Organisations
Le fabuleux mépris d'Amélie pour les agents des finances publiques
Amélie de Montchalin, Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques a évoqué le lancement d’une « plate-forme de volontariat » pour que les agents publics puissent « prêter main forte » au cours de la crise.
En effet, selon la ministre, « certains agents ont parfois un peu moins de travail en ce moment parce que leurs missions sont ralenties ou parce que ils ont simplement du temps ».
Mais quels fonctionnaires ont du temps ? À cette question, Amélie de Montchalin répond : « Il y a des activités cycliques ; les impôts ça se prélève à un moment donné ».
Du temps, Madame la Ministre, vous en avez manifestement davantage que bien des agents de l’État et si vous en consacriez un peu à la lecture du dernier bilan social de la DGFIP, vous sauriez que les « agents des impôts » n’en ont pas suffisamment pour exercer leurs missions. C’est pour cette raison que, chaque année, le nombre d’heures écrêtées (autrement dit travaillées mais non payées et perdues par les agents) s’élèvent à plusieurs centaines d’équivalents temps plein travaillés (ETPT).
- Les agents de la DGFIP ne sont même pas en mesure de prendre l’intégralité de leurs congés et ils ont, en 2018 par exemple, été contraints de reporter près de 400 000 jours soit 250 ETPT sur l'année suivante.(*) Une situation qui, malheureusement se reproduit tous les ans.
« Prêter main forte » au cours de la crise, les agents de la DGFIP le font déjà et n’ont pas attendu la création de votre « plate-forme de volontariat ». Être en charge du Ministère de la Fonction publique et méconnaître les missions des agents de l’État à ce point relève au mieux de l’ignorance (et c’est inquiétant), au pire de la manipulation (et c’est effrayant !).
Leurs missions sont même au cœur du projet de loi de finances de 2021 et la DGFIP doit faire face aux priorités de relance de l’économie, de soutien des entreprises en difficulté et d’accompagnement des usagers sur fond de crise sanitaire dans un contexte récurrent de réduction de ses effectifs.
Elle doit également concilier les priorités contradictoires de maintien de la qualité du service public et de rétrécissement de son réseau. Dans certains milieux, c'est sans doute comme cela que l'on s’adresse à des domestiques. Ce n’est pas ainsi qu’un ministre s’adresse à des fonctionnaires d’État. Il n’était pas nécessaire d’ajouter l’insulte au mépris. Plutôt que de vous égarer sur des sujets que vous ne maîtrisez visiblement pas, vous devriez plutôt augmenter la valeur du point d’indice et renoncer aux réformes qui affaiblissent ou détruisent le service public et la fonction publique.
(*) Informations complémentaires
Le nombre d'heures écrêtées à la DGFIP en 2018 et correspondant à du travail gratuit s'élève à 425 813 heures, soit 265 ETPT (dernière information connue et issue du bilan social 2019).
Le nombre de jours versés par les agents de la DGFIP sur le CET en 2018 et correspondant à du temps de travail au-delà de la durée légale s'élève à 391 773,5, soit 244 ETPT.
Le total « temps gratuit donné à l'administration » plus « congés non pris qui correspond à du travail au-delà de la durée légale » s'élève à 509 ETPT en 2018.