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09 / 04 / 2009 | 4 vues
Elsa Fayner / Membre
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Inscrit(e) le 22 / 09 / 2008

“Nous devenons toutes polyvalentes, et interchangeables”

Depuis trois ans, les directeurs se succédaient, et nous parlaient tous de LA réorganisation. À l’automne dernier, finalement, c’est arrivé. Les responsables ont commencé par éclater les directions, et les départements. Ils trouvaient que nous travaillions un peu bêtement, que plusieurs départements traitaient des mêmes thèmes sans mutualiser les moyens. Ils ont voulu tout remodeler.

Du sur-mesure industrialisé

Nous, les assistantes, nous étions attitrées à un département. Là, ils nous ont centralisées, en un « pool centralisé ». Leur souhait serait de nous rassembler bientôt sur un même plateau, en open space. Car nous devenons toutes polyvalentes. Et interchangeables. Nous devons pouvoir prendre tous les appels, fouiller dans les dossiers de la collègue, et la remplacer si besoin est. Sauf que la charge de travail s’est alourdie, faute de personnel. Comment vais-je pouvoir remplacer ma collègue absente alors que j’ai déjà du mal à boucler mes dossiers ? Comment vais-je pouvoir, aussi, fournir un service sur mesure aux clients qui ne sont pas les miens, et que je ne connais pas ? 

‘’Vous êtes bien quand même là où vous êtes’’

On nous présente cette réorganisation comme une opportunité pour évoluer, pour changer de poste. Car, avec tout ce chahut, des places se libèrent et se créent. À nous de postuler. C’est ce que j’ai fait, pour un poste d’assistante dans un autre service, avec une autre population, qui me permettrait d’élargir mes champs de compétence. J’ai rencontré le DG [directeur général], puis le DRH, pour leur faire part de mes motivations. Ils m’ont encouragée.
    Nous étions plusieurs à postuler pour chaque place. Ce que nous ne savions pas, c’est que les dés étaient jetés depuis longtemps, et les heureux élus déjà choisis. Mais, pour respecter la procédure, il fallait ouvrir le poste et faire postuler des candidats. C’était une simple formalité. Quand le DRH m’a annoncé que je n’étais pas retenue, il m’a dit la même chose que les fois précédentes : ‘’vous êtes bien quand même là où vous êtes’’. Eux qui nous disaient que la réorganisation permettrait de progresser et déploraient parfois l’absence de mobilité des assistantes…
   

Changer avant de réfléchir


    Quand je suis arrivée dans l’entreprise, il y a six ans, il m’arrivait d’être tellement impliquée que je travaillais pendant mes arrêts maladie. Mais les méthodes de management ont trop évolué. Nos responsables n’ont plus ce côté humain, l’envie de souder les équipes, de donner des responsabilités à chacun. Avant, mon responsable m’impliquait dans les décisions, me considérait comme une collaboratrice. C’est pour ça que je suis restée. J’avais trouvé ma place, et l’opportunité d’évoluer dans une structure qui avait à cœur de mobiliser son personnel. Mais, depuis qu’on nous parle de réorganisation, c’est fini. Aujourd’hui, mon nouveau responsable ne veut même pas me donner certaines informations, disant qu’une assistante n’a pas à les connaître. Tout est confidentiel. C’est lui qui décide tout seul, sans savoir vraiment ce qui est bon ou non pour le fonctionnement du département. Après, il observe si ça marche. Et si ça ne marche pas, il change tout.

(1) Le prénom a été modifié, à la demande de l’intéressée.



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