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Canal+ : ambiance sociale plombée... une réponse du président.
À la question que nous posions sur l'ambiance sociale lourde qui règne en ce moment à Canal+, Bertrand Méheut répond... qu'il n'est pas d'accord avec notre analyse !
Pour lui, les remontées qui lui parviennent démontrent au contraire que si tout n'est pas parfait, l'environnement social, va quand même bien…
D’ailleurs, regardez, dans les classements annuels des étudiants sur les leurs entreprises préférées. Canal+ conserve son rang, en très bonne place… C’est sûr qu’entre Toyota, la Raffinerie de Dunkerque et Canal+, le choix est vite fait…
Mais sur quelles bases se fonde cette affirmation ?
- « Sur la lecture des rapports d'étonnement » que chaque salarié recruté peut écrire après quelques semaines de présence.
B. Méheut nous affirme les lire tous !
Attention à ce que vous écrivez mesdames et messieurs les derniers arrivés! Ne commencez pas par vous faire remarquer, SVP !
Que notre président ait le temps de lire tous les rapports d'étonnement... ne soyons pas étonnés : tant mieux ! Il reçoit bien tous les salariés qui sont recrutés !
Mais qui est engagé à Canal+ ? Très peu de salariés, tellement les recrutements sont contraints depuis 3 ans. Le nombre de rapports d'étonnement n'est donc pas si volumineux, rassurez-vous !
Peut-on imaginer un rapport d'étonnement négatif ?
Allons Bertrand, imaginez le demandeur d'emploi en galère qui finit par décrocher un poste à Canal+ ! Houaaa ! Mais il faudrait lui demander d'écrire pas un mais 10 rapports d'étonnement, tant sa joie doit être grande ! Il doit être déjà tellement étonné d'être engagé après 3 mois d'entretiens, de DRH en managers, jusqu'au plus haut niveau. Ce serait inquiétant si son rapport d'étonnemment détonnait ! Il ne faudrait pas attendre la fin de la période d'essai pour sévir !
Imaginez le stagiaire qui bosse comme un damné depuis des mois et des mois et qui finit, épuisé, par décrocher un semblant de contrat. Mais il est certainement d’accord pour venir travailler sans compter, le samedi et le dimanche inclus, et pourvu qu’on lui fournisse un blackberry d’embarquer du boulot pour le jour et la nuit, pour les vacances et les WE !
Imaginez le salarié d'une société de prestation à qui l'on pourrait proposer un poste en CDI. Ah non, cette situation ne peut être qu’imaginaire. Allons, un presta qui bascule en CDI, mais vous avez vu l'âge moyen des prestas ? Et leur salaire ? Et leurs compétences ?
Ce que ne savent pas tous ces jeunes étonnés, c'est ce qui se passe à l'autre bout de la chaîne, où l'on trouve des salariés à l'ancienneté plus affirmée.
Des secteurs dans la maison où l'on dit ouvertement qu'il serait temps de bouger : « Et la mobilité, tu y penses, j'espère ? Ça fait combien de temps que tu occupes ce poste ? Mais attends, tu te scléroses... Tu sais combien tu perds de tes capacités chaque année à rester dans ce poste ? Allons, on va t'aider. Pas de souci, on est une grande boîte. C’est sympa, tu vas voir. N’écoute pas le syndicat des cadres, viens par ici… »
Et hop, par ici la sortie !
Car beaucoup de ces salariés subissent pressions et intimidations, beaucoup se retrouvent en mobilité « à l'insu de leur plein gré », quand ils subissent des oukases de managers ou de DRH, eux-mêmes stressés d'avoir à remplir leurs quotas de mobilité...
Alors, non, Bertrand. Dans ces conditions, la sérénité sociale n'est pas de mise à Canal+ en ce moment !
Le rapport d’étonnement ne peut être le bon thermomètre pour juger de la qualité de l'environnement social, comme ne peut l’être le vil thermomètre proposé dans l’entretien annuel, vous vous souvenez : « Êtes-vous heureux dans votre job ? » Pourquoi, t’es pas heureux, toi ? C’est qui qui t’embête ? Donne nous son nom. Allons, regarde dehors, il neige encore ?
Quant à vous, salariés étonnés, ne soyez plus étonnés de rien ! Tout commence pour vous ! Venez en parler avec nous !