Organisations
La prévention du stress ne suffit pas
C'est difficile à admettre pour un consultant mais il me semble honnête de préciser ma conviction que la prévention du stress ne suffit pas et ne suffira jamais. Non qu'elle soit inutile, bien sûr, mais elle ne peut, par construction, répondre à l'objectif d'éradiquer le stress et les risques psychosociaux au travail. Pourquoi ? Parce que les principales causes du stress trouvent leurs origines en dehors de l'entreprise. Pour s'en convaincre, il faut démonter pièce par pièce la mécanique du stress.
Partons de l'une des définitions : le stress est un trouble de l'adaptation aux événements chroniques qui sont perçus comme menaçant nos besoins fondamentaux.
Le processus met donc en relation un individu (et sa subjectivité) et l'événement perçu comme menaçant ses besoins.
Cette représentation offre deux perspectives dans le cadre du stress au travail :
- d'une part, accompagner les salariés dans leurs ressentis ou/et leurs représentations ;
- et d'autre part, réduire la probabilité d'apparition des agents de stress dans l'entreprise.
La première de ces perspectives de prévention est l'affaire des thérapeutes, la seconde, celle des préventeurs.
Si l'action de ces derniers doit être prioritaire pour la simple raison qu'il vaut mieux prévenir que guérir, ces deux modes d'action peuvent se compléter en fonction de l'urgence de la situation. La logique voudrait que l'on pousse l'analyse plus loin encore, en se demandant ce qui cause l'émergence d'agents de stress dans l'entreprise. Autrement dit, pourquoi l'entreprise génère-t-elle des agents de stress envers ses salariés ? Il y a plusieurs réponses à cette question, mais la plus importante à mon sens est que l'entreprise génère des agents de stress parce qu'elle est emprisonnée dans un écosystème dont les règles et modes de fonctionnements sont d'une violence inouïe.
- Ainsi, les salariés sont stressés parce que l'écosystème des affaires (économie et technologie principalement) génère un niveau d'incertitude que l'entreprise ne peut totalement absorber.
Sur le long terme, la prévention au niveau de l'entreprise offre des perspectives limitées si, en amont, le système continue à créer de l'incertitude (étant bien entendu que ces perspectives limitées valent mieux que rien). Pour résoudre le problème il faudrait monter un cran plus haut et changer les règles du système économique mondial.
Conséquences
- L'entreprise et les managers ne portent pas toute la responsabilité des RPS.
- Finalement, c'est au niveau macroéconomique que se joue la prévention durable des RPS.
- Dans l'attente d'une solution en amont, les deux leviers restants sont dans l'ordre, 1-l'organisation/les conditions de travail, 2- l'accompagnement des salariés.