Participatif
ACCÈS PUBLIC
23 / 06 / 2025 | 11 vues
Etienne Taillebourg / Membre
Articles : 17
Inscrit(e) le 07 / 05 / 2021

Agences tous risques ?

Le dimanche 27 avril dernier, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, a annoncé qu’un tiers des agences et opérateurs de de l’État disparaîtraient d’ici à la fin de l’année ! Elle a réitéré depuis ce qui ressemble désormais à une orientation du Budget 2026 qui s’annonce historiquement saignant.

 

A en croire la ministre, les universités ne seraient pas visées par cette opération « coup de rabot », les autres seront purement et simplement « fusionnés ou supprimés ».

 

Cette mesure qui impactera 180 000 agents fait tristement écho au Nouveau Réseau de Proximité (NRP) qui a délité le rapport de proximité que notre administration garantissait avec l’usager quel qu’il soit.

 

Depuis lors, notre Direction Générale cherche en vain à lutter contre les effets délétères de la mesure : saturation des centres de contact, files d’attente qui débordent sur les trottoirs, délais des traitements des e-contacts insatisfaisants et au final ressenti d’injoignabilité d’une partie de la population envers la DGFiP.

 

Le service public en sort groggy, pour ne pas dire à terre, mais tout est bon pour maintenir la rigueur budgétaire quitte à étouffer la croissance !

 

Ne soyons  pas dupes : les mesures annoncées par la ministre ne sont qu’une première salve, d’autres sont à venir.


En la matière, les injonctions du 1er Ministre sont très claires : «  En 2024, les dépenses de masse salariale ont atteint 107 Md€ (hors contributions au CAS Pensions), soit une hausse de 6,7 % par rapport à 2023, alors que l’inflation en 2024 (2 %) a nettement reflué par rapport à 2023. En cohérence avec nos engagements en faveur du redressement des finances publiques, la maîtrise des dépenses de masse salariale doit donc impérativement être renforcée. »

 

« PRESQUE TOUJOURS, EN POLITIQUE, LE RÉSULTAT EST CONTRAIRE À LA PRÉVISION »

 

Cette citation de René de Chateaubriand devrait faire réfléchir à deux fois nos dirigeants qui n’ont qu’un objectif dans le viseur : ramener le déficit public à 5,4 % du produit intérieur brut (PIB) dès 2025 à grands coups de dizaines de milliards d’économies.

 

La rengaine sera identique pour 2026 avec un objectif de déficit public sous la barre des 4,6% du PIB, soit un effort de 40 milliards d’euros à  faire au nom de «  L’état d’urgence budgétaire  » annoncé par le ministre de l’économie. A qui prétend-on faire croire qu’on rétablira la situation des finances publiques en supprimant quelques agences ?

 

LA DGFiP EST UNE DIRECTION GÉNÉRALE ET SERAIT DONC ÉPARGNÉE À CE STADE ...

 

Faux : Rappelons qu’une grande partie des ces agences et opérateurs accueillent au sein de leurs agences comptables des agents de la DGFiP. À la très probable perte de rémunération, les intéressés retrouveront une administration qui doit rendre 550 emplois cette année et vraisemblablement bien davantage en 2026. Il est donc très probable, que certains paient rapidement la note, aussi bien en termes de positionnement, que de déroulement de carrière. Notre syndicat tient à  préciser que le rapport social unique (RSU) 2023 estime a 2 480 le nombre des agents de la DGFiP en mobilité sortante.

 

UN CALENDRIER TRÈS (TROP) SERRÉ

 

L’idée de rationaliser les agences comptables est un vieux « serpent de mer » figurant dans de précédents rapports de la DGFiP. Le timing de cette annonce reste déroutant puisqu’il intervient juste après la tenue des comités sociaux dans lesquels figuraient les ventilations des suppressions d’emplois.

 

Il  serait inadmissible de passer par « pertes et profits » les droits des agents en mobilité sortante lors d’une réintégration imposée dans les services. A n’en pas douter, ces arrivées rapides impacteront aussi les mobilités internes dans un contexte d’inflation des recrutements au choix. Pour sa part, la ministre chargée des Comptes publics pratique la méthode Coué : « vous avez des gens qui partent à la retraite, vous avez des gens que vous pouvez mettre ensemble, on a plein de moyens sans faire dans la casse sociale ».

 

Ce mardi 10 juin à la radio Amélie de Montchalin a même précisé la conception un chouia daté qu’elle se faisait de l’exemplarité de la DGFiP : «Je vous donne un exemple d’une administration qui s’est réformée, c’est les impôts. Il y a eu 25% de moins de fonctionnaires aujourd’hui qu’il y a 10 ans.


Comment ?


Parce qu’on a fait la réforme du prélèvement à la source, parce qu’on a réorganisé notre présence sur le territoire. Je pense qu’aujourd’hui, les Français le disent, l’administration des impôts est l’une des administrations qu’ils considèrent la plus réactive, la plus modernisée.»

 

En réponse à la question de savoir si cette méthode pouvait s’appliquer partout, elle a, sans l’ombre d’une hésitation, confirmé. Des éléments de langage que nous connaissons hélas trop bien pour qu’ils soient rassurants ! Il dépend désormais de chacun de nous qu’un tel plan ne se déroule pas sans accroc !


Après le rapport du COR sur les retraites qui souhaite porter l’âge de départ en retraite à 66,5 ans, les positions libérales sont décidément une drogue dure et ce sont les salariés et les agents du service public qui payent l’addiction.

Pas encore de commentaires