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24 / 03 / 2025 | 53 vues
Françoise Descamps-Crosnier / Membre
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Maintien dans l'emploi:  Le travail comme facteur de soin et de rétablissement

En matière de maintien et de retour à l’emploi, il est aujourd’hui reconnu que l’emploi est facteur de soin et de rétablissement : un rétablissement par le travail et dans le travail. Pour évoquer ce sujet qui est au cœur des réflexions du conseil scientifique du FIPHFP, rencontre avec le Docteur Michel Busnel, président de ce dernier et fondateur de Comète France.

 

Comment avez-vous été amené à vous intéresser au sujet du travail comme facteur de soin et de rétablissement ?

 

Lorsque j’ai fondé l’association Comète France en 1991, nous étions l’un des premiers établissements de rééducation à considérer que le travail était un facteur de réinsertion sociale. Personne ne parlait de maintien et de retour à l’emploi à l’époque. Il était surtout question de pensions d’invalidité et d’indemnisation financière du préjudice physique. Or, nous nous sommes aperçus que, lorsqu’elles quittaient l’établissement pour rentrer chez elles sans projet de retour à l’emploi, l’état de santé des personnes se dégradait.

 

Nous avons également constaté qu’à partir du moment où la personne continue de travailler, elle prend moins de médicaments, est moins en arrêt de travail et développe une forte envie de revivre. C’est une idée qui fait son chemin depuis 20/25 ans. De plus en plus de personnes aujourd’hui souhaitent être maintenues en emploi plutôt que de recevoir une compensation financière. Cela leur permet d’être maintenues dans la société, mais aussi de percevoir un salaire.

 

Nous avons ainsi pris le parti de nous occuper du maintien dans l’emploi et de la formation durant la phase de soins. Et cela fonctionne.  Aujourd’hui, 80 établissements de rééducation et réadaptation fonctionnelle ont intégré une équipe Comète, ce qui leur permet de suivre 10 000 patients chaque année (dont 20% environ dans la Fonction publique) pour permettre un retour en emploi avec toutes les adaptations nécessaires ou une reconversion professionnelle en adéquation avec leur handicap.

 

Quels sont les travaux et réflexions menés par le conseil scientifique du FIPHFP sur ce sujet du travail comme facteur de soin ?

 

Le rôle du conseil scientifique du FIPHFP est d’identifier et d’informer le Comité national et la direction du FIPHFP des recherches scientifiques qui ont lieu à l’international sur la question de l’emploi et du handicap. Nous souhaitons également faire en sorte que les mentalités bougent au sein de la Fonction publique pour augmenter les chances de maintien dans l’emploi compte-tenu des multiples propositions du FIPHFP en matière d’accompagnement.

 

Concernant le programme Cancer et Emploi, il est mené en partenariat avec le Nouvel Institut sous la forme d’expérimentations auprès des employeurs publics, comme la Ville / Métropole de Toulouse ou le centre de gestion du Nord.

 

Nous avons également lancé, en 2024, un projet d’études avec les oncologues de la région parisienne (Hôtel Dieu de Paris) sur la thématique Cancer et Emploi.

 

Les oncologues ont clairement identifié que beaucoup de personnes souhaitent se maintenir en emploi, à temps partiel (mi-temps ou moins), durant la phase de soins d’un cancer. Ce qui est une révolution dans les mentalités ! Le travail permet notamment de lutter contre l’isolement thérapeutique qui les met en parenthèse de la vie quotidienne. L’emploi est un important facteur de soins.

 

Dans cette optique, le conseil scientifique du FIPHFP aimerait qu’à l’avenir l’administration puisse prendre en charge le financement du temps partiel thérapeutique à moins de 50%.

 

Actuellement le conseil scientifique travaille sur la question du stress post-traumatique en s’inspirant des protocoles de suivi mis remarquablement au point par les médecins du Ministère des Armées. Lors de notre prochaine réunion, en mars 2025, nous allons réfléchir à des stratégies d’écoute et de mise en place d’un suivi auprès de l’ensemble des agents publics pouvant être confrontés à un stress post-traumatique : infirmiers, enseignants, pompiers, gendarmes, policiers…

 

Un petit mot pour conclure ?

 

Il y a aujourd’hui une prise de conscience de l’importance du bien-être au travail qui permet d’éviter l’exclusion sociale liée à la perte de son emploi. La vie personnelle est plus importante que le travail, mais l’emploi demeure un facteur d’intégration sociale dans la mesure où il est reconnu et valorisé. Cela concerne aussi les personnes suivant une rééducation ou souffrant d’une maladie longue et/ou chronique.

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