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11 / 01 / 2018 | 640 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Mécano anti-social chez Info6TM, une PME multi sociétés

Aux Actualités Sociales Hebdomadaires (ASH), la rédaction comptait 20 salariés avant la cession de l’ensemble des titres de WoltersKluvers, en juillet 2016, à François Grandidier (patron du groupe de presse ATC). Parmi eux, 16 ont quitté la rédaction en faisant jouer leur clause de cession* et 7 ont été embauchés. C’est donc avec une rédaction réduite à 11 permanents que ce magazine, qui perdait des abonnés depuis dix ans doit paraître (avec un résultat positif de plus de 2 millions d'euros au 31/08/17), avec une nouvelle ligne éditoriale s’adressant davantage aux entrepreneurs sociaux lucratifs qu’aux associations.

8ème jour de grève aux ASH

« Cela nécessite une remise en question des collaborateurs en place » a affirmé la direction d’ATC qui assure qu’il « n’a jamais été question de faire des journalistes des commerciaux » mais qu’une « démarche marketing, plus en lien avec les équipes, permettra de développer les parts de marché des ASH ». L’objectif vise aussi à optimiser le processus de production de l’information. La filiale Pixel se positionne ainsi comme une agence de presse interne capable de produire un socle commun pour l’ensemble des titres. Une orientation « low cost » pour la rédaction des ASH, aujourd’hui dans son huitème jour de grève avec une pétition qui a déjà recueilli plus de 1 500 signatures.

Au sein d’Info6TM, la structure créée pour accueillir les 292 salariés (dont 120 journalistes pigistes) de WoltersKluvers transférés en juillet 2016, le patron d’ATC entend décliner la logique de filières mise en place chez ATC où « toutes les synergies possibles entre les univers de l’agriculture, de la nature et de l’artisanat ont été identifiées et exploitées ». Ce sera la même chose entre ce qui reste des rédactions des ASH, de Liaisons sociales magazine, Entreprise & Carrières, L’Officiel des transporteurs, Logistique Magazine, France Routes, Tour Hebdo

La défiance sur la stratégie du repreneur n’a fait que se renforcer au fil des réorganisations sans aucune représentation du personnel pour souder un collectif. Pendant ce temps-là, la période d’ouverture des clauses de cession a été prolongée sur près de 12 mois. Résultat : il ne reste plus que 175 salariés. « Il y a eu un effet boule de neige au niveau des départs via la clause de cession. C’est normal quand vous voyez partir les collègues les uns après les autres. Chacun a vu sa situation personnelle », souligne une ex-journaliste qui regrette qu’une UES n’ait pas pu se constituer rapidement. Cela aurait été l’occasion d’y voir plus clair.

Mandatement doublé d’un référendum pour sécuriser juridiquement l’accord sur l’UES

Le 7 novembre 2016, la veille de la négociation du protocole d’accord pré-électoral, la direction a annoncé qu’Info6TM allait se scinder en 6 filiales. Petit souci : les 11 porteurs de mandats sont tous localisés chez la société-mère de la holding Info6TM. Pas possible de négocier pour le compte des seuls 54 salariés de la société-mère. Les négociations sont gelées jusqu’au 18 janvier 2017, date à partir de laquelle l’Inspection du travail autorise le transfert des porteurs de mandats dans les filiales. C’est cette fois sur le périmètre d’une UES que s’engage la négociation avec les fédérations syndicales. Le projet d’accord a été ficelé en mars 2017 mais après plusieurs mois, la DIRECCTE en refuse l’homologation sous prétexte du risque juridique de voir un syndicat dénoncer l’accord. C’est donc finalement la voie du mandatement doublé d’un référendum (100 % de oui pour les 175 salariés encore en poste, avec un taux de participation de 61 %) organisé en octobre qui est privilégiée pour sécuriser l’accord.

Entre novembre 2016 et octobre 2017, François Grandidier aura eu le loisir d’organiser Info6TM sans qu’aucune instance ne puisse intervenir alors que c'était l’hémorragie dans les effectifs.

Quid du besoin d’une UES élargie qui intégrerait également le groupe ATC ? La question peut se poser. Si les activités relèvent dans les deux cas de la presse professionnelle, le cadre social, lui, est radicalement différent. Chez ATC, qui employait 200 salariés en 2012, les salaires seraient en moyenne deux fois moins importants que ceux en vigueur chez Info6TM. Les premiers sont localisés à Metz tandis que les seconds sont à Paris. À noter que le repreneur a touché 9,4 millions d’euros pour payer les clauses de cession des journalistes, compenser les pertes d’exploitation, investir et accessoirement harmoniser. Par le haut ou par le bas ?

* Droit au départ sur une période donnée que peuvent activer les journalistes à la suite d’une reprise. La convention collective prévoit une indemnité d’un mois de salaire par année d’ancienneté.

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