La gestion du changement, radical dans son adaptation au marché, a conduit France Telecom Orange a développer un raisonnement exclusivement utilitariste dont les caractéristiques se traduisent par une approche coûts/bénéfices, axées sur les quotas, la recherche absolue de l’efficacité, une communication verticale… Les propos à cet effet d’Ivan du Roy, auteur d’Orange stressé illustrent clairement cette rationalité lorsqu’il affirme : « que c’est une combinaison d’éléments comme les méthodes agressives de management, les plans incessants de restructuration, les incitations permanentes au départ, la non-reconnaissance du travail des salariés » qui est à l’origine de cette crise.  Nous pourrions brièvement résumer les causes de cette situation d’exception, comme le résultat du couple transformation de la culture organisationnelle (fin) et radicalisation du raisonnement (moyen).

La question qui se pose est de savoir si le raisonnement utilitariste est le plus à même d’aider à la conduite d’un changement organisationnel ? Quid d’un raisonnement « éthique » qui, tout en intégrant la dimension utilitariste, a pour fondement la prise en compte des désirs, des besoins des individus, des moyens et des fins, des valeurs partagées et du dialogue. Une proposition dans ce sens a été faite par le directeur général de France Telecom, Stéphane Richard, pour l’établissement d’un dialogue social.

Des solutions axées sur les effets (symptômes) et les causes

Pour l’instant, les solutions, qui sont favorisées avec l’impulsion de l’État et de son plan de lutte contre le stress, concernent l’ensemble des dispositifs en matière de santé et sécurité au travail, la gestion du stress, d’organisation du travail etc. Bien que lesdites solutions soient opportunes dans la gestion des effets, elles nous semblent inadaptées comme réponses à la déstabilisation du système de valeurs.

Les besoins de France Telecom s’expliquent par la nécessité de faire le point et d’améliorer ses pratiques, tout en répondant aux exigences de l’État qui en est le principal actionnaire. À cet égard, l’éthique nous semble le mode de régulation approprié. L’implantation d’une démarche éthique requiert : 1) l’analyse du climat éthique organisationnelle, 2) la mise en place d’espaces de dialogue « éthique » pour faire émerger la pluralité des points de vue nécessaire à la résolution des problèmes, et 3) des formations permettant, entre autres, l’acquisition d’un raisonnement, d’aptitudes décisionnelles et d’un management éthiques. L’ensemble des solutions sur les effets et les causes de la crise doit être utilisé de concert, et ce avec l’implication des parties prenantes pour l’amélioration de la santé communautaire et la réalisation de la mission organisationnelle de France Telecom.

NB : notre analyse est synthétique et repose essentiellement sur des faits rapportés par les médias.