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03 / 09 / 2010 | 3 vues
Sylvain Thibon / Membre
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Canal+ : le middle management dans la tourmente

En cette rentrée 2010, tous les services sont affectés par des mouvements : créations d'activités, comme cette nouvelle direction de l'expérience CANAL. Mutations, départs, mobilités, périmètres qui évoluent... ça bouge, qu'on se le dise !

Pour la première fois depuis une éternité, pas un secteur n'y échappe et cela concerne d'abord les « N-2, N-3 », ce middle management autrefois préservé et qui subit aujourd'hui le plus vaste mouvement depuis 2003.

Car ne nous y trompons pas, ce n'est que le début d'une longue aventure et la traduction dans les faits de ce que nous avions annoncé il y a 3 ans, lors ce la fusion avec TPS. Nous ne savions pas quand cela se produirait. Et bien voilà, nous y sommes.

Bien sûr, ces mouvements n'ont pas tous les mêmes causes encore que... La volonté affichée de renouveler le corps social de l'entreprise, claironnée depuis 5 ans, explique en partie cette évolution. C'est d'ailleurs ce qui nous a valu des échanges parfois musclés avec la DRH, considérant cette posture comme idéologique, éloignée des réalités opérationnelles, perverse sur un plan social et dénuée de toute approche scientifique, capable de nous prouver tout le bien que l’entreprise tirerait de cet politique.

Nous avons même trouvé des contre-exemples, en Allemagne par exemple, premier exportateur mondial, constitué d'entreprises au management plutôt stable, avec des salariés qui peuvent progresser de bas en haut de l’échelle… impossible en France, impossible à Canal+ aujourd’hui !

  • De plus, cette politique sociale de Canal+ contredit les engagements sociaux négociés au travers, par exemple, de l'accord « GPEC », sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, ou l'accord sur « le bien-être au travail », dernièrement discuté avec les représentants syndicaux.


Nous n'avons pas signé ces deux textes parce que nous savions pour l'un qu'il s'agissait de répondre à une obligation légale par un texte de façade, pour l'autre du fait de la pauvreté du texte et l'hypocrisie de la situation actuelle quand nous avons dû batailler dur ces 3 dernières années pour faire respecter a minima les droits de très nombreux salariés.

  • Ça bouge dans tous les sens, parfois un peu trop rapidement lorsqu'il s'agit de redessiner des périmètres d'activité ou d'affecter des salariés parfois un peu perdus dans ce mælström de rentrée...

Pourquoi ces mouvements… ?

C’est la vie classique de l’entreprise, direz-vous. Une entreprise qui ne se renouvelle pas est une entreprise qui s’endort… Reste à discuter de la méthode…

  • Mais c'est surtout un virage stratégique qui se dessine pour Canal+, sous la poussée de la numérisation totale de nos contenus et de nos réseaux (MIT), du développement des nouveaux modes de réception, de l'évolution des modes de consommations, de l'importance des réseaux sociaux etc.

 

La nouveauté ne doit pas balayer l'expérience


Bonne nouvelle : pour la première fois depuis longtemps, très longtemps, un grand manager du groupe a parlé de la nécessité de recruter du « senior » sur certains postes. Quelle révolution ! On verra ce qu'il entend par senior, mais que l'on puisse considérer à Canal+ que des projets novateurs puissent êtres portés par des salariés qui n’ont plus 25 ans, vous n'imaginez pas à quel point c'est une révolution…

Car depuis 5 ans, c'est d'abord le Bac+5 junior qui a la cote... Enfin, d'abord comme stagiaire, puis en CDD et enfin parfois en CDI. Il est normal de recruter du Bac+5, mais pas seulement… Et combien de compétences remerciées pendant ce temps ! Beaucoup de gâchis, c'est sûr.

Une nouvelle ère est-elle en train de s'ouvrir ? Impossible de le savoir avec certitude, mais ce qui est à l'œuvre démontre que certaines options et orientations sont enfin validées, que les silos seront cassés, au besoin par force.

Pas facile, mais déjà quelques résultats. Si en plus, cela s'accompagnait d'un traitement équitable, responsable, respectueux des salariés, alors, un nouveau monde pointerait son nez. En tout cas, à Canal+.

Mais ne rêvons pas, il reste du chemin à faire, et surtout le constat, encore et toujours, de vouloir pousser vers la sortie ces salariés qui dérangent, parce qu’ils sont plus âgés que la moyenne, parce qu’ils sont à la limite des périmètres nouvellement définis.

Il n’y a donc pas d’autres moyens, dans un groupe de 4 500 salariés comme Canal+, 80 000 salariés comme Vivendi, de favoriser les gestions de carrière sans que cela ne se termine systématiquement par un départ.

Middle management de Canal+, gare à toi !

 

La réorganisation de l’édifice est en route. Elle serra parfois douce, parfois beaucoup moins.

Si Canal+ pouvait innover sur le plan social comme elle le fait sur le plan technologique, en démontrant que la valeur humaine constitue le plus beau capital de l’entreprise, alors nous aurions franchi une belle étape, pour le bien de l’entreprise et, bien sûr, pour celui des salariés.

Cette nouvelle période va nécessairement s’ouvrir car on ne peut assécher indéfiniment le cœur de cette entreprise. Mais quand ? Il paraît que c’est pour bientôt. Patience...

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