La Cour des Comptes se penche sur l'attractivité du métier d'enseignant
La Cour des Comptes vien de publier récemment un rapport sur le devenir du métier d'enseignant, en s'attardant plus particulièrement sur la formation initiale et le recrutement des enseignants des premeir et second degrés.(*)
Les auteurs de ce rapport soulignent ou confirment nombre de constats déjà mis en avant:
- Les signes de perte d’attractivité du recrutement des enseignants se renforcent. Les facteurs de cette perte d’attractivité sont multiples, parfois d’ailleurs situés en amont des processus de recrutement, comme la baisse du nombre des étudiants dans certaines filières universitaires. Mais la dégradation de l’image du métier enseignant, ses conditions d’exercice et sa rémunération pèsent aussi largement sur son attractivité, comme le confirme le sondage réalisé par IPSOS à la demande de la Cour
- Une difficulté croissante de recrutement, particulièrement sur certains territoires et dans certaines disciplines
- Sur la période 2017-2021, sur la base des postes non pourvus aux concours enseignants externes, en moyenne annuelle, il aurait manqué un peu plus d’un millier de postes (1 110), entraînant le recrutement de professeurs non-titulaires. L’année 2022, exceptionnelle par la mise en œuvre de la récente réforme, a conduit au recrutement d’environ 4 500 nouveaux contractuels.
- Une articulation entre formation initiale et recrutement insatisfaisante depuis la mastérisation, et que la réforme de 2019 n’a pas réussi à stabiliser
- Aussi, convient-il de tirer, pour la Cour des Comptes, toutes les conséquences des réformes engagées pour construire une politique performante de formation et de recrutement
Les recommandations du rapport précisent les niveaux auxquels elles s'adressent et portent sur :
Des mesures de nature à améliorer le recrutement
- Ouvrir davantage de postes et de sections aux troisièmes concours afin de diversifier les viviers de recrutement au profit des publics en reconversion professionnelle (ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse).
- Dans les académies en difficulté et les disciplines en tension, permettre au recteur de recruter des enseignants sur des contrats de moyen terme sur le fondement de leur diplôme (master, en particulier MEEF) et sur entretien, en les accompagnant par une formation adaptée, avec engagement des candidats à rester en poste pour la durée de leur contrat (ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse).
- Pour compenser le manque d’attractivité de certains établissements des académies de Créteil et Versailles, permettre aux recteurs de mettre en œuvre de façon ciblée des mesures et moyens financiers spécifiques (ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse).
Des mesures de nature à améliorer la formation initiale
- Instaurer pour les enseignants contractuels une formation obligatoire d’au moins une semaine avant une première prise de poste et intégrer pleinement les contractuels aux actions d’accompagnement et de formation des nouveaux enseignants lors de leurs premières années d’exercice (ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse).
- Construire avec les acteurs universitaires et académiques un continuum de formation sur cinq années conduisant au professorat des écoles, sur la base de licences professionnalisantes spécifiques permettant l’accès au master MEEF (ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse).
- Sous l’impulsion des directeurs d’école et chefs d’établissement, inscrire l’accueil et l’adaptation à l’emploi des nouveaux enseignants dans les projets d’école et d’établissement (ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse).
Des mesures de gestion et de pilotage
- Publier le bilan de la session 2022 des concours pour apprécier la professionnalisation effective des épreuves et évaluer à l’automne 2023 la pertinence des modalités retenues pour l’année de stage des lauréats de concours (ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse).
- Reprendre et mener à leur terme les travaux permettant aux INSPE de disposer de budgets de projet fiables (ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse).
- Identifier les coûts de formation initiale et distinguer dans les documents budgétaires les dépenses de formation initiale de celles de formation continue (ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse)
Au moment où les discussions doivent s'engager avec les syndicat d'enseignants dans un climat social particulièrement tendu, les éléments de ce rapport tombe à point nommé pour nourrir les réflexions et les décisions.
(*) Le rapport de la Cour des comptes: