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30 / 05 / 2011 | 2 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Inégalités : les hauts salaires raflent la mise !

L’INSEE observe que les femmes, les employés, les professions intermédiaires et les fonctionnaires sont les grands perdants de l’évolution salariale.

C’était promis, juré : fini les bonus extravagants.

Les quatre grandes banques (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis) ont distribué 1,98 milliard d’euros de bonus en 2010, soit l’équivalent de 2009.

Une modération en trompe-l’oeil car la partie fixe du salaire des traders s’est envolée de 40 % ! De quoi plomber les statistiques qui constatent déjà une progression des rémunérations plus favorable aux hauts salaires.

  • Dans une étude publiée le 3 mai, l’INSEE observe qu’« en 1995, les 10 % de salariés les mieux payés ont perçu 25,4 % de la masse salariale globale », ce ratio grimpant à 26,7 % en 2008. À eux seuls, le 1 % des salariés les mieux payés (132 000 salariés disposant en moyenne d’un salaire brut de 221 400 euros) se sont partagé 6,9 % de la masse salariale en 2008 (+1,4 % depuis 1995) quand les 10 % des salariés les moins bien payés n’en percevaient que 4,6 %, soit une hausse de 0,2 % depuis 1995.


Une augmentation bien modeste soutenue par les hausses du SMIC circonscrites au minimum légal, sans coup de pouce, qui se réduisent au fil des ans : +3 % en 2008, +1,9 % en 2009 et +1 % en 2010 avec un effet d’entraînement moindre sur les salaires supérieurs.

Ainsi, de 2000 à 2008, entre le deuxième et le troisième trimestre, les salaires compris entre 1 et 1,1 fois le SMIC ont progressé de 1,4 %, mais ceux compris entre 1,2 et 1,3 fois le SMIC n’ont augmenté que de 0,7 %, tandis qu’au-delà de 1,4 fois le SMIC, la progression passait à 0,5 % en moyenne. De fait, le salaire mensuel de base, indicateur des évolutions d’un salaire négocié, a « ralenti de manière continue » : +3,2 % à fin 2008, +2,2 % fin 2009 et +1,7 % fin 2010. Après prise en compte de l’inflation, l’évolution du SMB se réduit à peau de chagrin : +2,2 % en 2008, +1,3 % en 2009 et -0,1 % en 2010...

L’INSEE constate des évolutions salariales très contrastées. « Cadres et ouvriers bénéficient des croissances les plus marquées (+0,5 %) », mais « pour les professions intermédiaires et les employés, les évolutions de salaires sont nettement moins favorables (-0,1 %) ». Les écarts de salaires hommes-femmes perdurent, les femmes gagnant en moyenne près de 20 % de moins que les hommes, alors que l’écart s’était réduit de 35 % à 20 % entre 1951 et 1994. Enfin, les trajectoires salariales sont plus dynamiques dans le privé que dans le public.

Et cela ne va pas s’arranger dans les administrations publiques. Dans sa note de conjoncture du 7 avril, l’INSEE prévoit qu’après « un recul de 0,1 % en 2010 du salaire réel », l’acquis de croissance du salaire moyen par tête devrait chuter de « 0,9 % » à l’issue du deuxième trimestre 2011.

Comment s’en étonner avec le gel du point d’indice décrété par le gouvernement pour 2011 et 2012. Le pouvoir d’achat des fonctionnaires accuse déjà une perte de 10 %, un puits sans fond que l’ensemble des fédérations syndicales entend bien combler en lançant le 31 mai une journée d’action, avec pour mot d’ordre « l’augmentation générale des traitements ».

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