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Ryanair : des révélations internes et des procès en cascade pourraient mettre la compagnie à genoux
Les échos de la violente bataille à laquelle se livrent Ryanair et ses pilotes, sur fond de sécurité aérienne et de pressions psychologiques, ont retenti jusqu’en Suède. Pourtant, une autre révolte gronde en sourdine et pourrait toucher plus lourdement encore la compagnie irlandaise. Suivant le modèle du Ryanair Pilot Group, les hôtesses et les stewards de Ryanair commencent eux aussi à s’attaquer au transporteur. Les révélations explosives et les procès qui en découlent risquent très vite de mettre la compagnie en porte-à-faux.
Sécurité à bord : des conditions de travail potentiellement létales
Le coup de semonce a été donné par un membre du personnel navigant en cabine (PNC) anonyme, par le biais d’un site internet qui se spécialise dans les révélations sur la compagnie irlandaise (RyanairDontCare). Photos et mémos internes à l’appui, le site révèle que Ryanair aurait sciemment passé outre les règles de sécurité élémentaires prévues sur l’utilisation du matériel. Une campagne relayée sur Facebook et Twitter.
Selon le gérant du site, John Foley, la compagnie et l’Autorité irlandaise de l’aviation (IAA) seraient au courant des problèmes depuis 2011 et n’auraient toujours pas agi en conséquence.
Cet exemple est l’une des conséquences directes d’une politique managériale d’un autre siècle, comme le faisait remarquer le consultant Vincent Berthelot dans un billet de blog consacré au syndicat anonyme RPG. L’expert est clair : en l’absence de syndicats, les problèmes internes continueront à jaillir en externe. Les faits semblent lui avoir donné raison, avec l’émergence de lanceurs d’alertes et d’une culture grandissante de défiance : Ryanair serait-elle allée trop loin ?
Grande-Bretagne, Norvège, Belgique… Quand les anciens employés attaquent la compagnie
L’hôtesse de l’air contre le mastodonte du transport à bas coût européen : cela aurait dû être un combat perdu d’avance. Cependant, l’émergence d’une multitude d’affaires de ce genre impliquant des anciens membres du PNC et Ryanair ont changé la donne. En Grande-Bretagne, une jeune hôtesse de l’air a révélé à une députée que le contrat sous lequel elle était employée était un contrat « zéro heures », dont l’existence fait débat au Royaume-Uni. En Norvège, une autre hôtesse vient de gagner un procès lui permettant de poursuivre Ryanair devant les tribunaux locaux pour conditions de travail illégales.
Plus récemment encore, six anciens employés (une Belge et cinq Espagnols) ont attaqué Ryanair et son contractant Crewlink, avec le soutien du syndicat belge CNE. Les membres du PNC réclament 20 000€ de dédommagement. L’enjeu du procès, comme dans celui de Marseille en France, réside dans l’application du droit national en attendant que la législation européenne comble le vide juridique en matière de détachement du travailleur, en 2020.
Révélations et procès en cascade : deux menaces sérieuses pour Ryanair
L’association de fuites et de procès mettent la compagnie à bas coût en difficulté et la tendance n’est pas prête de s’inverser. Si la justice venait à conclure que Ryanair a effectivement bradé les conditions de sécurité ou de travail de ses employés, le préjudice qui en résulterait serait incommensurable pour la compagnie. Elle souffrirait autant de devoir se réajuster financièrement que de l’émergence d’une jurisprudence européenne protégeant (enfin) le salarié.
Les profits de Ryanair reposant partiellement sur un droit social inexistant et des coûts salariaux dérisoires, on peut légitimement se demander si la compagnie résisterait à une politique plus rétive à un modèle à bas coût ultra-libéral (ou illégal selon les interprétations).
Pire encore, la justice pourrait être amenée à condamner pénalement la compagnie, ce qui mettrait un coup de frein immédiat à sa « success story ». Autant de dangers dont Ryanair pourrait se prémunir en faisant amende honorable et en relançant le dialogue avec ses salariés.
Malheureusement, au vu de la récente intervention de Michael O’Leary en Suède (où une polémique autour de l’emploi des pilotes a forcé le PDG à se déplacer), il semble que la compagnie irlandaise vole avec des œillères…
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