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20 / 06 / 2018 | 141 vues
Laurent Dupont / Membre
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L’OCIRP, organisme en péril ?

L’Organisme commun des institutions de rente et de prévoyance (OCIRP), fondé en 1968, assure en rentes 6 millions de contrats salariés en cas de décès. Riche de près de 500 millions de fonds propres, à la tête de plus 2 milliards de placements, cette union d’institutions de prévoyance (IP), si elle a fait pendant 40 ans les belles heures du modèle paritaire, semble aujourd’hui en passe délicate. Face à une concurrence exacerbée, la nouvelle direction n’a, semble-t-il, d’autres fonctions que d’orchestrer le dépérissement annoncé de l’institution.  

Une direction peu concernée ?

Il y a un an, Francis Bloch quittait ses fonctions de directeur général de l’OCIRP. Pour le remplacer, le conseil d’administration décidait de faire confiance à Pierre Mayeur. Cette décision était-elle éclairée de l’information selon laquelle ce diplômé de droit public, ex-conseiller social du Premier Ministre François Fillion, ex-directeur de la CNAV, est toujours, à ce jour, administrateur principal du Sénat en ultime détachement jusqu’au 4 juillet 2020 ? Une double casquette qui, en interne, ne rassure pas. Plutôt que sur son expérience (ou plutôt son manque d’expérience) dans le secteur de la prévoyance, la décision de faire appel à Pierre Mayeur a-t-elle reposé sur sa capacité à rebondir en cas de dissolution de l’OCIRP ?

Une hypothèse que renforce la nomination de Sabine Leboulanger pour l’épauler dans ses fonctions, en tant que directrice générale déléguée. Fondatrice associée du cabinet de conseil SLB Partner, Sabine Leboulanger est non seulement toujours en activité en parallèle mais a rejoint l’OCIRP en CDD. Autant de signaux peu rassurants, renvoyant l’image d’une institution à l’avenir incertain, dont la gouvernance est confiée à des personnalités ne souhaitant pas s’y consacrer à 100 %.

Quelle est la véritable mission de ce duo ? Quel avenir réserve-t-il à l’OCIRP, l'un des derniers bastions paritaires de notre protection sociale ? « Cap 2020 », le plan stratégique qu’il met en place, semble aussi mystérieux qu'inquiétant. Censé, de l'aveu de Pierre Mayeur, permettre à l’institution de « gagner en agilité et en réactivité », il se consacre davantage à l’aspect technique assurantiel qu’au développement commercial et ressemble beaucoup à un plan de rigueur, les budgets de fonctionnement ayant été réduits et le poste de directeur de développement n’ayant pas été remplacé.

Censure des clauses de désignation : l’OCIRP vidé de sa substance ?

Pour comprendre comment l’OCIRP, organisme jadis prospère, en est arrivé là, il faut remonter à une décision du Conseil constitutionnel datant de 2013. Le 13 juin de cette année-là, les Sages ont décidé d’abroger les clauses de désignation en protection sociale du Code de la Sécurité sociale, permettant jusqu’alors aux partenaires sociaux, qui administrent l’OCIRP, d’imposer à toutes les entreprises d’une convention collective de s’assurer auprès d’un ou plusieurs organismes assureurs choisis par accord collectif. Traduction : la décision du Conseil constitutionnel ouvre à la concurrence privée un marché autrefois captif, réservé. L’OCIRP sera désormais en concurrence avec des institutions de prévoyance, des assurances et des mutuelles.

Depuis plusieurs années, pour maintenir son niveau commercial avec ses membres IP, distributeurs de ses rentes, mais dont l’intérêt pour lui se délite l’OCIRP, organisme à but non lucratif, procède à des redistributions sous différentes formes : réassurance, frais de gestion, action sociale, clauses de compensation, clauses de partage de sort etc. En tout, ces mécanismes s’élevaient déjà en 2014 à 30 millions d’euros (ce chiffre annuel pourrait avoir doublé depuis). Humanis, premier apporteur d’affaires de l’OCIRP, en serait le principal bénéficiaire et cela ne devrait pas s’arranger. Grâce à son rapprochement avec Malakoff Médéric, les deux groupes de protection sociale réunis pèseront pour plus de la moitié des cotisations encaissées par l’OCIRP (et donc de ses fonds propres)… Cette fusion ne risquerait-elle pas de transformer l’OCIRP de machine à cash en cadeau de mariage, poussé par des intérêts court-termistes ?

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