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14 / 10 / 2014 | 10 vues
Social Nec Mergitur / Membre
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La mairie de Paris écrit au personnel des équipements sportifs pour dire à ses membres qu’ils sont encore bien trop payés

« Il est hors de question de céder à des revendications catégorielles ! ». C’est la réponse faite publiquement par Jean-François Martins, adjoint chargé des sports à la mairie de Paris au personnel des équipements sportifs municipaux (stades, piscines..) en grève depuis huit mois maintenant pour réclamer la revalorisation de la prime pour le travail du dimanche.

N’empêche que ce long mouvement social empoisonne très clairement le nouveau mandat de l’équipe d’Anne Hidalgo en place depuis les municipales de mars. Alors que la mairie de Paris avait très clairement parié sur le pourrissement du mouvement, voilà que l’exécutif décide d’écrire aux deux milles agents concernés par la grève, lesquels ont reçu ce courrier directement à leur domicile. Une lettre signée rien moins que par deux adjoints aux maires, Jean-François Martins bien sûr mais aussi Emmanuel Grégoire, en charge, lui, du personnel. Début de panique du côté de l’Hôtel de Ville ? En tout cas, le geste est assez inhabituel.

Dans cette missive, la municipalité commence d’abord par sortir la brosse à reluire. « Conscient de la large ouverture des équipements sportifs, 360 jours par an sur des plages horaires particulièrement étendues, nous tenons à vous remercier pour la qualité de votre travail et pour le service rendu aux Parisiens ». Toutefois, après cette formule de politesse, nos élus d’expliquer aux grévistes pourquoi ils ne peuvent répondre à leur revendication, arguant du fait que les agents municipaux qui travaillent le dimanche (culture, nettoyage, parcs et jardin, sports...) sont non seulement très nombreux, près de neuf mille, mais en plus ne touchent pas la même chose. Ça tombe bien, c’est justement le souhait des agents des équipements sportifs qui demandent à toucher la même prime que les bibliothécaires.

Sauf que de son côté, la Ville, qui parle « de manque de lisibilité », veut plutôt aller « vers une harmonisation », c'est-à-dire la même prime dominicale pour tous, sans que l’on sache très bien si ce sera 44 euros (la prime que touchent actuellement les agents), de 100 euros celle obtenue par les bibliothécaires après douze semaines de grève en 2010 ou bien 180 euros, la revendication des grévistes et de la majorité des organisations syndicales présentes à la Ville de Paris ? À moins que ce ne soit tout simplement 60 euros selon plusieurs sources bien informées.

En tout cas, ce ne sera pas 180 euros. « Nous tenons à vous indiquer qu’aucun agent à la ville ne touche 180 euros », écrivent sans se démonter nos deux élus. Mieux, d’après Jean-François Martins et Emmanuel Grégoire, les grévistes de la DJS seraient même largement favorisés question pouvoir d’achat. « Si l’on prend en compte tous les éléments de rémunération pour une moyenne d’une dizaine de dimanches travaillés dans l’année, l’écart réel est de huit euros à votre bénéfice », osent même nos deux Géo Trouvetout. Bref, les grévistes sont encore bien trop payés si l'on calcule les primes de ceux qui font huit dimanches dans l’année à 100 euros avec ceux qui en font plus d’une vingtaine à 44 euros. Il fallait oser...

Pas sûr que les grévistes soient convaincus par les calculs issus du « théorème de Martins », comme l’appellent désormais les syndicalistes du secteur. « Depuis le début, il n’y a aucun dialogue social car aucune discussion n’est possible. Nous demandons pourtant la revalorisation d’une prime inchangée depuis quinze ans pour des agents qui travaillent dix heures consécutives, un week-end sur deux, dans des conditions pénibles. Ils ne se rendent pas compte… », avait d’ailleurs déclaré au Parisien William Bouffet, délégué CGT.

Non, ils ne se rendent pas compte. C’est aussi l’avis des sportifs parisiens qui ne comprennent pas que la mairie n’entame pas des négociations pour sortir de ce très long conflit. « Nous souhaitons un dénouement rapide des négociations avec la mairie », a déclaré un représentant du CA Paris, un club de football désormais obligé de jouer ses matches en grande banlieue et encore seulement « grâce à des amis » (lire ici). Pareil pour les rugbymen qui eux aussi déplorent le silence municipal : « malgré nos demandes d’aide, nous n’avons aucun écho de la mairie », déclare un dirigeant du SCUF dans la presse régionale (lire ici).

De son côté, la mairie n’a pour le moment apporté comme réponse que le prolongement (pour six mois) des abonnements pour les utilisateurs des piscines. La seule proposition de Jean-François Martins est d’ailleurs assez baroque : « Je vais essayer de prendre contact avec d’autres équipes ou communes pour relocaliser les rencontres des clubs qui me solliciteront », a-t-il piteusement déclaré au Parisien. Un engagement qui pourrait d’ailleurs occuper largement ses journées car des préavis sont posés jusqu’à la fin de l’année.

L’élu reconnaît d’ailleurs « être dans une impasse » et avoue : « C’est une grève catégorielle et on ne peut pas politiquement donner une prime aux agents des équipements sportifs alors que neuf mille agents de la ville travaillent le dimanche ». On l’a compris, la mairie de Paris a peur de la contagion. En fait, pour la plupart des observateurs, la mairie est assise sur une bombe à retardement, c’est sans doute pourquoi elle renvoie la question à 2015 en prenant pour excuse la tenue des élections professionnelles à la fin de l’année 2014.

Une attitude difficilement compréhensible de la part d’une municipalité classée à gauche pour Stéphane Gautherot, délégué CGT chez les maîtres-nageurs, lesquels ne participent pas directement au mouvement, mais soutiennent néanmoins leurs collègues agents techniques. « Ces agents ne touchent pas de gros salaires. Faire traîner ce conflit est inadmissible. Dans n'importe quelle entreprise, on discuterait. On aurait pu, par exemple, leur proposer une revalorisation de leurs carrières » a ainsi déploré le syndicaliste au quotidien Métro.
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