Epargne salariale : Des primes en hausse, mais une couverture encore inégale
Selon une étude diffusée le 14 mai 2025 par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), en 2023, plus de 10 millions de salariés du secteur privé non agricole ont été couverts par au moins un dispositif d’épargne salariale, soit 52,2 % des effectifs. Ce chiffre, en léger recul par rapport à 2022 (-0,7 point), cache des disparités persistantes entre les secteurs, les tailles d’entreprise et les niveaux de rémunération.
Des dispositifs bien ancrés… dans les grandes entreprises
Le plan d’épargne entreprise (PEE) demeure le dispositif le plus répandu (44,3 % des salariés couverts), devant la participation (38,1 %), l’intéressement (34,6 %) et le plan d’épargne retraite collectif (Perco/PER collectif) en progression (26,7 %). Ces outils permettent aux salariés d’être associés aux performances de leur entreprise, dans un cadre fiscal et social incitatif.
Mais la diffusion de ces dispositifs reste très liée à la taille de l’entreprise. Moins d’un salarié sur cinq (18,1 %) en bénéficie dans les structures de moins de 50 salariés, contre 89,4 % dans les entreprises de 1 000 salariés ou plus. Les grandes entreprises au sens de la loi LME atteignent un taux record de 95,6 %. Cet écart s’est même creusé entre 2022 et 2023, les très petites entreprises voyant leur taux de couverture reculer de près de 2 points.
L’impact du niveau de salaire et du secteur d’activité
La couverture augmente aussi avec le niveau de salaire moyen de l’entreprise : 68,4 % des salariés sont couverts dans celles où la rémunération moyenne dépasse les 32 000 € bruts annuels, contre seulement 23,6 % dans les structures aux salaires plus modestes. Le clivage sectoriel est également marqué : seuls 23,4 % des salariés de l’hébergement-restauration ont accès à ces dispositifs, contre plus de 80 % dans les activités financières.
Une hausse des montants distribués malgré le ralentissement économique
Dans un contexte d’inflation persistante, les entreprises ont continué à verser des primes de participation, d’intéressement ou des abondements aux plans d’épargne. En 2023, 26,7 milliards d’euros ont été distribués, un montant en hausse mais à un rythme moins soutenu qu’en 2022. En tout, 8,9 millions de salariés ont perçu une prime, soit 45,2 % des salariés du secteur privé non agricole et 86,7 % des salariés couverts par au moins un dispositif de l’épargne salariale.
Des enjeux d’égalité et de diffusion à renforcer
Si l’épargne salariale reste un levier intéressant de partage de la valeur, les chiffres de 2023 soulignent la nécessité de renforcer sa diffusion dans les PME, les secteurs les moins couverts et auprès des salariés les plus modestes. L’élargissement de l’accès à ces dispositifs demeure un enjeu de justice sociale, dans un contexte économique où la question du pouvoir d’achat reste centrale.