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16 / 04 / 2019 | 305 vues
Secafi (Groupe Alpha) / Abonné
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Regards croisés sur les enjeux de santé au travail

Le 23 avril prochain, Secafi organise une conférence à Nancy, « Regards croisés sur les enjeux de santé au travail », articulée autour de deux temps forts : une table-ronde sur les effets des rythmes et du temps de travail sur les conditions de travail et une seconde sur les nouvelles technologies et les évolutions d’organisation et leurs conséquences en termes de santé au travail, avec des spécialistes de ces questions, Jean-Eudes Rabut, Jean-François Stich, Jean-Luc Molins, Jean-Martin Adam, Pierre Dulmet et Reynald Faget. En avant-première de cet événement, état des lieux avec Laurent Parisse, consultant Secafi, spécialiste des enjeux de santé au travail au bureau de Metz.
 

Vous avez décliné votre journée autour de deux thématiques bien précises, décrites ci-dessus, pour quelles raisons ?
 

Laurent Parisse : Nous sommes partis d’un constat qu'il reste beaucoup à faire pour sensibiliser sur la santé au travail dans nos entreprises et dans la société en général : les enjeux de la santé au travail semblent tous nous concerner, ainsi que nos gouvernants depuis plusieurs années, si l’on s’en tient aux discours. Pourtant, nous assistons simultanément à un dé-tricotage continu des dispositions du Code du travail sur ces questions, sans réelle prise de position, opposition ou remise en question. À cela s’ajoute le double développement, à rythme de plus en plus soutenu, d’un côté de ce que l’on appelle l'ubérisation du marché du travail et, de l’autre, des technologies, ce que l’on appelle la numérisation, dont l’inventivité, sur ce dernier point, même louable, n’est peut-être pas toujours cohérente avec les préoccupations de la santé au travail.
 

La santé au travail constitue ainsi, à nos yeux, l’exemple parfait du sujet annoncé régulièrement, haut et fort, comme prioritaire et, dans les faits, très peu valorisé, que cela soit dans les entreprises ou dans notre vie de tous les jours. Il remonte à la surface de temps en temps, comme c’est le cas aujourd’hui de l’amiante, du fait de la décision de la Cour de cassation d’étendre la reconnaissance du préjudice d’anxiété à l’ensemble des salariés exposés à l’amiante, même s’ils n’ont pas travaillé dans un établissement classé « amiante », ou comme cela peut être sporadiquement le cas d’affaires médiatisées de harcèlement au travail, voire de suicide.

Regards croisés sur la santé au travail

En revanche, les autres sujets de la santé au travail intéressent peu. Alors que nous devons préparer la transformation de nos organisations de travail, justement du fait de l’apparition de nouvelles formes d’emploi, de l’arrivée de jeunes générations, dites « génération Y » ou les « millennials », aux objectifs et priorités de vie très précis, résolument exigeants, de transformation de nombreux métiers…
 

Avec quelle prise de conscience dans les entreprises ?
 

Laurent Parisse : Les enjeux pour nos organisations de travail, quelles qu’elles soient, sont énormes et demandent une exigence d’analyse, de compréhension et d’appropriation qui doit être renforcée dans les débats publics ou dans les entreprises. Sans compter que, lors de nos missions d’expertise, nous constatons de très fortes disparités non seulement selon le secteur et la taille de l’entreprise mais également selon le territoire. Les grands groupes sont naturellement bien plus avancés sur ces questions, peuvent avoir engagé le dialogue avec les autres acteurs de la santé au travail et constitué des groupes de travail, des démarches innovantes. Autres cas que nous sommes amenés à rencontrer dans les entreprises, c’est la mise en place d’actions spécifiques après un suicide, cas extrême, mais qui existe et qui nécessite une réponse adaptée. Mais il aura fallu attendre ce drame pour que l’entreprise réalise qu’elle ne s’est justement pas saisie de ces enjeux de santé au travail...
 

C’est ce type de constats qui nous a incités à organiser cette journée, notamment avec l’ensemble des acteurs de la santé au travail (représentants du personnel, inspecteurs du travail et directions d’entreprise, institutionnels ou organismes spécialisés) du grand est, avec, bien entendu, une optique plus large d’ouverture à nos voisins régionaux.
 

Qu’en attendez-vous ?
 

Laurent Parisse : Que l’on parle haut et fort des enjeux de santé au travail, qu’ils occupent l'espace public plus et mieux ! Encore plus aujourd’hui, dans le cadre de la mise en place du comité social et économique (CSE) qui rassemble désormais les prérogatives du comité d’entreprise et du CHSCT et qui ne doit surtout pas amoindrir la place et la prépondérance des questions de santé au travail. Notre colloque se veut rassembleur, ouvert à toutes les parties prenantes sur un territoire, dans les entreprises ou organismes, dans les associations, auprès de tous ceux qui se mobilisent pour qu’elles soient plus et mieux traitées.
 

Nous avons convié à la tribune des spécialistes des questions des rythmes de travail et des technologies car, nous le sentons bien, tous ces outils, même s’ils peuvent apporter un vrai plus dans notre quotidien de salarié ou d’agent, sont intrusifs, ont des effets sur notre charge de travail, créent une réelle porosité entre vie professionnelle et vie privée etc. C’est ainsi que l’on parle de plus en plus de « technostress », mot barbare pour certains, mais qui recouvre une réalité de plus en plus prégnante. Jean-François Stich, que vous citez en introduction, présentera ses travaux actuels, notamment les conséquences de l’utilisation de l’e-mail. Dans la même logique de débat et d’échange de pratiques, Jean-Luc Molins présentera les résultats du baromètre Viavoice, réalisé pour l’UGICT, en partenariat avec Secafi, sur les attentes des professions techniciennes et intermédiaires, publié en mars dernier, et qui montre, entre autres, que 65 % des personnes interrogées placent « l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle » en tête de leurs priorités, devant le salaire, de l’ordre de 60 %. Chez Secafi, nous considérons qu’il faut aujourd’hui proposer des solutions durables pour les salariés, au-delà de la seule déconnection. Cette journée du 23 avril, qui rassemblera quelque 150 personnes, sera l'occasion d’échanger, de partager des expériences et les pratiques.
 

Ainsi, parmi les interrogations que nous soulèverons, citons pêle-mêle :
 

  • l’accompagnement au changement des salariés : comment faisons-nous en intégrant des données aussi évidentes que la culture d’entreprise, l’ancienneté, le sens au travail etc. ?
  • la prise en compte de la pénibilité au travail : quelles sont les opportunités de réduction qu’offre la technologie ?
  • les conditions de travail : quelles sont les attentes des salariés vis à-vis des progrès technologiques ?
  • la place du dialogue social : comment l’adapter dans les entreprises pour efficacement traiter des effets de la technologie ?
     

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