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Lejaby : chronique d'une délocalisation annoncée en 2009 sur Miroir Social
Souvenez-vous, le 15 juillet 2009, Marie-Christine Rochon publiait un article sur Miroir Social, intitulé « Lejaby ne doit pas être la prochaine chronique d'une délocalisation annoncée ».
Son syndicat, la CGT, dénonçait alors les atermoiements de leur nouvel actionnaire.
« Étrangement, depuis le rachat de Lejaby par le groupe autrichien Palmers, c’est-à-dire depuis plus d’un an maintenant, il ne se passe absolument rien ni en termes de nouveaux produits, ni en terme de distribution. Or, le temps presse car les ventes continuent de reculer fortement. Et la crise actuelle ne nous aide pas même si on ne peut pas dire qu’elle est à l’origine de nos problèmes ».
À la relecture de cet article, on voit combien les syndicats (mais plus largement les territoires) doivent faire face à une réelle difficulté qui touche, semble-t-il, à de vraies questions de démocratie sociale.
Les salariés avec leurs représentants au comité central d'entreprise et le soutien d'un cabinet d'expertise comptable pour lequel j'ai eu la responsabilité de conduire la mission, ont réalisé un diagnostic économique et stratégique ainsi que des propositions concrètes pour résoudre les difficultés auxquelles était confronté l'entreprise. Or, rien n'a bougé jusqu'à la sanction ultime que l'on connaît aujourd'hui et dont le prix fort est payé par les salariés.
La CGT avançait alors plusieurs idées.
« Nous sommes en difficulté sur le plan stratégique car nous sommes en panne en termes d’innovation ; notre offre ne rivalise pas actuellement avec celle de nos principaux concurrents. Alors que la région Rhône-Alpes abrite plusieurs pôles de compétitivité tels que Techtera (textile technique), Sporaltec (sport) ou encore Minalogic (nanotechnologie), nos dirigeants freinent des quatre fers dès lors qu’il s’agit d’être à la pointe de la nouveauté. Nous sommes également en difficulté car nous ne maîtrisons pas notre système de distribution ».
- C’est là que ce pose la question de la démocratie sociale car en matière de financement des pôles de compétitivité, pour ne prendre que cet exemple, on sait très bien que la manne publique est la ressource qui permet à des entreprises de financer des projets de recherche. Quand ferons-nous des pôles de compétitivité de véritables outils au service d’une politique industrielle ambitieuse ?
L’intervention forte et répétée de Christiane Puthod en qualité de conseillère régionale déléguée à l’emploi (et désormais vice-présidente) au sein du Conseil régional de Rhône-Alpes a permis de poser la question des alternatives dans le débat politique, elle n’a cependant pas suffit à faire bouger les lignes sur la question des choix stratégiques de l’actionnaire.
On est, semble-t-il, au cœur du sujet en matière de politique industrielle et de politique tout court au sens étymologique du terme.
Ce qui a manqué à ce moment-là, c’est une véritable capacité à mobiliser tous les acteurs concernés que l’on parle des partenaires sociaux, des collectivités locales, de l’État et de la région mais aussi de la branche textile-habillement ou des OPCA concernés.
Or, cette capacité-là, je suis intimement convaincu que les territoires peuvent l’acquérir, notamment à travers la mise en place d’un dialogue social efficace sur leur territoire ou dans leur bassin d’emploi, un dialogue social territorial anticipateur et capable de mobiliser les dispositifs économiques existant ou d’en revendiquer de nouveaux, si besoin est.
C’est tout le sens du colloque que nous organisons à Lyon le 7 février prochain, en partenariat avec Christiane Puthod et le Conseil régional : dialogue social territorial : l’émergence de nouveaux espaces d’innovation sociale, auquel nous convions tous ceux qui veulent construire des réponses nouvelles aux questions de l’emploi et du développement industriel des territoires.
Pour en savoir plus sur le programme et vous inscrire au colloque.