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21 / 09 / 2016 | 1 vue
Didier Cozin / Membre
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Loi sur le travail et prétendu développement des formations

Compte personnel de formation (CPF) et compte d'activité (CPA) : deux trouvailles sociales inutilisables en formation.

En 2014 les pouvoirs publics (sur une « brillante » idée des partenaires sociaux) n'ont pas craint de démanteler le DIF pour fantasmer une nouveau dispositif de formation, copié sur l'école, irréaliste (départ en formation en 3 clics de souris) et non financé le CPF.

Incapables d'admettre cette erreur de casting et de scénario, les pouvoirs publics chargent tous les mois un peu plus un baudet formation qui n'en peut plus de tant d'incohérences.

Un décret du ministère du Travail prétend aller encore plus loin dans l'illusion de formation avec 3 mesures censées compléter le CPF :

  • une majoration des heures CPF des salariés non qualifiés,
  • l'éligibilité du bilan de compétences au CPF,
  • l'éligibilité au CPF des actions d’accompagnement et de conseil des créateurs d’entreprises.

Penchons-nous sur ces trois mesures de formation contenues dans la loi El Khomri.

La majoration des heures de CPF pour les salariés non qualifiés : une plaisanterie au goût amer pour les travailleurs non qualifiés.

  • Deux ans après son invention, le CPF ne fonctionne toujours pas. Moins d'un salarié sur 1 000 parvient à se former via ce dispositif ultra-complexe, non financé et inutile (les OPCA et Pôle Emploi abondent actuellement des compteurs à zéro).
  • Les salariés peu qualifiés ne disposeront jamais de 400 heures (ni même de 48 heures) sur leur temps de travail pour se former (et hors temps de travail, ils ne partiront pas en formation).
  • Il existe environ 2 millions de salariés illettrés en poste. Les former 48 heures par an coûterait chaque année un minimum de 2 milliards d'euros (100 millions d'heures au prix plancher de 10 euros + 10 euros par heure pour les salaires).
  • Le CPF actuel est doté de 800 millions d'euros environ pour former les 16 millions de salariés du privé qui y ont droit (mais tant qu'à faire, le gouvernement compte encore y verser les 5,5 millions de fonctionnaires, sans cotisation supplémentaire évidemment).
  • Le CPF est une illusion de formation, des heures qui s'égrainent sur un compteur inutile et non financé.

Le bilan de compétences fait son entrée dans le CPF trois ans trop tard.

  • La réforme de la formation et la mise en œuvre du CPF ont été si précipitées en 2014 (procédure d'urgence à l'Assemblée nationale) que personne ne s'est préoccupé du devenir du bilan de compétences (dont un grand nombre était financé par le DIF). Le conseil en évolution professionnelle (CEP) ne fonctionnant pas, on se ravise soudain pour remettre en selle un bilan de compétences dont la plupart des prestataires auront disparu avant 2017 (après trois années de marasme sans développement de leur activité).

Le CPF pour les créateurs d'entreprise ou comment la création d'entreprise devient une dérisoire bouée pour Pôle Emploi

  •  Cette mesure est encore symbolique et sans portée réelle :
    • les accompagnements des créateurs sont actuellement pris en charge par Pôle Emploi ;
    • la création d'entreprise est devenue en France un moyen commode (avec  la formation) de réduire le nombre de chômeurs en catégorie A ;
    • on envoie de pauvres chômeurs au casse-pipe, auquels on fait miroiter le statut illusoire de chef d'entreprise. La plupart reviendra au Pôle Emploi au bout de deux ans, une fois leurs aides épuisées.

Le vrai bilan du compte personnel de formation et de la réforme de 2014

Bien que les pouvoirs publics aient démantelé le seul indicateur fiable de l'effort de formation des entreprises (la déclaration 2483 qui a été remplacée par rien du tout) et bien que des cabinets de communicants se soient fait une spécialité de conseiller le ministère du Travail dans sa tâche improbable de présenter positivement la réforme de 2014 (et les chiffres du chômage), le monde du travail constate et déplore que :

1)  le faible élan en faveur de la formation ait été brisé par la réforme de 2014 ;

2) le CPF n'ait réussi qu'à diviser par 10 le nombre de formations jadis mises en œuvre dans le cadre du DIF ;

3) les budgets de formation des entreprises aient été réduits en moyenne de 30 % avec la fin de l'obligation légale du plan de formation ;

4) les salariés les moins qualifiés ne puissent plus du tout accéder à la formation (les employeurs les renvoient invariablement vers cet improbable CPF) ;

5) les organismes de formation privés et publics soient affaiblis par une réforme qui les a mis à terre et qu'ils ne pourront certainement pas accompagner les travailleurs dans la transition numérique (et énergétique).

Les comptes de formation : des déversoirs sociaux sans intérêt, ni financements

Ajouter des comptes et des « bénéficiaires » à des dispositifs utopiques qui ne fonctionnent pas, c'est ruiner les espoirs de progresser des travailleurs les moins qualifiés ou précaires.

La formation en France n'a été ni améliorée ni simplifiée depuis 2014, bien au contraire.

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