À l’heure où la santé des professionnels de santé devient un enjeu prioritaire, la Fondation MNH et la DREES ont réuni plus de 250 acteurs publics, chercheurs et porteurs de terrain lors de leur colloque annuel, le 9 avril dernier, au ministère de la Santé.

La Fondation MNH et la DREES ont organisé, dans l’amphithéâtre Laroque du ministère de la Santé et de l’Accès aux soins, leur second colloque consacré à la santé des professionnels de santé. Cet événement a réuni un panel riche et diversifié d’acteurs publics, académiques et de terrain : ministres (Yannick Neuder, Charlotte Parmentier-Lecocq), chercheurs issus d’instituts comme l’INSERM, l’IRDES ou l’EHESP, établissements hospitaliers, représentants d’agences d’État et d’organisations professionnelles.

Cette pluralité d’intervenants a permis de croiser les regards et de valoriser les efforts collectifs en faveur de
l’amélioration des conditions de travail et de santé des soignants. Trois temps forts ont rythmé l’après-midi : la présentation des résultats des recherches soutenues, la mise en lumière des programmes en cours, et un tour d’horizon des initiatives concrètes menées sur le terrain.

Yannick Neuder annonce la création d’un comité de suivi dédié à la santé des professionnels de santé
 

Le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder, a rappelé son engagement à faire de la santé des soignants une priorité, soulignant l’importance de protéger la santé physique et mentale des soignants, notamment dans un contexte de violences accrues et de fortes pressions professionnelles.

Le ministre a salué les travaux scientifiques soutenus par la Fondation MNH, notamment ceux liés à la santé mentale, aux risques professionnels et à la santé des femmes dans le secteur. Il a insisté sur la nécessité de s’appuyer sur des données objectivées pour élaborer des politiques publiques efficaces, et a mis en avant les apports concrets de la recherche, comme la matrice des risques professionnels construite à partir de 20 ans de données.

Point d’orgue de son intervention : l’annonce de la création, avant l’été, d’un comité de suivi dédié à la santé des soignants, chargé d’évaluer les actions en cours et de préparer une feuille de route pour les années à venir : « Je suis heureux de pouvoir confirmer la création de ce comité de suivi, qui garantira la cohérence et la continuité de notre politique en faveur de la santé des professionnels de santé. »

Le comité, qui s’appuiera sur les retours du terrain, devrait réunir administrations, chercheurs, établissements de santé et représentants du secteur.

Charlotte Parmentier-Lecocq veut consacrer 55 millions d’euros à la santé des professionnels du médico-social Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap, a affirmé sa volonté de faire de la santé des soignants un pilier de son action.

« Un soignant en bonne santé est un soignant qui soigne bien », a-t-elle rappelé, appelant à un changement de paradigme dans les établissements médico-sociaux, qui doivent désormais prendre soin aussi de leurs professionnels.

Alors que 55 millions d’euros ont récemment été récupérés auprès d’un acteur privé du médico-social qui s’était rendu coupable de fraude, la ministre a annoncé que la somme serait réaffectée à des projets dédiés spécifiquement à la santé des professionnels du médico-social.

La santé mentale étant la grande cause nationale en 2025, Charlotte Parmentier-Lecocq entend inscrire pleinement les soignants du secteur médico-social dans cette dynamique, en particulier ceux travaillant auprès des personnes âgées et en situation de handicap.

Lancement de la Coalition Fondations & Santé : un collectif inédit pour agir autrement dans le domaine de la santé

À l’occasion du colloque dédié à la santé des professionnels de santé, un signal fort a été donné avec l’annonce officielle du lancement de la Coalition Fondations & Santé, une initiative privée inédite portée par un collectif de fondations distributrices réunies au sein du Centre Français des Fonds et Fondations (CFF).

Face aux défis humains, économiques et sociaux auxquels le système de santé français est confronté, cette coalition vise à expérimenter de nouvelles formes d’action collective, plus agiles, transversales et concrètes, en croisant les expertises et les ressources d’acteurs privés pour inspirer les politiques publiques.

« Nous voulons unir nos forces pour faire émerger des solutions concrètes à des enjeux trop souvent sous-investis en santé publique », résume Benjamin Blavier, Directeur général du CFF.

La coalition rassemble d’ores et déjà le CFF, la Fondation de l’Avenir, la Fondation CHANEL, la Fondation Groupe LBP AM, la Fondation Malakoff Humanis Handicap, la Fondation MGEN et la Fondation MNH.

Première thématique : la santé des soignants oubliés

Pour la période 2025-2026, la coalition s’est donné une première mission : « agir pour la santé des soignant·es « oublié·es » », c’est-à-dire les aides-soignants, auxiliaires de vie et aides médico-psychologiques, dont les conditions de travail – souvent précaires, féminisées, physiquement et psychologiquement éprouvantes – restent insuffisamment prises en compte par les politiques publiques.

L’objectif est triple : mieux connaître, mieux reconnaître et mieux protéger ces professionnels essentiels à la
continuité des soins.

Un premier travail de revue de la littérature a d’ores et déjà été lancé et devrait permettre de nourrir
la stratégie du programme opérationnel prévu dès le second semestre.

Zoom sur Soignances : une matrice pour mieux comprendre et prévenir les expositions professionnelles des soignants

Parmi les travaux présentés, la matrice emplois-exposition Soignances a illustré les avancées en matière de
compréhension fine des risques professionnels spécifiques aux soignants. Développée par le Pr Alexis Descatha (INSERM, IRSET) et son équipe, Pr Marie Zins, Pr Laura Temime et Alison Singer, avec le soutien de la Fondation MNH et de la DREES, cette matrice s’appuie sur les données de plus de 12 000 professionnels de santé issus de la cohorte nationale Constances.

Objectif : évaluer l’exposome professionnel à travers 24 facteurs de risque — organisationnels,
biomécaniques, physiques, biologiques, chimiques et psychosociaux — selon le métier exercé, le secteur
d’activité ou encore la taille de l’établissement. Soignances permet ainsi de visualiser les profils d’exposition type et d’identifier les différences entre professions ou environnements.

Si l’outil repose sur des données déclaratives et des moyennes — impliquant une lecture experte —, il constitue un levier stratégique pour orienter les démarches de prévention. Il peut notamment être mobilisé dans la mise à jour du DUERP, ou pour détecter des risques peu identifiés, comme le travail prolongé.

Accessible via une interface intuitive sur Constances, Soignances représente une avancée significative pour objectiver les expositions et éclairer les politiques de santé au travail dans le secteur du soin.

Accéder à l’outil : https://www.constances.fr/actualites/nos-actualites/la-realite-des-conditions-de-travail-des- professionnels-de-sante

Des connaissances à l’action : des recherches aux initiatives concrètes

Le colloque a également permis de découvrir les résultats d’autres programmes soutenus par la Fondation MNH et la DREES : études sur les issues de grossesse chez les professionnelles de santé (CHU de Toulouse, INSERM), la santé mentale et les addictions chez les infirmiers (IRDES), ou encore la revue de la littérature grise et les constats des acteurs de terrain (Université de Toulouse, EHESP).

Une seconde séquence a mis en lumière les recherches en cours sur des thématiques variées : santé bucco- dentaire, interruptions de carrière pour raison de santé, ou prévention dans le médico-social, avec des contributions de l’EHESP, la CNAM, la HAS ou encore l’Université de Rouen.

Enfin, lors d’une table ronde consacrée aux initiatives de terrain, plusieurs porteurs de solutions concrètes ont partagé leurs démarches : l’ANAP, le ministère des Armées, la DGOS, les lauréats du Prix Santé des Soignants, ainsi que les porteurs de nouvelles dynamiques, comme le CEFRAS ou la Coalition Fondations & Santé, récemment lancée par le CFF.

Pour Benoît Fraslin : « La santé des soignants mérite une réponse globale et durable »

En conclusion, Benoît Fraslin, président de la MNH, a salué la richesse des travaux présentés et la qualité des échanges, témoins d’une mobilisation croissante pour un enjeu majeur de notre système de santé. Il a rappelé que la Fondation MNH, depuis sa création en 2018, a fait de la santé des professionnels de santé sa priorité structurante, en soutenant la recherche, en produisant de la connaissance et en valorisant les initiatives de terrain.

« Nous sommes convaincus qu’un professionnel de santé en bonne santé soigne mieux. Ce principe doit guider durablement nos actions. Ce colloque, comme nos autres engagements — publications, prix, coalition d’acteurs — vise à faire émerger des passerelles concrètes entre chercheurs, acteurs de terrain et décideurs. »

Il a enfin souligné l’importance d’une approche fondée sur les données, attentive à la diversité des contextes d’exercice, et ouverte à la coopération : « En créant des liens solides entre les acteurs, nous renforçons collectivement notre capacité à agir. La santé des soignants mérite une réponse globale, structurée et durable. »

Pour aller plus loin sur la santé des professionnels de santé :
https://fondation-mnh.fr/domaine/la-sante-des-professionnels-de-sante/