88 % des agents de la Fonction publique ont un réel sentiment d’utilité mais manquent de reconnaissance
Selon une étude (*) menée par BVA pour la CASDEN Banque Populaire dont les résultats ont été rendus public fin juin à l’occasion de la journée internationale de la Fonction publique, 88% des agents de la Fonction publique ont un réel sentiment d’utilité mais manquent de reconnaissance.
Ce baromètre met en lumière et confirme l’opinion dégradée des fonctionnaires quant à leur quotidien au travail et à leurs perspectives d’évolution de la Fonction publique.
Les principaux éléments à retenir :
- Plus de difficultés au quotidien pour les agents de la Fonction publique
Le moral des fonctionnaires reste mitigé après deux ans de crise sanitaire : 52 % déclarent avoir « plutôt bon » ou « très bon » moral, et la moyenne s’élève à seulement 6,3/10. Près de 1 agent sur 5 se sent impacté par une morosité et estime son moral entre 0 et 4/10. Cette tendance se confirme : ils se définissent comme pessimistes (69%, +20 pts) quant à leur avenir dans la Fonction publique....un constat concerne majoritairement les catégories de la Fonction Publique Hospitalière et les enseignants (77%, chacun).
- La question des salaires dans la Fonction publique est un sujet majeur.
Près de 71% des fonctionnaires jugent leur rémunération comme insuffisante et, parmi eux, 16% se considèrent comme étant très mal payés. Dans cet échantillonnage, 77% des enseignants et 76% des fonctionnaires de la catégorie C partagent ce sentiment.
- À la rémunération insuffisante s’ajoute le ressenti au quotidien.
En comparaison avec l’an passé, et même si la part des agents en manque de reconnaissance est en baisse, Il n’en demeure pas moins qu’un quart des fonctionnaires ne se sentent toujours pas reconnus (27%, -7 pts vs 2021) ou pas suffisamment valorisés (25%, -3 pts vs 2021) par la société.
Globalement, la tendance au pessimisme chez les fonctionnaires est liée au manque de moyens pour mener à bien leur mission (59%, +8 pts en comparaison avec l’an dernier), ainsi qu’au matériel non approprié (66%, +6 pts)et aux difficultés financières pour boucler les fins de mois (61%).
Les agents de la Fonction publique ont vu également l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle se dégrader (52%, +6 pts) avec, pour certains d’entre-deux, des complications relationnelles avec la hiérarchie, les collaborateurs ou encore les collègues (49%, +10 pts).
- La politique de dématérialisation de la Fonction publique suscite des questionnements
Face à la modernisation de la Fonction publique, le processus de dématérialisation peine à faire l’unanimité, car parmi les fonctionnaires, 48% ne se considèrent pas assez formés alors qu’ils jugent que la dématérialisation a impact positif sur leur travail quotidien. De la même façon, une minorité de ces agents (30%) estime que les usagers ne bénéficient pas d’un accompagnement adéquat pour gérer ces nouvelles pratiques.
Les plus réfractaires sont les enseignants (42%) et les agents du secteur hospitalier (41%) qui jugent que la dématérialisation présente un faible potentiel. À l’inverse, les agents de la Fonction publique territoriale (54%) voient cette avancée de manière positive.
- Le télétravail en baisse même s’il perdure dans certains cas
Avec la levée progressive des contraintes sanitaires, bon nombre de fonctionnaires ont repris le chemin de leurs lieux de travail. La pratique du télétravail se trouve donc en forte baisse chez ces derniers (21%, -20 pts). (NDLR) pour autant selon certaines études sectorielles, la situation est très hétérogène selon les ministères...
Ceux qui bénéficient actuellement du dispositif en sont globalement satisfaits. Les indicateurs de contentement sont, pour la plupart d’entre eux, en hausse : 9 fonctionnaires sur 10 se félicitent d’exercer leur métier dans ces conditions (94% +22 pts). Les principaux concernés arrivent à concilier vie professionnelle/personnelle (88%, +12 pts).
- Un sentiment d’utilité et de fierté
Pour autant, des points positifs ressortent : 60 % des agents interrogés encourageraient leur enfant à travailler dans la Fonction publique (et 79 % parmi ceux qui ont un moral très bon).
Une grande partie de cette population y trouve toujours de nombreux avantages : sécurité de l’emploi (93%), contribution à la collectivité (88%), solvabilité de l’employeur (87%) ou encore les opportunités de mobilité interne (71%).
Une majorité d’agents éprouvent de l’intérêt pour leur travail avec un sentiment d’utilité (88%, +5 pts) et de fierté (88%, +9 pts). Les enseignants font figure d’exception. Malgré une fierté qui a tendance à se renforcer, ils se sentent non reconnus par la société, ce qui accentue leur désarroi.
(*) étude menée selon la méthode des quotas auprès d'un échantillon de 1 500 personnes par internet, du 03 au 12 mai 2022.
La recherche de sens dans son travail : un vrai sujet, quel que soit le secteur d'activité
Pour en savoir plus sur les perceptions et attentes des actifs en matière de sens au travail, l’Anact a demandé à Opinion Way de réaliser un sondage sur le sujet. Les résultats publiés à l’occasion de la Semaine pour la qualité de vie au travail : , il y a quelques semaines sont, à cet égard, assez édifiants. (**)
En effet, il ressort que, dans les deux ans à venir (avec une proportion plus importante de jeunes, de manageurs et de femmes), 4 actifs sur 10 envisagent de changer d’emploi pour un travail qui aurait plus de sens
A noter aussi...
- Plus de 8 actifs sur 10 estiment aujourd’hui que leur travail a du sens (39 % tout à fait, 45 % plutôt).
- 2 sur 10 s’interrogent - plus qu’avant la crise sanitaire - sur le sens de leur travail (avec une proportion plus importante de jeunes, d’actifs du secteur public et de manageurs)
Pour les personnes interrogées, 3 dimensions contribuent à donner du sens au travail :
- le sentiment d’utilité d’un métier (qu’il s’agisse de se sentir utile à la société, à la population, aux bénéficiaires/clients, ou à l’entreprise),
- la concordance entre valeurs personnelles et professionnelles,
- la capacité du travail à contribuer au développement de chacun (possibilité de s’exprimer au travail, d’apprendre, de progresser, d’évoluer professionnellement, esprit d'équipe constructif, aspects relationnels…).
Un certain nombre d’actifs expriment cependant un écart entre ce qu’ils attendraient d’un travail « qui a du sens » et leur travail actuel.
- Ils déplorent notamment une rémunération insuffisante (34%) et une reconnaissance insuffisante (32%).
- Ils souhaiteraient pouvoir d’avantage s’épanouir et progresser dans leur carrière (31 %) mais aussi s’exprimer et faire des propositions sur leur travail (23%).
- Ils aspirent à des pratiques managériales plus en accord avec leurs valeurs (32 %), un travail réalisé dans de meilleures conditions (24 %) mais aussi un impact positif de leur travail en matière d’écologie (36 %).
« La proportion d’actifs considérant avoir un métier porteur de sens est remarquablement élevée au printemps 2022 (84%). Pourtant 4 sur 10
envisagent de quitter leur emploi dans les deux ans dans la perspective d’un poste qui aurait plus de sens. Ces données – qui peuvent apparaître au premier abord contradictoires - ne font que souligner l’aspiration largement partagée à pouvoir bien réaliser son travail » souligne Richard Abadie, directeur général de l’Anact. « Le sondage montre également que loin de la représentation d'une quête de sens au travail essentiellement individuelle, répondre à ces inspirations implique des démarches collectives permettant de mieux reconnaître le travail, de le réaliser dans de bonnes conditions, de construire des parcours professionnels pour tous etc. Les démarches QVCT (qualité de vie et des conditions de travail) sont des leviers pour progresser dans ces directions. La Semaine pour la qualité de vie au travail 2022 sera l’occasion de partager des repères et témoignages pour les déployer. »
Autant d'éléments de réflexion dans le contexte actuel !
(**) pour en savoir plus: sondage-actifs-sens-au-travail.pdf
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A lire aussi...l'étude de la DGAFP
Pendant la crise sanitaire, les agents de la fonction publique déclarent une intensification du travail mais se sentent plus utiles - Point Stat n° 36 (fonction-publique.gouv.fr)