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16 / 02 / 2012 | 14 vues
Richard Rigano / Membre
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Renault accélère la désindustrialisation de la France : une logique de disparition de la production automobile en France

En créant une nouvelle usine au Maroc, le constructeur Renault s'inscrit dans une logique de disparition irréversible de la production automobile en France. Compte tenu du parc automobile, produire en France peut être rentable mais ce n'est pas assez profitable aux yeux des actionnaires, dont l'État (15 % du capital).

On se souvient de l'histoire de la Logan, produite par Dacia, la filiale roumaine de Renault. Ce véhicule « low-cost », selon l'expression de plus en plus à la mode, devait être réservé aux pays de l'Est et aux marchés émergents. Résultat, il se vend particulièrement bien en France, comme la gamme Dacia qui a depuis étoffé son offre.

En faisant fabriquer son futur monospace au Maroc, à Tanger, Renault poursuit une stratégie de production au plus bas coût possible qui va conduire inévitablement à la disparition de toute production automobile en France. Or, l'industrie automobile était une spécialité historique de l'industrie française et en fait d'histoire, on risque de passer bien vite au musée...

Impossible de lutter avec des salaires mensuels de 250 euros. L'objectif de démarrage de la production de l'usine marocaine est de 30 véhicules/heure et il doit être doublé pour atteindre 60 véhicules/heure dès l'année prochaine. Compte tenu du marché africain, il est évident que cette production va rapidement envahir les marchés occidentaux, et notamment français puisqu'il est probable que le réseau national de Renault assurera la vente et l'entretien de la « lodgy », nom du futur monospace produit à Tanger.

  • Nous sommes en plein dans la logique formulée par « fabriqué par des esclaves pour être vendu à des chômeurs ». Ce qui est consternant, c'est d'apprendre que l'usine marocaine peine à trouver des ouvriers et des cadres compétents et que les premiers responsables embauchés n'ont aucune référence dans l'industrie automobile.

La direction de Renault est donc bien dans une stratégie de délocalisation de la production à tout prix. Que son président, Carlos Ghosn, se moque totalement des incidences de sa stratégie sur l'emploi et le tissu industriel français peut se comprendre, notamment à travers son parcours. Partisan de la mondialisation et d'un management par le stress, passant d'un groupe à un autre en percevant des rémunérations annuelles de plusieurs millions d'euros, il sera sans doute demain dans un autre pays, à la tête d'un autre groupe. Mais que l'État actionnaire, même s'il n'a pas la minorité de blocage (15 au lieu de 33 %) participe de fait à cette désindustrialisation du pays est lamentable.

L'absence d'une politique industrielle est criante et les profits d'aujourd'hui se font en hypothéquant gravement et irrémédiablement l'avenir. Un certain niveau de profit et de rentabilité permet à l'économie réelle de fonctionner au bénéfice du plus grand nombre, mais la recherche acharnée d'un niveau de profit supplémentaire casse complètement les activités industrielles, particulièrement celles utilisant beaucoup de main-d'œuvre.

La généralisation du « low-cost » n'est que l'écrasement impitoyable du coût du travail pour produire et vendre à moindre coût, tout en augmentant les profits des actionnaires et des dirigeants. Une sinistre imposture qui risque de durer.
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