Organisations
SEB : une victoire pour les salariés
Les salariés du groupe électroménager Seb ont manifesté à côté de l’Assemblée nationale pour exiger le retrait d’une proposition de loi qui menace directement leurs emplois et leurs sites. Finalement , ils ont réussi à écarter la menace qui pesait sur eux.
Quoi de mieux qu’une batterie de cuisine pour battre la mesure du mécontentement lorsqu’on est salarié du groupe Seb ? C’est donc au son des poêles et casseroles transformés en percussions que plusieurs centaines d’entre eux, venus du siège d’Ecully (Rhône), des sites bourguignons de Tournus et Is-sur-Tille, de Rumilly (Haute-Savoie) ou encore de Lourdes (Hautes-Pyrénées), ont manifesté le 3 avril aux Invalides, à Paris, contre la proposition de loi défendue par le député Nicolas Thierry.
Fait assez rare pour être relevé, la direction du groupe était elle aussi de la partie, main dans la main avec les salariés et les organisations syndicales.
L’objectif du texte ?
Interdire le recours aux substances dites PFAS, plus connues sous le nom de « polluants éternels ». Il prévoyait également d’interdire l'utilisation des PTFE, des revêtements utilisés sur les poêles, qui sont l'essentiel des produits fabriqués sur les deux sites de Rumilly et Tournus, lesquels exportent près de 70 % de leur production.
Si classer abusivement ces PFTE parmi les polluants éternels ne présente pas d’intérêt au plan écologique, les conséquences seraient en revanche dramatiques sur le plan de l’emploi : cela pourrait entraîner la suppression de 3 000 postes en France.
Pour notre organisation et l’ensemble des acteurs du secteur électroménager, au premier rang desquels Seb et ses milliers de salariés, il ne faut pas jeter le bébé et l’eau du bain. Non seulement les fluoropolymères sont sûrs pour les consommateurs et l’environnement –Seb s’en est assuré en menant une politique de R&D audacieuse, ambitieuse et axée autour de la question écologique– mais leur interdiction brutale et dénuée de fondements menace jusqu’à 15 000 postes en Europe, et pour la France les sites de Rumilly et de Tournus.
Fort heureusement, cette mobilisation a entraîné un retrait pure et simple de l'alinéa du texte qui concernait les ustensiles de cuisine.
Le secrétaire général de la Confédération FO Frédéric Souillot a appelé à « ne pas opposer la fin du monde à la fin du mois », soulignant que c’était par le dialogue et non par une proposition de loi qu’il fallait se saisir des problématiques. Reprenant un des mots d’ordre de notre Fédération, il a martelé qu’il ne pouvait y avoir d’écologie sans industrie.
Le secrétaire général de la Fédération FO de la métallurgie Frédéric Homez s’est pour sa part indigné de ce qui constitue une nouvelle attaque contre l’industrie en France et a rappelé que, dans le combat qu’elle mène de longue date, notre organisation a mis la question environnementale au centre de ses réflexions, propositions et revendications. « Nous agissons pour concilier industrie et environnement, mais nous voulons aussi que cela se traduise par des relocalisations et la réindustrialisation de notre pays, et nous avons malheureusement trop souvent face à nous des décisions politiques destinées à produire l’effet inverse, ce que nous ne pouvons pas accepter », a-t-il tonné, appelant les responsables politiques à privilégier la voie du dialogue social plutôt que de légiférer aveuglement.
Avec Seb, nous avons un fleuron industriel tricolore de premier plan.
Nous en avons vu trop disparaître pour accepter sa mise à mort et celles des emplois qui y sont liées, d’autant qu’avec chaque emploi industriel direct qui s’en va, trois emplois indirects sombrent avec lui.
Si les députés ont finalement entendu les métallos, la vigilance demeure, car la disposition qu'ils ont combattue pourrait revenir sur le devant de la scène par d'autres voies...
NDLR: De son côté, la fédération de la Chimie FO avait vivement réagi en soulignant que "la défense de la santé n’est pas l’ennemie de la défense de l’emploi."..et qu'il importait de mener de front ces deux revendications. "Pour cela, avant de s’attaquer aux emplois, il est nécessaire pour la fédération de mener des études scientifiques fiables ainsi qu’une politique industrielle ambitieuse, mais aussi de restaurer les CHSCT, premiers garants de la santé des salariés qui en fabriquent ou les utilisent, en première ligne s’il en est. Mais en aucun cas de mettre à la rue des milliers de salariés"