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28 / 10 / 2024 | 15 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Plus de la moitié des managers publics de santé estiment que leurs conditions d’exercice se sont dégradées après la crise sanitaire

Alexandre Gris, Délégué National du Syndicat des Manageurs Publics de Santé (SMPS), a bien voulu répondre à mes questions....

 

Pouvez vous en quelques mots nous présenter présenter votre syndicat

 

Fondé en 1947 en tant que Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH) et devenu depuis 2011 le Syndicat des Manageurs Publics de Santé (SMPS), nous sommes un syndicat indépendant dont les positions demeurent construites par ses instances internes. Le SMPS défend les directeurs et cadres (administratifs, techniques, de santé, socio-éducatifs...) de la fonction publique hospitalière.  Nous sommes affiliés depuis 2014 à l'UNSA Santé-Sociaux publics et privés, dans la continuité des accords de Bercy.  Les élus du SMPS siègent au sein des instances du Centre National de Gestion (corps de direction), telles que les CAPN, le Conseil consultatif national ou l'Instance collégiale (qui dresse les listes courtes pour les postes de chefs d'établissement).  Nous représentons une force syndicale dans les établissements de santé, sociaux et médico-sociaux publics, riche de nos 2000 adhérents dont la majorité sont des directeurs d'hôpitaux et cadres de santé. 



Vous venez de tenir congrès, quels ont été les éléments les plus marquants de vos débats ?

 

Notre congrès organisé mi- septembre dernier à Paris portait sur la question des violences, menaces et tensions dans la fonction publique hospitalière et dont font l'objet, en particulier, les manageurs de santé que nous représentons. La violence s'entend de manière protéiforme (violences directes, indirectes, physiques, verbales, psychologiques, harcèlement, violences sexistes et sexuelles...). Vous trouverez ci-dessous les descriptifs des deux tables rondes qui ont structuré le congrès : 

 

> Table ronde 1 

 

L'Observatoire nationale des violences en santé (ONVS) recensait près de 20 000 cas de violences physiques et/ou verbales en 2021, dont quasiment 18 000 en établissements publics. Si ces situations ont un coût humain évident, tant pour les professionnels que pour les usagers, elles ont également un coût direct pour l'image des établissements publics et pour leur attractivité. C'est pourquoi le SMPS estime que l'ensemble de ces phénomènes ne doit pas être banalisé et doit faire l'objet d'une approche plurielle et sans tabou.
 

Cette première table ronde du 76e Congrès national du SMPS avait donc vocation à dresser un état des lieux de la situation à travers les regards croisés d'acteurs politiques, administratifs et soignants. Nous avons échangé sur les explications de ces phénomènes, sur leurs conséquences et sur les pistes mises en oeuvre à l'échelle nationale pour les résoudre. Nous avons reçu pour échanger à ce sujet:
 

  • Jomier Bernard, Sénateur de Paris et médecin généraliste
  • Nathalie Nion, Cadre paramédicale, chargée de mission à l'AP-HP, co-rédactrice du rapport sur la sécurité des professionnels de santé remis en 2023 aux Ministres François Braun et Agnès Firmin Le Bodo
  • Wanda Wrona Directrice de la sécurité de l'AP-HM et commissaire de police
     

La table ronde était animée par Juliette Loiseau, Directrice au CH Saint-Louis à Ornans (Direction commune du Centre Hospitalier Intercommunal de Haute-Comté) et membre du comité "Egalité professionnelle du SMPS"

 

> Table ronde 2

 

Les conflits sont inhérents aux relations humaines et par conséquent au monde du travail. Mais si la confrontation des points de vue et des caractères peut être constructive et source d’enseignements et d’expériences, elle peut aussi être synonyme de tensions, d’enlisement, de blocages et de conséquences négatives tant pour les individus que pour le collectif. L’accroissement continu des situations de conflits s’observe depuis plusieurs dans les secteurs sanitaire, social et médico-social. Elle est à à ce titre un important facteur de perte d’attractivité pour nos établissements et de perte de sens pour de nombreux agents publics.
 

Face à ces constats, le rôle du manageur est primordial. Cela nous amène ainsi à nous interroger sur la nature des conflits et à leur résolution puisque le manageur peut en être à la fois acteur, arbitre mais aussi médiateur. Pour échanger sur le sujet, une table ronde portant sur "Prévenir, gérer et surmonter les conflits: le rôle des manageurs entre acteur, arbitre et médiateur" s'est tenue au cours du 76e Congrès annuel du SMPS. Nous avons eu le plaisir d'échanger sur ce sujet avec :
 

  • Nadia Boulharouf, Cheffe du département de gestion des Directeurs du Centre national de gestion
  • Monique Giraud, cadre supérieure de pôle au CHU de Rouen, représentante de l’Ancim - Association Nationale des Cadres de Santé
  • Frédéric Spinhirny, Directeur du Département Politique Hospitalo-Universitaire du CHU de Tours
  • Danielle Toupillier, médiatrice nationale pour les personnels ses établissements de la FPH
     

La table ronde était animée par Lucie Albagnac-Ricard, Directrice des affaires médicales du CH de Valenciennes, et Arthur Goudard, Directeur adjoint des affaires médicales du CHU de Besançon, tous deux représentants du collectif « Jeunes manageurs de santé » du SMPS

 

Nous avons également, au cours du congrès, restitué les résultats de l'enquête sur la vie professionnelle et personnelle mais aussi sur les violences et menaces à l'égard des directeurs d'établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (surtout des directeurs d'EHPAD) qui sont les réceptacles des violences et tensions dans leur établissement. 



Pouvez vous nous dire les principaux enseignements à tirer de l'enquête que vous avez menée auprès des managers publics de santé ?

 

Le collectif égalité professionnelle du SMPS réalise chaque année une enquête sur un thème. Celui retenu en 2024 était l'équilibre entre la vie professionnelle et personnelle des manageurs de santé. 549 personnes ont répondu à l'enquête, dont une majorité de femmes (73%).

 

Plus de la moitié des répondants (54%) estiment que leurs conditions d’exercice se sont dégradées après la crise sanitaire. Une part significative des répondants (46%) juge que le temps consacré à leur travail est déséquilibré, les causes étant à la fois conjoncturelles (18%) et structurelles (30%). 41% des répondants pensent qu’un fort investissement professionnel nuit à leurs relations avec leurs collègues ou collaborateurs.

 

Les tensions au travail sont largement attribuées à l’organisation du travail (53%), le fonctionnement en continu (49%), les relations avec certains professionnels (48%), et les missions de management (43%).

 

L'enquête a également permis de relever les répercussions sur la santé mentale et physique mais également sur la vie sociale et familiale (36% estiment que leur travail a eu une répercussion sur l'exercice professionnel de leur conjoint).

 

Enfin, l'enquête a fait un focus sur la parentalité et a pu objectiver que 20% des répondants avaient annulé ou reporté un désir d'enfant à cause de leurs contraintes professionnelles. 

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