Place du chef, combativité, vision d'entreprise et critique du tout « bien-être »… Philippe Schleiter, dans son ouvrage Management, le grand retour du réel, prône un sursaut de pragmatisme dans un monde économique de plus en plus hostile et pousse dans leurs derniers retranchements les théories managériales hors-sol imaginées dans les salons feutrés.

En 2008, la crise des subprimes a ouvert les yeux de tous sur une économie de marché qui nous échappe. La mondialisation financière et la spéculation à outrance érigées au rang de modèle économique ont porté un coup terrible à l'économie mondiale. Outre les fautifs (trop) rapidement identifiés, cette crise a obligé tout le monde à une remise en question profonde dans la manière de concevoir l'entreprise et le marché, la formation des cadres et le management.

Mais les leçons en ont-elles vraiment été tirées ? Un point que réfute sans ambiguïté Philippe Schleiter, conseiller auprès de directions générales depuis plus de quinze ans et lui-même entrepreneur passionné d’industrie. Il estime ainsi que les écoles de management et de commerce continuent de produire un prêt-à-penser illusoire et inefficace : entreprise sans chef ni hiérarchie, pseudo-maternalisme managérial qui se soucie davantage de la décoration de la salle de pause que de partager une réelle vision de l'entreprise, aversion pour toute forme de risque ou de combativité...           

La réalité est rude et pour Philippe Schleiter, c'est le courage de l'accepter qui fait défaut aux théoriciens du management horizontal. Selon l’auteur, la peur préside trop souvent aux décisions des dirigeants d'entreprise et le principe de précaution est devenu un véritable syndrome. En outre, le court-termisme est devenu la règle et les managers n’allouent ni le temps ni les moyens nécessaires au développement d’une véritable vision d'entreprise. Mais surtout, le management efficace ne peut être le fruit d'une idéologie produite à la chaîne dans les grandes écoles. Bien au contraire, c'est l'épreuve de la réalité qui a poussé Philippe Schleiter à nous livrer sa vision de l'entreprise, en tant que construction sociale, c’est-à-dire une vision de l'homme au travail.

Chef d'entreprise et consultant depuis quinze ans, il affirme dans son ouvrage que les théories modernes de management ont fait leur temps sans faire leurs preuves et que le moment est venu de revenir au réel. Décliné en quinze cartouches en guise de conseils pour mieux armer managers et travailleurs en entreprise, ce livre nous rappelle notamment le rôle indispensable des vrais chefs visibles et courageux et l'importance de la vision du dirigeant qui va au-delà du simple projet.

Dans un style précis et direct, Philippe Schleiter entend réhabiliter par exemple les vertus de combativité et de loyauté dans l'entreprise. Il bat aussi en brèche les idées reçues sur la « génération Y », réputée incapable d'engagement, et il montre que les jeunes cadres partagent avec leurs aînés les mêmes « aspirations intemporelles » de l'homme au travail. Loin d'être un ouvrage purement théorique, celui-ci est jonché d'exemples qui montrent que les hommes et les femmes en entreprise ont besoin de liberté et de défis davantage que de « bien-être » pour être heureux et performants.

« Non au maternalisme, oui à l'audace » : ainsi pourrait-on résumer l’idée-force de ce livre. Cette vision réhabilite la notion de direction au sens noble et tranche avec le politiquement correct du management calinothérapeutique des dernières décennies et ça fait du bien !