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Canal+ : 3 points de TVA contre de l’emploi relocalisé
La décision pourrait tomber lors l’examen de la loi de finance dont la discussion est en cours à l’Assemblée nationale. Nos députés pourraient décider d’alourdir la fiscalité de Canal+ en imposant le passage de 7 à 10 % du taux de TVA pour la commercialisation de nos produits.
Conséquence : plus de 100 millions d’euros de moins dans les caisses de l’entreprise (alors qu’elle subit de plein fouet une concurrence déloyale de Bein Sport et du Qatar) et qu'elle doit faire face à un marché en crise tout en assurant son avenir notamment par des investissements à l’étranger et la modernisation de ses outils de production et de diffusion.
Plutôt que de tacler encore Canal, nous proposons de relocaliser des centaines d'emplois en France…
Depuis plusieurs mois, Canal+ demande à ses prestataires de la relation clients de tirer sur leurs coûts. Seule solution pour ces prestataires : délocaliser, on appelle cela de l’« offshorisation »…
Aujourd’hui, plusieurs centaines de postes sont occupés au Maroc par des employés qui répondent comme ils peuvent aux sollicitations de nos abonnés. Évidemment avec un SMIC à 200 € mensuels en moyenne, le choix est vite fait ! Sur le fichier Excel de nos comptables au moins… Pour les autres, il n’est pas sûr que ce marché soit si rentable.
Car quand bien même nous aurions les meilleurs formateurs (et c'est le cas en interne), quand bien même nous ferions de la permanence d’encadrement, le déficit culturel sera toujours difficile à combler, particulièrement dans nos domaines d'activités.
Même très bien formé, qui connaît le jeune Marocain de l’ADSL français, de la Catch Up TV, de Canal Play, des technologies de diffusion ? C’est déjà compliqué pour un Français de France, alors… Il est naturel que cela soit difficilement compréhensible pour des salariés qui ne baignent pas dans la culture du pays et que dire de nos programmes ? Expliquer nos déclinaisons, le satellite, les offres...
- Sans oublier le modèle salarial de ce pays, où le renouvellement ferait pâlir certains patrons français. Formés par Canal+, finalement embauchés par Orange, nous n'avons pas fini de former des cohortes de jeunes Marocains pour le plus grand profit de nos concurrents. Ce renouvellement ne se réduit pas seulement aux frais de recrutement et de formation mais aussi à la perte d'efficacité du démissionnaire durant la période précédant le départ et le coût de son remplacement.
Il n’y a donc pas de raison valable pour développer ces centres de relations clients à l’étranger. Le coût de la main d’œuvre (de 4 à 10 fois moins cher) ne doit pas nous faire oublier les inconvénients d’une telle opération, sur l’emploi avant tout mais aussi sur les affaires. Idem pour notre support informatique délocalisé en Pologne : ces emplois pourraient être déployés en France.
Que nos députés permettent à Canal+ de conserver son statut, de rester le navire amiral de l’audiovisuel en France, de favoriser son développement à l’étranger, de protéger la création, le cinéma, de défendre nos intérêts culturels nationaux. Pourquoi favoriserait-on par des mesures fiscales, nos concurrents financés par des États, fussent-ils bien implantés au cœur de la République ?
L’emploi, le rayonnement, le poids de l’audiovisuel valent bien 3 points de TVA. Moins d’emplois en « off-shore » contre le maintien d’une fiscalité raisonnable, un pari gagnant-gagnant.
De l’audace et de la créativité, notre syndicat reste disponible pour servir les intérêts de nos activités mais aussi l’emploi en France.