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Le PSE annoncé par le laboratoire MSD ne répond pas à une nécessité économique
Soutenus par les élus locaux et après avoir été entendus par l’État, les représentants du personnel de l'intersyndicale FO, CFDT, CFE-CGC et CGT alertent sur l’aberration de ce PSE déclenché par un groupe dont les analystes financiers projettent le chiffre d’affaires à 52,1 milliards dans le monde avec une marge nette de 26 %.
Les représentants du personnel du laboratoire MSD réunis en intersyndicale réfutent le motif économique pour justifier le projet de réorganisation et de PSE du site de Riom (Auvergne).
Pour les représentants du personnel, le PSE annoncé par le laboratoire ne répond pas à une nécessité économique. Ce projet est tout sauf une restructuration pour raison économique pour ce groupe qui affiche une santé de fer dans une industrie pharmaceutique florissante. Parlons plutôt de stratégie et de choix d’allocation d’investissements.
« Avec un chiffre d’affaires de 46,8 milliards de dollars en 2019 et une projection de 52,1 milliards de dollars en 2021 selon les analystes financiers, le groupe MSD ne pourra pas se cacher longtemps derrière de faux arguments économiques ; c’est bien un choix stratégique et d’allocation d’investissement qui est à l’origine de ces licenciements, les chiffres parlent d’eux-mêmes », déclare Claude Dagois, secrétaire du CSE.
Les élus du CSE rappellent également que les résultats du groupe sont générés en France par la vente des médicaments et leur remboursement par les caisses d’Assurance-maladie et que le site de MSD Chibret a touché 2,7 millions de crédit d’impôt pour la recherche (CIR) en 2017, 2,6 millions en 2018, ainsi que 100 000 € chaque année grâce au crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).
« Comme tous les gros laboratoires pharmaceutiques, MSD ne rechigne donc pas à profiter de l’argent public et de la solidarité nationale », commentent les élus du CSE.
L’intersyndicale alerte sur les conséquences lourdes de ce PSE pour le bassin d’emploi déjà bien touché par de nombreux licenciements.
Le PSE annoncé prévoit la cession du dernier site de production du laboratoire et la fermeture du centre de recherche et développement pour la branche de la santé humaine. Hors vente, cette fermeture marquerait l’arrêt des activités en santé humaine du laboratoire en France, donc des compétences locales en la matière.
Après les PSE de Cristal Union, Luxfer ou Dietal, le bassin d’emploi serait avec le PSE MSD une nouvelle fois gravement touché. Les sous-traitants de la région seraient aussi victimes de cette réorganisation.
« En choisissant de se désengager du site de production de Riom, le laboratoire MSD sacrifiera plus de 200 postes avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer pour les familles et les sous-traitants locaux », déclare Claude Dagois, secrétaire du CSE des laboratoires MSD Chibret.
Dans ce contexte de crise, les représentants des salariés qui ont été entendus par l’État (Ministère de l’Économie et des Finances et le Ministère du Travail) et par les élus locaux, portent quatre revendications :
- aucun licenciement contraint, avec un PSE et des mesures à la hauteur du contexte exceptionnel afin de trouver une solution pour tous les salariés touchés ;
- des moyens pour une réindustrialisation locale rapide, toutes activités confondues ;
- des garanties, si le processus de cession du site à un sous-traitant est confirmé, pour la pérennité de l’activité, à travers un engagement du groupe à continuer à s’approvisionner sur le site et à y investir pour accueillir de nouvelles productions ;
- la participation de MSD, de l’État, des collectivités locales pour imaginer un projet de réindustrialisation en production pharmaceutique de grande ampleur, afin de garder et de renouveler le savoir-faire sur le territoire.
« À travers nos revendications, nous interpellons l’opinion publique sur les enjeux de ce PSE. Non seulement il faut arriver à sauver des emplois mais il faut aussi sauver l’investissement local et les compétences locales », conclut Claude Dagois.