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Paris Habitat OPH et Sopra Group : le fichage et le mépris
Locataires de Paris Habitat et demandeurs de logement social, nous sommes venus jeudi 16 février occuper le siège de Sopra Group. Après la révélation du fichage des locataires pratiqué au travers du logiciel IKOS, mis en place par Paris Habitat OPH et cette société, nous ne pouvons nous contenter des maigres justifications de la Ville de Paris, qui évoque « une minorité de concernés », et surtout met en avant une volonté d'« aider socialement » les locataires.
Parmi nous, il y a des locataires qui ont fait des demandes de changement de logement, en exposant de bonne foi, le handicap ou la maladie grave d'un des leurs, ou les difficultés sociales engendrées par la suroccupation. À l'accueil des directions territoriales, on encourage les locataires mais aussi les demandeurs de logement à exposer une bonne part de leur vie privée, à fournir des justificatifs médicaux indiquant précisément les pathologies mentales ou physiques, mais aussi les cas de violence conjugale par exemple.
Le délai d'attente inacceptable pour une première attribution ou un changement de logement incite les demandeurs dans la détresse à dévoiler des informations sensibles, intimes dans l'espoir de faire avancer leur dossier.
Aujourd'hui, nous sommes en droit de savoir ce qui est fait de ces informations par Paris Habitat OPH et son prestataire Sopra Group et devant ce qui a été révélé par la CNIL, nous nous interrogeons légitimement sur d'autres dérives possibles.
Une chose est certaine : le logiciel IKOS était utilisé dans le cadre des commissions d'attribution de logement, au moins concernant les mutations internes, et donc les appréciations éventuelles révélées par la CNIL étaient accessibles dans ce cadre.
De plus, selon le rapport d'activité de Paris Habitat OPH de 2006, « depuis 2001, l’OPAC de Paris utilise IKOS comme progiciel au coeur du système d’information pour ses activités de gestion locative, d’attribution des logements » (source Sopragroup).
Le même logiciel est donc manifestement utilisé pour gérer les candidatures de l'ensemble des demandeurs.
La société qui commercialise ce logiciel Sopra Group a également réalisé un logiciel de traitement des données concernant l'insalubrité à Paris et ses victimes, logiciel qui centralise notamment les observations des travailleurs et structures faites sur le terrain, auprès des mal-logés concernés (source Paris Habitat).
Des centaines de milliers de foyers parisiens sont éventuellement concernés par les révélations de la CNIL : pourtant, aucune excuse, aucun regret n'a été exprimé directement aux locataires et aux usagers de Paris Habitat OPH, ni dans le communiqué du bailleur, ni dans celui de la Ville de Paris.
Le mal-logement nous contraint à nous mettre à nu devant les autorités chargées de nous reloger : notre santé, notre situation socio-professionnelle, celle de nos familles est consignée dans les moindres détails dans les dossiers. Pour autant, nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone, dont le fichage serait un problème moindre, dont la vie privée pourrait être accessible à n'importe qui, sous prétexte que nous sommes demandeurs de logement ou bénéficiaires d'un HLM.
Nous sommes venus demander des excuses, des explications, la transparence et des garanties pour l'avenir. (Vidéo ici).