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Nantes : grève de la faim contre le nouvel aéroport
Une grève de la faim contre un projet d'aéroport : la mesure peut sembler excessive mais elle a à peine suffi à remettre en cause le projet d'aéroport du grand ouest dans la périphérie de Nantes. Pour les intéressés, se priver de quelques repas n'était pas grand-chose face au risque d'être exproprié si la construction de l'aéroport se poursuit.
Capter l'attention des pouvoirs publics
Le projet de nouvel aéroport pour Nantes est ambitieux (et coûteux) mais il est surtout très polémique. La construction de l'aéroport, sur une concession de 1 600 hectares, à une trentaine de kilomètres de Nantes impliquerait l'expropriation de nombreux riverains. Ceux-ci se battent depuis des années contre cette réalisation qu'ils jugent inutile et confiscatoire. Pour l'instant, ils ont gagné au moins deux ans selon Cyril Bouligand, porte-parole du collectif anti-aéroport.
En effet, les autorités locales ont accepté de mettre en place un moratoire sur la construction de l'aéroport. Celle-ci sera suspendue jusqu'à ce que l'ensemble des recours déposés contre les expropriations soient traitées par le Conseil d'État, la Cour de Cassation et le Conseil constitutionnel. Le paradoxe, c'est que cette victoire est due à un député-maire socialiste de premier plan, Jean-Marc Ayrault (ces temps-ci pressenti pour devenir premier ministre) et ce, alors que le PS et l'UMP s'accordaient depuis des années pour soutenir le projet.
Une nouvelle ère dans le développement des infrastructures de transport ?
L'élection de François Hollande aurait-elle changé la donne ? Si l'on en croit le représentant local des Verts, François de Rugy, très engagé dans la contestation, l'élection représente un instant pivot. C'est en effet depuis celle-ci que Jean-Marc Ayrault s'est décidé à prêter l'oreille aux doléances de ses constituants. Serait-ce le début d'une nouvelle ère pour le développement des aéroports de province ?
Il est certainement encore trop tôt pour se prononcer avec certitude. Toutefois, le développement des transports régionaux gagnerait certainement à être rationalisé. D'autant que Nantes, où l'aéroport doit une énorme partie de sa croissance récente aux compagnies low-cost, est dans une situation un peu similaire à celle de Vatry il y a quelques années. Or, les low-costs, si elles permettent un développement rapide du trafic des passagers, ont deux limites : d'abord, leurs contraintes de coût en font des clients assez pingres pour les aéroports, souvent obligés de consentir à des rabais pour les attirer, ensuite l'impératif de rentabilité maximale fait de ces compagnies des clients bien peu fidèles qui peuvent plier bagage et s'envoler (au littéral comme au figuré) du jour au lendemain.
Au-delà de ces considérations stratégiques, il faut garder à l'esprit qu'un terreau de contestation similaire existe déjà autour d'aéroports dans une situation similaire à Nantes, qu'il s'agisse du potentiel nouvel aéroport parisien ou (comme j'en parlais récemment sur ici-même) des plateformes de Beauvais (d'où l'expansion fait l'objet d'une ferme opposition) ou Vatry (qui ne plaît pas à tout le monde). Reste à savoir si les députés respectifs (Jean-François Mancel et Charles de Courson, pour ne pas donner des noms) auront la même attitude que Jean-Marc Ayrault.