire, pour détruire 1700 postes coûteux, et éventuellement en recréer d'autres subventionnés par l'état.
Monsieur Rabuel n'étant pas à une incohérence près, il annonce lancer un "plan de formation renforcé pour 100% des salariés". Nous sommes donc en droit de nous demander pourquoi SFR ne choisit pas de proposer une "reconversion" à ses salariés actuels afin de répondre à ses futurs besoins sans détruire d'emploi.
La réponse à cette question se situe probablement dans la masse salariale de SFR...
Remplacer un salarié expérimenté de SFR par un salarié moins payé d'une entreprise appartenant au groupe (Intelcia, Rhone Telecom, ERT...) permet en effet de réduire progressivement cette masse salariale.
Lors du rachat de Cablevision en 2015, M. Patrick Drahi annonçait d'ailleurs déjà la couleur : "Je n'aime pas payer des salaires. Je paie aussi peu que possible".
Ce type de transfert d'activité vers des prestataires mal payés ou désormais vers d'autres entreprises du groupe est une forme de dévaluation interne que la direction actuelle de SFR maîtrise et a déjà utilisé à plusieurs reprises dans le passé. Pour mémoire, lors du PDV 2016 l’entreprise SFR SC (Service client de SFR) a été intégralement cédée à Intelcia, salariés inclus. En 2017, 2018, des boutiques SFR ont été vendues à des indépendants, pour leur retirer leur licence quelques mois plus tard, laissant les salariés de ces boutiques sur le carreau sans entâcher l’image de SFR. Enfin depuis quelques mois, SFR envoie régulièrement de nouvelles activité chez Intelcia.
Sur le court terme la compétitivité et les bénéfices de nos principaux actionnaires augmentent mais cela se paie systématiquement sur la qualité du service.
Nos clients apprécieront...
Monsieur Rabuel se targue d'être bienveillant en assurant la sécurité des salariés tout en prévoyant de se délester de 1700 d'entre nous. Nous rappelons également qu'au retour du 1er confinement, SUD a du se battre pour obtenir 2 masques par jour pour chaque salarié.
Pour finir, monsieur Rabuel parle de l'ouverture de négociations avec les partenaires sociaux alors que depuis plus d'un an, le dialogue social est à l'arrêt chez SFR !
S'il est annoncé que les départs ne se feront que sur la base du volontariat, cela n'empêche pas que par ce biais, la direction de SFR nie toute sa responsabilité sociale.
Pour SUD :
- une entreprise dégageant de tels bénéfices ne doit pas détruire un seul emploi. Si l'on demande à chaque citoyen de participer à l'effort national, SFR n'en est pas exempt.
- il est de la responsabilité de l'entreprise de former ses salariés afin de répondre à ses orientations stratégiques.
- SFR doit clarifier la situation de chaque équipe au plus vite afin d'éviter tout risque psycho-social.
- la direction de SFR doit assurer une transparence complète vis-à-vis des organisations syndicales présentes dans les entreprises concernées, qu'elles soient représentatives ou non, car c'est la seule option permettant à ce projet d'aboutir sans heurts avec des salariés déjà très fragilisés et en colère.