Organisations
Un passage aux 35 heures à reculons pour les salariés de la Macif
Actuellement, 90 % des salariés du groupe Macif sont à 31h30. Plutôt que d'aller dans le sens du progrès social et de l'histoire, la direction de la Macif a choisi la régression pour tous. Elle aurait pu et dû amener les 10 % des salariés restants au même niveau que les autres.
Le développement du numérique et de l'intelligence artificielle dans le secteur de l'assurance est en contradiction avec l'augmentation du temps de travail, contrairement à ce qu'affirme le DRH, Benoît Serre. Au contraire, il faudra travailler moins et repenser le travail.
Les élus CGT demandent 28h par semaine pour les téléconseillers (un métier très fatiguant mentalement) et craignent une augmentation des arrêts maladie et une souffrance accrue dans les centres téléphoniques lors du passage aux 35h.
Fatigue des salariés, pression sur les managers
La direction a fait le choix du retour vers le passé. Dans un récent article, le DRH de la Macif affirme que les 35 heures permettront d'augmenter le plages d'ouverture des agences. Il n'en sera rien puisque les agences sont dejà pour la plupart ouvertes 35 heures. À noter que nombre d'agences sont en sous-effectifs et tournent très difficilement. Les salariés sont fatigués. Aussi, beaucoup d'entre eux choisiront, puisqu'ils le peuvent, une compensation en temps plutôt qu'une augmentation de salaire.
La direction commerciale exerce actuellement une pression sur les managers pour qu'ils poussent leurs équipes à choisir le passage aux 35h avec l'augmentation de salaire. Bien des salariés en agence n'en veulent pas, déjà fatigués qu'ils sont par la pression commerciale et les sous-effectifs, préfèrent garder du temps pour souffler.
Version édulcorée
La CFDT, qui a signé le nouvel accord, doit passer dans les services pour justifier le choix de sa signature et faire face à la grogne des salariés. Elle a même dû rédiger un tract demandant à la direction de respecter sa parole. On est loin d'un dialogue social exceptionnel !
La direction dit avoir fait le choix du dialogue pour le nouvel accord d'entreprise et être partie d'une feuille blanche. C'est évidemment faux puisque, dès le debut, un texte quasiment fini a été présenté aux organisations syndicales. La direction a parlé d'une version martyre. Autrement dit, elle partait de tellement bas que jamais en l'état aucune organisation syndicale n'aurait signé cet accord.
D'ailleurs, la CFE-CGC a dans un premier temps refusé de signer le nouvel accord d'entreprise. Aussi, il n'y avait pas de majorité. Le DRH a denoncé l'accord d'entreprise existant et la CFE-CGC a finalement accepté de signer. On est loin de la version édulcorée décrite par la direction.
La CGT a fait de nombreuses propositions. Bien sûr dans le sens du respect des salariés et de leurs conditions de travail. Au vu des reculs nombreux et injustifiés de cet accord, les élus CGT ne pouvaient accepter de signer cet accord.
Le sens même du travail à la Macif est remis en cause.
Si elle avait appliqué la convention collective comme elle le menaçait, la direction aurait dû augmenter les salaires de 11 % et, ça, elle ne le voulait pas. La direction augmentera donc les salaires de 8 % pour ce passage à 35h. Enfin, les augmentations de salaire seront basés quasi uniquement sur les surperformances des salariés. Les augmentions basées sur l'experience et les qualifications de métiers sont en passe de disparaître.
C'est le sens même du travail à la Macif qui est remis en cause. La DRH parlait de temps supplémentaire pour former les salariés. Il n'en sera rien. Des formations uniquement commerciales et une perte de technicité des salariés : voilà ce qui se passera réellement.
Il est déjà prévu que les conseillers travaillent 37h par semaine avec, chaque matin, une arrivée 15 minutes avant l'ouverture pour motiver les troupes à vendre encore et toujours plus. La direction de la Macif aurait pu faire le choix d'innover avec ce nouvel accord d'entreprise, elle choisit de copier le modèle des bancassureurs.
Les élus CGT attendaient beaucoup mieux de la part d'une entreprise de l'économie sociale en bonne santé et sans actionnaires.