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16 / 06 / 2025 | 17 vues
Eric Peres / Abonné
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Entreprises, IA et cadres: Des usages toujours plus ancrés

L’Apec a publié une étude consacrée à la perception et à l’usage de l’intelligence artificielle par les cadres et les entreprises. Réalisée auprès de 2 000 cadres et 1 000 employeurs, elle met en évidence une évolution nette des représentations et pratiques autour des outils d’IA générative.

 

Une adoption croissante dans les entreprises

 

L’enquête révèle une progression significative de la reconnaissance de l’utilité des outils d’intelligence artificielle par les entreprises, en particulier les grandes structures. En mars 2025, 76 % des entreprises de 250 salariés et plus considèrent l’IA comme utile pour leurs collaborateurs, soit une hausse de 14 points par rapport à juin 2024. Cette perception reste majoritaire dans les PME (55 %), tandis qu’elle demeure plus partagée dans les TPE (49 %).

 

Cette adhésion croissante s'accompagne d'une politique plus volontariste : 53 % des grandes entreprises affirment aujourd’hui accepter ou encourager l’usage de l’IA, contre 30 % un an plus tôt. Les PME et TPE enregistrent également des hausses (respectivement 46 % et 41 %), même si près d’un quart des entreprises n’ont pas encore abordé ce sujet en interne.

 

Des cadres mieux informés et plus impliqués

 

L’usage des outils d’IA générative est désormais intégré dans la pratique professionnelle d’un nombre croissant de cadres : 35 % les utilisent au moins une fois par semaine. Cet usage est plus répandu chez les moins de 35 ans (42 %) et chez les managers (42 % également). Une majorité d’entre eux déclare par ailleurs le faire en toute transparence vis-à-vis de leur hiérarchie.

 

Les bénéfices identifiés concernent avant tout l’efficacité et la productivité (90 %), mais aussi l’amélioration de la qualité (82 %) ou encore le développement d’idées nouvelles (80 %). Ces résultats traduisent une appropriation fonctionnelle des outils par les utilisateurs réguliers.

 

Encadrement et structuration des pratiques

 

Les entreprises, notamment les plus grandes, tendent à encadrer l’usage de l’IA par des documents de référence. En mars 2025, 33 % des structures de 250 salariés et plus déclarent avoir mis en place une charte ou un guide de bonnes pratiques, contre 15 % en juin 2024. Ce chiffre descend à 10 % dans les PME et 6 % dans les TPE.

 

Quant à l’accès aux outils, seuls 21 % des grandes entreprises proposent aujourd’hui un abonnement à un outil d’IA générative comme ChatGPT ou Microsoft Copilot à leurs collaborateurs. Ce taux reste limité dans les PME (15 %) et les TPE (10 %), bien qu’en progression depuis l’année précédente.

 

Une attente forte en matière de formation

 

Malgré cette évolution des usages, seuls 24 % des cadres ont suivi une formation à l’intelligence artificielle, un chiffre en légère progression par rapport à janvier 2024. Cette proportion tombe à 18 % s’agissant des formations directement liées à l’application de l’IA dans leur métier.

 

Dans le même temps, les attentes sont en forte hausse : 72 % des cadres expriment aujourd’hui le souhait de se former à ces outils, soit une augmentation de 12 points en un an. Ce désir de formation concerne toutes les tranches d’âge, y compris les plus de 55 ans (65 %).

 

Des effets anticipés sur les métiers

 

Les cadres sont 42 % à penser que l’intelligence artificielle aura un fort impact sur les métiers de cadres en général (+11 points depuis février 2023), et 35 % estiment que leur propre métier sera concerné (+10 points). Ces anticipations témoignent d’une prise de conscience croissante des enjeux liés à la transformation des pratiques professionnelles.

 

Enfin, la perception de l’IA évolue également dans son appréciation globale : 37 % des cadres considèrent ces outils comme une opportunité pour leur métier, contre 22 % qui y voient une menace. Le solde entre opinions positives et négatives est ainsi passé de -8 à +15 points entre mai 2023 et mars 2025.

 

Lien vers l’étude : urlr.me/XFqn5s 

 

 

IA générative: 25 % des emplois potentiellement impactés 

 

 

C’est le chiffre du moment : un quart des emplois dans le monde est potentiellement concerné par l’essor de l’intelligence artificielle générative. C’est ce que révèle une nouvelle étude de l’OIT, qui publie un indice mondial révisé d’exposition des métiers à ces technologies. L’analyse met en lumière de fortes disparités selon les secteurs, les sexes et les niveaux de revenu des pays.

 

Une technologie aux effets de plus en plus visibles sur le travail

 

L’Organisation internationale du travail (OIT) actualise en 2025 son indice global d’exposition des métiers à l’intelligence artificielle générative (GenAI), en intégrant les derniers progrès technologiques et une meilleure connaissance des outils par les utilisateurs. L’étude repose sur l’analyse de 29 753 tâches professionnelles recensées dans la classification polonaise des métiers à six chiffres, compatibles avec la nomenclature internationale ISCO-08. Ce corpus a été évalué par 1 640 actifs en Pologne, soit 52 558 jugements sur le potentiel d’automatisation des tâches, complétés par des scores d’experts et une modélisation via des IA comme GPT-4o et Gemini Flash 1.5.

 

Sur cette base, l’OIT estime que 25 % des emplois dans le monde se situent dans une profession comportant un certain degré d’exposition à l’IA générative. Ce chiffre correspond à une transformation progressive des tâches, plus qu’à une automatisation totale. Pour affiner ce diagnostic, l’étude propose une typologie en quatre gradients d’exposition, allant du niveau faible au niveau élevé.

 

Clerical, numérique, féminin : les zones les plus exposées

 

Les professions administratives présentent toujours le plus fort niveau d’exposition. L’étude confirme également une hausse notable du potentiel d’automatisation dans certaines fonctions hautement numérisées, comme celles des professionnels techniques. Le gradient le plus élevé d’exposition (niveau 4) concerne 3,3 % de l’emploi mondial. Il touche 4,7 % des femmes, contre 2,4 % des hommes. Dans les pays à revenu élevé, ces écarts se creusent : 9,6 % de l’emploi féminin se situe dans le gradient 4, contre 3,5 % de l’emploi masculin.

 

Les écarts sont tout aussi prononcés selon les pays. Dans les pays à revenu faible, 11 % des emplois présentent une exposition à la GenAI. Ce taux atteint 34 % dans les pays à revenu élevé, traduisant un lien entre degré de développement numérique et potentiel d’automatisation.

 

Un outil pour anticiper les mutations du travail

 

L’étude a également affiné la méthode employée dans la version 2023 de l’indice, en intégrant un ajustement par des experts du monde du travail et une confrontation entre les évaluations humaines et les prédictions algorithmiques. Cette approche hybride permet une modélisation plus réaliste du potentiel d’automatisation à l’échelle mondiale, sans se limiter à des contextes nationaux spécifiques.

 

En se concentrant exclusivement sur les outils d’intelligence artificielle générative – et non sur l’IA au sens large – ce travail entend répondre à un besoin croissant de suivi précis de cette technologie émergente. L’objectif affiché est de fournir un socle de données robuste pour nourrir le dialogue social, appuyer les réponses politiques et anticiper les transformations du travail à venir.

 

Lien vers l’étude de l’OIT (en anglais) : urlr.me/b7V5f4 

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En 2024, 10 % des entreprises françaises de 10 salariés ou plus déclaraient utiliser au moins une technologie d’intelligence artificielle, contre 6 % en 2023. Cette progression, bien que significative, reste en deçà de la moyenne européenne (13 %). L’usage de l’IA s’avère fortement lié à la taille des entreprises et à la présence de cadres ou d’ingénieurs qualifiés.

 

Une adoption contrastée selon la taille et le secteur

 

L’usage de l’IA se concentre dans les grandes entreprises : 33 % des structures de 250 salariés ou plus y ont recours, contre 15 % dans celles de 50 à 249 salariés et 9 % dans les entreprises de moins de 50. L’écart entre les extrêmes s’est accru entre 2023 et 2024, passant de 16 à 24 points. Ces entreprises concentrent désormais 49 % du chiffre d’affaires total du champ étudié, contre 40 % en 2023.

 

Par secteur, l’IA est principalement mobilisée dans l’information-communication (42 %), devant les activités spécialisées, scientifiques et techniques (17 %). À l’inverse, elle reste marginale dans les transports, la restauration ou la construction, avec des taux d’usage inférieurs ou égaux à 5 %. Le secteur du commerce se situe à 10 %, contre 4 % un an plus tôt.

 

Des usages multiples selon les fonctions et les technologies

 

Les principales applications de l’IA relèvent du marketing (28 %), des processus de production ou de services (27 %) et de l’organisation administrative (24 %). Ces trois finalités ont toutes connu une hausse importante en un an. En revanche, la comptabilité recule légèrement, passant de 31 % à 25 % des entreprises utilisatrices.

 

Côté technologies, 44 % des entreprises mobilisent des outils d’analyse du langage écrit, 41 % du machine learning, 33 % des dispositifs d’automatisation, et 32 % des outils générant du langage. L’analyse révèle que 53 % des entreprises combinent au moins deux de ces technologies. Ce taux monte à près de 50 % dans les entreprises de 250 salariés ou plus.

 

L’environnement technologique joue un rôle clé

 

À caractéristiques comparables, une entreprise de 250 salariés ou plus a deux fois plus de chances d’utiliser l’IA qu’une de moins de 50. L’appartenance à un groupe multinational accroît aussi la probabilité d’usage (multipliée par 1,6). La composition des effectifs est également déterminante : les entreprises où les cadres techniques représentent plus de 15 % des effectifs ont 2,2 fois plus de chances d’utiliser l’IA.

 

Les entreprises utilisant l’IA sont plus équipées en technologies numériques : 46 % d’entre elles emploient du personnel spécialisé dans les TIC (contre 13 % pour les autres), et 40 % ont déclaré au moins un incident de cybersécurité (contre 23 %). Elles recourent aussi plus souvent à la réalité virtuelle ou augmentée (8 % contre 2 %).

 

Une France « à la traîne » dans l’Union européenne

 

Avec 10 % d’entreprises utilisatrices, la France reste en dessous de la moyenne européenne (13 %). Les écarts sont particulièrement marqués dans certains secteurs : le taux d’usage est inférieur de 8 points à celui de l’UE dans les entreprises françaises de plus de 250 salariés, et de 7 points dans le secteur de l’information-communication.

 

Des disparités régionales importantes existent également. Les taux d’adoption sont très bas dans les pays d’Europe de l’Est (3 à 7 %), mais bien supérieurs dans les pays d’Europe du Nord : Danemark, Suède, Finlande ou Pays-Bas affichent des taux compris entre 20 % et 28 %. La France se situe à un niveau similaire à celui de l’Espagne et de l’Italie.

 

Des logiciels souvent achetés « clés en main »

 

Dans 69 % des cas, les entreprises acquièrent des logiciels ou systèmes d’IA prêts à l’emploi dans le commerce. D’autres préfèrent le développement interne (23 %) ou la modification de logiciels libres (14 %). Ces choix varient selon les secteurs : dans l’information-communication, près d’une entreprise sur deux développe elle-même ses systèmes, contre six sur dix qui passent par des prestataires dans l’hébergement-restauration.

 

Étude en téléchargement ici : urlr.me/sgJ4Uc