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07 / 04 / 2021 | 152 vues
Mireille Herriberry / Membre
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Télétravail et dialogue social au sein du secteur bancaire : le jeu du chat et de la souris

Nous ne sommes pas dans le sympathique jeu du chat et de la souris tel que Tex Avery le mettait en scène dans ses célèbres dessins animés mais plutôt dans un jeu malsain mené par les employeurs de la profession bancaire au niveau des branches.

 

Notre organisation syndicale a toujours prôné l’ouverture de négociations au niveau des branches professionnelles, notamment sur le télétravail et le travail à distance puisque ce domaine affecte l’activité des salariés. Ce sujet de négociation prend tout son sens en cette période de crise sanitaire et l’accord national interprofessionnel qui pose les bases en la matière doit être décliné dans les branches. Les deux dernières réunions organisées sous l’égide du Ministère du Travail soulignent le côté ubuesque des écarts entre l’intention et la réalité. Ces réunions en présence de représentants des branches patronales des secteurs de l’assurance, des banques et des services, de représentants syndicaux des organisations syndicales de ces mêmes secteurs, avaient pour vocation de faire le point sur la situation du recours au télétravail, sur fond de crise sanitaire qui se pérennise…

 

Ces dernières semaines, la communication du Ministère du Travail n’a cessé de cibler les banques comme « mauvais élèves » en termes de recours au télétravail. Néanmoins, lors des préambules des deux réunions sur ce thème, Élisabeth Borne s’est attachée à désamorcer ces mises à l’index en pondérant ses propos…

 

La représentante des employeurs de la profession bancaire s’est positionnée en victime d’un « délit » d’atteinte à l’image du secteur bancaire et a redoublé de déclarations vantant les banques comme vertueuses en termes de soutien à l’économie, comme acteurs indispensables à la future relance ou encore entreprises « socialement responsables » envers les salariés (notons qu’une organisation syndicale s’est calquée sur ses positions).

 

Pour FO banques et sociétés financières, la liberté et l’indépendance syndicale, d’une part, et le fondement de nos actions, de l’autre, nous dictent toujours de nous placer dans les axes de défense des intérêts matériels et moraux des salariés.

 

Pour nous, il est essentiel de dénoncer la différence de traitement entre les salariés du réseau et ceux des services centraux/« back offices » sur le plan du recours au télétravail. Nous avons également rappelé que la notion de droit à la déconnexion était indissociable du télétravail et du travail à distance. Le problème  principal n’est pas de se lamenter sur l’image du secteur bancaire mais bien d'instaurer des conditions de travail décentes, protectrices et respectueuses tant pour les salariés en télétravail que pour ceux qui demeurent en présents sur place.
 

Il convient aussi de dénoncer l’attitude de certaines directions d’établissements bancaires qui n’ont pas baissé leur niveau d’exigence commerciale et d’objectifs et qui nient les effets psychologiques de toute cette pression sur leurs salariés. En effet, comment expliquer qu’en période de crise sanitaire majeure et de ralentissement économique significatif, des directions persistent à avoir des exigences aussi fortes en termes de réalisations ? Hors crise sanitaire, notre organisation syndicale s’oppose régulièrement aux pressions commerciales en tous genres, alors ces pratiques doivent plus que jamais être dénoncées et cesser.

 

Pour conclure, si les employeurs avaient accepté de travailler dans les branches professionnelles mais aussi dans les entreprises avec les représentants du personnel sur le recensement de toutes les tâches pouvant être traitées à distance pendant la crise, nous ne serions pas dans un tel flou artistique et avec autant de disparité d’un établissement à l’autre.

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