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25 / 04 / 2023 | 163 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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L'Association Française pour l'Organisation Internationale du travail: un lieu d'échange d'expériences dans le domaine du travail et des relations professionnelles

Gwenaël Prouteau, nouveau Président de l'AFOIT (Association  Française pour l'Organisation Internationale du travail) rappelle le rôle de cette organisation , les initiatives qui sont les siennes et les objectifs qu'il se fixe à court et moyen terme...

 

Vous venez d'être élu à la présidence de l'AFOIT (Association Française pour l'Organisation Internationale du travail), pouvez nous nous rappeler ce qu'est cette association, son but, et comment est venue l'idée de sa création ?



L’AFOIT a été créée en 2001 dans le but de contribuer au rayonnement de l’Organisation Internationale du Travail auprès du public français et francophone, qui sans ignorer le sigle OIT ne mesurait pas toujours la profondeur des actions menées. Pour rappel, la création de l’OIT correspond à la volonté de diffuser et partager les valeurs humanistes prônées par cette organisation née en 1919 au lendemain de la première guerre mondiale. Dès sa naissance, l’OIT a fait valoir des marqueurs très forts : promouvoir la justice sociale, les droits de l'homme et les droits au travail reconnus internationalement, poursuivant ainsi sa mission fondatrice : œuvrer pour la justice sociale qui est indispensable à une paix durable et universelle.


Pour réaliser son ambition, l’AFOIT met en œuvre par des actions concrètes, les principaux objectifs suivants :

 

  • Développer la connaissance de l’OIT, (son histoire, ses principes, ses missions, ses activités normatives et de coopérations techniques, ses publications) particulièrement parmi les organismes et les personnes intéressés par les problèmes du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle, de la protection sociale, de la gestion et des relations professionnelles.
  • Favoriser un plus grand intérêt pour l’OIT tant au niveau de ses principes que de ses activités normatives et de coopérations, dans les milieux universitaires.
  • Organiser des colloques, des séminaires ou d’autres réunions permettant une information et des débats sur les normes, les activités et les perspectives de l’OIT.
  • Favoriser l’échange d’expériences entre ses membres dans le domaine du travail et des relations professionnelles.
     

Avec le recul, quel est le bilan des actions menées par l'Association ces dernières années ?


L’AFOIT a énormément travaillé sur la diffusion de la connaissance de l’OIT, par exemple en sollicitant le monde universitaire. Cela s’est traduit en premier lieu par un marqueur très fort : le prix Francis Blanchard (Directeur du Bureau International du Travail de 1974 à 1989 et membre fondateur de l’AFOIT).


Par ce prix, l’AFOIT a souhaité valoriser les travaux en langue française de moins de trois ans, quel qu'en soit le support (Thèses, Master, article de presse, film, documentaire, pièce de théâtre, bande dessinée, etc.) , faisant une référence directe à l'OIT quant aux principes et valeurs figurant dans le préambule de sa Constitution, la Déclaration de Philadelphie et l'Agenda du travail décent, notamment leurs déclinaisons relatives à la dimension internationale des thèmes suivants :
 

  • le travail et l'évolution des formes d'emploi,
  • la protection sociale,
  • les relations professionnelles et le droit de négociation collective,
  • les libertés syndicales,
  • le respect du travail décent dans la mondialisation,
  • la non-discrimination au travail,
  • et la santé au travail.

 

Nous en sommes à la treizième édition. Je tiens à préciser que ce prix est conjointement mené avec l’OCIRP, dont je salue l’engagement partenarial sans réserve et son apport pour financer le prix.


Outre le prix Francis Blanchard, l’AFOIT organise courant mars un Challenge destiné aux étudiants de master (Droit, Gestion, Histoire, Sciences politiques, etc.) qui doivent présenter un travail de recherche sur des thèmes en lien avec l’OIT et ses activités. Leurs travaux sont examinés par un jury de l’AFOIT et une remise officielle récompense les trois meilleurs dossiers. Encore une fois, je remercie chaleureusement les enseignants universitaires qui s’engagent pour faire de ce Challenge un projet pédagogique et je salue l’implication de leurs étudiants.


Enfin, l’AFOIT organise également à l’issue de la Conférence internationale du Travail (CIT) une réunion de présentation des travaux qui s’y sont tenus. C’est le seul moment qui permet aux participants français à la CIT, (représentants du Gouvernement, des organisations syndicales et des
organisations patronales) de faire un retour et d’échanger sur cet événement important pour le monde du travail. Pour rappel, la CIT, qui se déroule en principe au mois de juin de chaque année, détermine les normes internationales du travail et les grandes orientations de l’OIT. Souvent désignée comme le parlement international du travail, cette Conférence annuelle est aussi un forum de discussion pour les principales questions de travail et de problèmes sociaux. C’est un moment extrêmement riche de discussions dans notre association.


A la veille de votre AG annuelle, quelles sont les objectifs que vous vous fixez à court et moyen terme ? les thématiques que vous entendez prioriser ?


Je ne peux que continuer le travail mené par mes prédécesseurs qui ont œuvré pour faire de notre association ce qu’elle est aujourd’hui. Fort de leur engagement et de leurs conseils, je travaille sur deux axes pour asseoir encore plus notre ambition de contribuer au rayonnement de l’Organisation Internationale du Travail auprès du public français et francophone.


Le premier axe est lié à la Communication.  En interne tout d’abord par la création d’une adresse AFOIT.org pour chaque membre en charge d’un projet, afin que l’on puisse échanger avec l’identité de l’association y compris en dehors de l’AFOIT ; A l’externe, par la refonte de notre site pour le rendre plus agile et plus ergonomique, par notre présence sur les réseaux sociaux (Linkedin, Facebook, YouTube en autres), par la constitution d’un dossier de presse qui reprend outre notre histoire les principales actions en cours ou à venir (Fort du principe « On dit ce qu’on fait et fait ce qu’on dit »). Je crois que cet axe de travail pourrait se finaliser à la fin de cette première année de présidence.


Le second axe est lié au développement de nos partenariats. L’AFOIT est une association ambitieuse de par son objet et de par ses projets, avec des moyens limités. Nous recherchons des partenaires (publics et/ou privés) avec lesquels nous établirons des protocoles d’accords. Cela nous permettra d’obtenir des compétences complémentaires, des réseaux de relations utiles, de partager les sujets à travailler et les responsabilités. Dans certains cas, pourquoi ne pas obtenir un soutien matériel pour l’organisation de nos évènements comme le Challenge Etudiants ? Cet axe de travail se finaliserait en 2024.


Au-delà de ces deux axes de travail pour asseoir encore plus l’AFOIT, avec le Conseil d’Administration nous avons initié plusieurs projets : Ainsi, en nous appuyant sur la convention 159 de l’OIT sur la réadaptation professionnelle et l'emploi des personnes handicapées et en mobilisant l’exceptionnelle fenêtre de tir que représentent les Jeux Olympiques et Paralympiques qui auront lieu à Paris l’année prochaine, nous allons organiser, au cours du 1 er trimestre 2024, un colloque sur le para sport, intitulé JOP 2024 « agir pour que le para sport soit un sport comme les autres », autour de deux séquences fortes :


(1) Une matinée d’ateliers représentants plusieurs disciplines parasportives. Chaque atelier regroupera les pratiquants de la discipline, des entraineurs et coachs, les aidants et accompagnateurs ; l’objectif étant de sensibiliser à la pratique du para sport et permettre au grand public d’échanger directement avec les personnes qui vivent la réalité du para sport, ses besoins, ses difficultés, ses défis, les enjeux qu’il
représente pour les personnes en situation de handicap mais aussi pour la société dans son ensemble. Cette journée donnera également l’occasion aux entreprises, administrations et autres organisations, déjà impliquées dans la promotion des parasportifs et dans l’intégration des personnes en situation de handicap en général, de donner de la visibilité à leurs actions, de les valoriser et de partager leurs expériences avec les autres participants.


(2) Une après-midi de colloque avec plusieurs intervenants (Sportifs et sportives para sport de haut niveau, institutionnelles, sociologues, chercheurs, etc.) Par ailleurs, toujours en nous appuyant la convention 159 de l’OIT , nous souhaitons mobiliser les techniques collective et participative en ateliers de groupe pour sensibiliser à l’importance d’intégrer les personnes en situation de handicap dans la société. L’idée serait de partir de ce qui est fait dans le cadre de la fresque du climat pour construire la fresque du handicap (Handifresques). Nous souhaitons dans ce projet, que nous mènerons en partenariat, aller au-delà d’une reconstitution collective du même contenu, pour transformer chaque atelier en possibilités d’ouverture sur les solutions à mettre en place afin de faciliter l’intégration des personnes en situation de handicap. Les solutions proposées dans le cadre de chaque atelier seront discutées et enrichies lors de l’atelier suivant, ainsi de suite. Son déploiement se ferait d’ici la fin de l’année 2024, après une phase de conception et de tests que nous espérons finaliser rapidement. Nous allons mobiliser dans ce projet les outils numériques pour permettre plus d’interactivité entre les participants aux ateliers et faciliter l’éclosion de solutions à envisager discutées et retenues consensuellement.

 

Un site Internet et une application mobile dédiés seront également déployés.


Pour être plus en amont et pour susciter un plus grand nombre de candidatures au Challenge Etudiant AFOIT, dès octobre 2023, nous nous rendrons dans les universités intéressées pour présenter aux étudiants de MASTER, l’OIT et le Challenge Etudiant. L’idée étant de proposer aux enseignants d’intégrer dans le cursus MASTER le Challenge afin d’en faire un projet pédagogique à réaliser au cours de leur année universitaire.


De surcroît, pour le rayonnement de l’OIT auprès du public francophone, nous envisageons de présenter le Challenge Etudiant AFOIT et le Prix Francis Blanchard, à chaque visite au Bureau International du Travail (BIT) de Tunis, Abidjan, Alger et auprès de contacts connus au Togo, Benin, Mauritanie, Sénégal, etc. L’intérêt est de faire en sorte que l’AFOIT réponde à son objectif de développer la connaissance de l’OIT, de son histoire, de ses principes, de ses normes, de ses activités et de ses publications dans le public francophone. Enfin, nous allons participer le vendredi 12 mai dans le cadre du LAB OCIRP, à un atelier de présentation de l’OIT intitulé « L’Organisation Internationale du Travail : promouvoir les droits au travail et la protection sociale ». Cette présentation est en cours de création.


Nous avons donc beaucoup de projets à mettre en place et espérons trouver les appuis et soutiens pour les réaliser. L’ambition que se donne notre association doit être à la hauteur des enjeux que le monde du travail doit affronter, dans un contexte sans cesse en évolution et où la lutte pour le progrès sociale, la paix et la possibilité que chaque personne puisse vivre décemment de son travail, sont tous les jours remis en cause, y compris dans les pays les plus riches.

Nous devons agir collectivement pour que les valeurs fondatrices de l’OIT deviennent réalité partout dans le monde.

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