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12 / 09 / 2023 | 96 vues
Alexandre Rault / Abonné
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L’« affaire Buitoni »: Un énorme gâchis social et économique

L’« affaire Buitoni » aura eu raison de l’usine SPAC de Caudry où étaient fabriquées les pizzas de la gamme Fraîch’Up. Après plus d’une année à réitérer des demandes investissements et mettre le groupe Nestlé face à ses responsabilités sanitaires et sociales, la FGTA-FO et le syndicat FO SPAC ont négocié au plus près un PSE assurant les meilleures garanties possibles aux 140 salariés victimes de la fermeture de l’usine.

 

Un énorme gâchis social et économique

 

Le scandale sanitaire lié aux pizzas de la gamme Fraîch’Up, suspectées d’avoir provoqué la mort de deux enfants et l’intoxication de dizaines d’autres par la bactérie Escherichia coli, a éclaté le 18 mars 2022.

 

Les salariés avaient pourtant alerté, notamment par le relais des organisations syndicales, sur les problèmes d’hygiène et le besoin criant d’investissements. Victimes de l’incapacité de la direction de la SPAC et du groupe Nestlé, propriétaire de l’usine, à assumer leurs responsabilités malgré une situation largement bénéficiaire, les salariés se sont retrouvés en première ligne face à la vindicte populaire. La SPAC a alors rappelé les produits suspects et fermé deux lignes de production.

 

Pendant cette période difficile pour tous, la préfecture a arrêté l’activité de la SPAC. Notre syndicat  a alors négocié un avenant à l’accord d’annualisation du temps de travail, rendant possible le paiement des salaires par Nestlé pendant la période de fermeture lors de laquelle des travaux de modernisation seront enfin effectués.

 

Hélas, le mal était fait et l’image des pizzas Buitoni était définitivement écornée ! En mars 2023, la direction annonçait lors d’un CSE que les négociations commerciales n’avaient pas permis d’obtenir les volumes espérés. La direction proposait alors deux options : réduire la voilure sur le site ou bien fermer l’usine.

 

Pour la FGTA-FO et le syndicat FO SPAC, il n’était pas question que les salariés paient les errements du groupe Nestlé. Le 13 mars, une manifestation importante se tenait à Caudry en présence des salariés, de leur famille, des élus locaux et des habitants. M. Roland Lescure, ministre de l’Industrie, recevait une délégation syndicale le lendemain.


Tout en appréciant ce soutien, notre organisation syndicale  attendait néanmoins des engagements concrets. Ceux-ci devraient prendre la forme d’un fonds d’aide à l’emploi dans la région (les usines sucrières sont elles aussi menacées de fermeture). Bien loin de convaincre Nestlé de revoir ses plans…

 

Un coup de massue

 

Le 30 mars 2023, Nestlé annonçait par voie de presse la fermeture du site. En réponse, par l’organisation d’une manifestation le 5 avril devant le siège de Nestlé à Issy-les-Moulineaux, montrait sa détermination à négocier un PSE à la hauteur du préjudice subi par les salariés, et conforme aux moyens du groupe qui a dégagé un bénéfice net de 9,4 milliards d’euros en 2022.

 

Les négociations avec Nestlé s’annonçaient difficiles. La FGTA-FO a mobilisé ses experts et son expérience pour épauler son syndicat. Laurent Rescanières, Secrétaire général, Didier Pieux, Secrétaire fédéral, David Le Doussal, Coordinateur FO groupe Nestlé, et Stéphane Derammelaere, Délégué syndical, sont allés sur le front aux côtés des salariés.

 

Un PSE bien au-dessus du minimum légal

 

Stéphane témoigne : « Lors de la première réunion de négos, la direction est venue avec un livre 1 déjà validé par la DREETS. De ce fait, la direction a toujours fait du chantage aux élus en indiquant que, si nous allions trop loin dans les négos, elle appliquerait le livre 1. Toutefois, nous avons réussi à obtenir des mesures financières et des mesures concrètes pour garantir l’accompagnement des salariés après la fermeture du site programmée pour le 31 décembre 2023.

 

Nous avons obtenu finalement :

 

  • Environ 4 000 euros supplémentaires sur chaque palier sur les primes de mobilité interne pour ceux qui souhaitent rester chez Nestlé sans déménager.
  • Une période d’adaptation de 6 mois (contre 3 mois dans le livre 1)
  • Pour le créateur d’entreprise, une prime de 35 000 euros en 3 fois 15 000, 10 000, 10 000 (contre 20 000 euros dans le livre 1) + portabilité sur le plan de reclassement pendant 12 mois pour les – de 50 ans à 80 %
  • Le déménagement, une prime de 26 000 euros (- de 50 ans) 30 000 euros (+ de 50 ans, RQTH et parents isolés) pour ceux restant chez Nestlé et avant le 31 décembre 2023.
  • Une prime pour financer le permis de conduite B : 2 500 euros (contre 1 500 euros dans le livre 1)
  • Une incitation à la reprise du travail jusqu’au 31 décembre 2023. Le CDI du salarié est suspendu (si les 2 mois d’essai ne se passent pas bien, il revient en CDI à la SPAC) il percevra 50 % de son salaire jusqu’à décembre + 60 % du salaire du plan de reclassement.
  • Un différentiel de loyer 600 euros (contre 400 dans le livre 1)
  • Une allocation mensuelle de salaire pour le conjoint si déménagement de 600 euros /12 mois + aide à la recherche d’emploi par un cabinet. »

 

Tout au long de cet épineux dossier, qui marquera durablement l’ensemble des salariés, notre organisation syndicale  aura assumé sa position de syndicat majoritaire. Après avoir imposé un rapport de force pour négocier des garanties bien supérieures aux propositions initiales de la direction, la FGTA-FO a pris ses responsabilités et a signé ainsi que la CGC-CFE et l'Unsa en juillet dernier les mesures d’accompagnement du PSE qui concerne 118 salariés (y compris ceux du siège parisien).

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