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Le personnel infirmier n'a plus le temps de penser ses actes
Pour le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) CFE-CGC, « le point de rupture est atteint ». Un communiqué du syndicat rappelle la série noire qui a touché la profession ces derniers mois. Dernières affaires en date: une infirmière a été suspendue, « à titre conservatoire », à la suite du décès "accidentel" de deux grands prématurés à l'hôpital du Havre, le 6 août dernier, ainsi que l'annonçait la direction générale de l'établissement.
Le 9 août, une autre infirmière a été placée en garde à vue au commissariat de Bordeaux, avant d’être mise en examen et placée sous contrôle judiciaire pour homicide involontaire, après avoir administré une surdose de médicaments à un patient, décédé quelques heures plus tard. « Il convient de souligner la conscience professionnelle de l’infirmière qui, s’étant aperçue immédiatement de son erreur, a alerté, dans la foulée, la responsable de l’établissement. Un médecin est appelé en urgence, mais, de manière surprenante, celui-ci ne se déplace pas et demande à simplement surveiller la tension du malade. Un lavage d’estomac n’est même pas demandé », précise le syndicat.
« Une infirmière hospitalière n’est pas une technicienne spécialisée dans une usine à soins ! », Thierry Amouroux, SNPI.
L'occasion, pour le SNPI, de rappeler que « chaque jour, à chaque geste, chaque infirmière vit avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête ». Et qu'avec les plans d’économies qui se succèdent dans les établissements, « le manque de personnel, de moyens, de repos et d’un cadre de travail correct peut devenir source d’erreur ». «L’infirmière a besoin de penser son action, et non d’être une simple exécutante. Une infirmière hospitalière n’est pas une technicienne spécialisée dans une usine à soins ! » estime Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI.
Et le syndicat de conseiller aux infirmières salariées de « prendre sans tarder une assurance responsabilité civile professionnelle. Et de « remplir une fiche d’alerte lors de chaque situation difficile, pour prévenir, par écrit, l’administrateur de garde et les élus du CHSCT d’une situation dangereuse. » Le syndicat s'efforce également de constituer une banque de données sur des présentations et étiquettes de médicaments qui majorent le risque d’erreur.
Selon le SNPI, on estime, sur une année, à 14 jours le temps d’heures supplémentaires non payées mais reconnues, c’est-à-dire effectuées à la demande de l’administration. Demande que les infirmières ne peuvent pas refuser. Ce à quoi il faut ajouter les heures supplémentaires non reconnues, au moins une demi-heure en plus par jour.
Une infirmière sur quatre arrive à la retraite en invalidité (24% des pensionnées de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL)).
L’espérance de vie d’une infirmière qui a fait toute sa carrière en milieu hospitalier est inférieure de sept ans à la moyenne des autres femmes.
Selon l’Observatoire des risques médicaux (ORM), en 2006, sur 735 dossiers, les actes de soins ont été la première cause d’accident (80 %) après les actes de diagnostic (11 %).
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