Organisations
Fonction publique : interrogations sur les modalités de recrutement par concours
À un moment où de profondes réformes s'engagent dans la fonction publique, une note de la Fondation Jean Jaurès ne manquera pas de retenir l'attention. Celle-ci s'est plus particulièrement penchée sur les épreuves écrites des concours, barrière sélective à l’entrée, et plus particulièrement sur la dissertation de culture générale commune à la plupart des concours de la fonction publique.
Cette épreuve suscite des controverses sur la nature des compétences testées et leur neutralité vis-à-vis des connaissances implicites familiales depuis longtemps.
Dans cette note, Dominique Meurs (membre de l’observatoire de l’éducation) apporte un éclairage factuel sur les performances des candidats dans cette épreuve, selon leurs caractéristiques individuelles. Elle s'est appuyée sur les résultats obtenus par les candidats aux concours d’entrée des institut régionaux d'administration (IRA) pour démonter l’idée que le système serait fondé sur la « méritocratie ». Entre autres, il ressort que « la question de la sous-représentation des descendants d’immigrés dans la liste des admis se pose bien à l’écrit, non à l’oral ».
Pour l'auteur, la question peut donc s’exprimer ainsi : comment recruter dans la fonction publique en gardant l’avantage de procédures non discriminatoires, tout en sélectionnant les plus motivés et compétents, indépendamment de leur origine familiale ou de toute autre caractéristique ?
Et de conclure qu' « une voie possible et simple pour les IRA (et les concours similaires) serait de transformer l’épreuve de culture générale en épreuve sur dossier similaire au concours interne, dont on a vu qu’il n’y avait pas de différences dans les performances selon l’origine ».
« Toutefois, comme le public qui passe ces épreuves est différent (les candidats internes ont une expérience de la fonction publique), une réforme dans ce sens devrait être adossée à une enquête quantitative pour en tester les effets ».
« Un deuxième progrès majeur serait d’enregistrer systématiquement dans les dossiers d’inscription aux concours des informations sur le parcours antérieur des candidats, en y incluant les origines des parents. Ces informations ne seraient pas accessibles aux juries mais permettraient de mesurer régulièrement la neutralité de tout concours par rapport aux caractéristiques individuelles (sexe, âge, origine, handicap etc.) ».