Protection sociale: la vérité à géométrie variable
Le 15 avril le Premier Ministre tenait une conférence de presse qu’il avait intitulée « La vérité permet d’agir » dans le but d’expliquer aux Français les efforts qu’ils allaient devoir fournir - à hauteur de 40 milliards dans un premier temps - dans le futur budget au regard de la situation financière dans laquelle nous nous trouvons.
Après le Conclave, il reste sur une dialectique religieuse avec en quelque sorte une vérité révélée et donc unique.
Pourtant la vérité est à géométrie variable.
Ainsi oublie-t-il de préciser qu’il pourrait facilement trouver les 18 milliards qu’il réclame aux Français via la Sécurité sociale tout simplement en allant y puiser un tout petit peu des 80 milliards d’exonérations de cotisations patronales.
Chacun donc sa vérité dans cette guerre des arguments. Le MEDEF pour sa part vient d’affirmer que les aides publiques ne sont que de justes compensations face aux contraintes administratives et au coût du travail.
Chacun sa vérité.
Celle de Force Ouvrière c’est de mettre fin à ces milliards d’exonérations de cotisations sociales qui ne cessent d’augmenter chaque année.
La vérité ce n’est pas de s’attaquer à la santé des Français en leur imposant des jours de carence. La vérité ne se trouve encore moins dans la remise en cause de notre Sécurité sociale, l’année de ses 80 ans, en émettant l’idée qu’on pourrait rembourser des soins en fonction de ses revenus.
- Protection sociale parrainé par MNH
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La prise en charge des soins : un avenir menacé
Déjà 80 ans ! L’assurance maladie construite, à la sortie de la Grande Guerre, constitue aujourd’hui l’objet d’une scène théâtrale.
Dans cette pièce de théâtre, les politiques et les économistes sont des acteurs et les assurés sociaux de simples spectateurs.
Et pourtant ! à l’origine, la Sécurité sociale était le domaine strictement réservé aux organisations syndicales et c’est dans ce sillage que la démocratie sociale de 1945 à 1967 et le paritarisme de 1967 à 1996 ont
connu leur essor.
Rappelons que le système a bien fonctionné sous l’égide des organisations syndicales pendant vingt-deux ans, soit de 1945 à 1967.
Aujourd’hui, notre paritarisme est menacé au profit d’une étatisation rampante voire envahissante qui ne cesse d’asphyxier notre système de santé.
L’assurance maladie reste et demeure au cœur des principes de solidarité, un legs de notre système de protection sociale. Cet acquis ouvrier de la sécurité sociale est d’ailleurs inscrit à l’article 11, alinéa du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 qui dispose que la Nation : « garantit à tous, notamment à l’enfant, la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé ».
Cette égalité d’accès aux soins passe par une accessibilité financière des soins et suppose que les assurés peuvent accéder aux soins, sans être limité par leur coût. Aujourd’hui c’est 40% des Français qui renoncent à se faire soigner pour des raisons financières.
Cela ne surprend pas, puisque les droits des assurés sont constamment remis en cause, la liste est ici non exhaustive :
- Hausse du ticket modérateur de 30% à 40 % sur le dentaire,
- Doublement des franchises médicales et de la participation forfaitaire,
- Réforme du transport médical partagé,
- Baisse des indemnités journalières de Sécurité sociale,
- Menace sur l’Aide Médicale d’Etat,
- Menace d’instaurer une « taxe lapin »,
- Menace de supprimer le service médical,
- Atteinte au délai de carence en limitant à 3 jours la téléconsultation......